Un nouvel album de
SEIDE c’est obligatoirement une bonne nouvelle. Parce que même s’il n’en a sorti auparavant que 2, ils ont montré une maturité évidente pour un black metal bien dosé entre tradition et ouverture d’esprit. De belles performances qui nous ont convaincu que
SEIDE c’est l’assurance d’avoir des surprises. Il fait partie de ces groupes qui cherchent et repoussent leurs propres frontières, mais de la manière la plus naturelle qui soit. Et c’est ainsi que sans réinventer le black metal, SEIDE parvient à y intégrer des éléments originaux, et surtout différents d’un album à l’autre, d’une piste à l’autre.
C’est ce qui me donne toujours envie de le comparer à ses compatriotes de
HYRGAL,
ARS MORIENDI,
LES CHANTS DE NIHIL ou aussi
END OF MANKIND car même en connaissant bien ces formations, il est impossible de prédire les ambiances et les éléments qui seront ajoutés sur le nouvel opus des uns ou des autres. Et le surprenant se retrouve jusque dans la pochette. Tout en ayant un lien avec celle de l’album précédent
(Beyond the Fallacy) elle s’en éloigne à nouveau. Elle ne choque pas, elle ne laisse pas prévoir d’une nouvelle orientation du groupe, mais elle n’est pas celle qu’on aurait imaginée. Elle se démarque.
Il était donc prévisible que le nouvel album de
SEIDE, intitulé
Auakistla, serait imprévisible et bien dosé. C’est le cas. 37 minutes et 8 pistes qui proposent un black metal carré et puissant, de ceux qui prennent l’auditeur à bras le corps, le secouent dans tous les sens pour le réveiller et l’incitent à se rebeller à ses côtés. Ça, c’est la base, et même si elle n’est pas ultra originale, elle est parfaitement réalisée. Et sur ces solides bases, on trouve diverses décorations, dont celle qui reste le plus en tête après l’écoute est l’apparition à deux reprises d’un saxophone. Bon, je sais, certains vont dire « Encore ? », parce qu’ils en ont entendu beaucoup chez
WHITE WARD, parfois chez
ARS MORIENDI, une fois chez
CARPATHIAN FOREST… Et bien justement, « La danse des pendus » et « Sécheresse » prouvent à nouveau que cet instrument apporte quelque chose. Bon, personnellement j’aurais opté pour l’utilisation sur une seule piste, afin de le rendre plus unique encore, mais en tout cas il se fond idéalement aux ambiances.
Mais à part le saxo, d’autres petites astuces plus ou moins mises en avant viennent enrichir les compositions. Parmi elles, les samples, l’une des armes favorites du groupe. Il y fait appel dès le début de l’album, en anglais, puis sur l’intro de « Noche Triste » avec des déclamations occultes ritualistes. Il y a aussi tout un intermède du style : « Feu de joie » mélange prêche, sons de cloche d’église, crépitement du feu, croassements de corbeau et cris humains.
Et enfin, il faut féliciter les vocaux, et les paroles, qui marquent obligatoirement la cervelle de l’auditeur : « Exécrable créature qui baigne dans sa pisse, l’univers t’a observé et n’a pas ri, tu romps les équilibres, sortant le chibre. Exécrable créature qui baigne dans sa pisse, à te gargariser de rien. Tu as appelé la mort, tu ne la mérites pas. Il te manque l’honneur. Exécrable créature qui baigne dans sa pisse… ». C’est affreusement entêtant. Et ce genre de moments forts se retrouve à plusieurs reprises tout le long de l’album. On prend plaisir à y revenir, à redécouvrir certains détails, à se familiariser avec le tout. C’est à nouveau un très beau travail qui mérite l’oreille de tous ceux qui acceptent l’ouverture dans le black metal…
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