Casket Grinder - Fall Into Dementia
Chronique
Casket Grinder Fall Into Dementia
Oui, je vous l’accorde, cette pochette fait un petit peu mal aux yeux. Pourtant en règle générale je n’ai rien contre les couleurs flashy mais là il faut quand même bien avouer que ce rose violacé à de quoi vous niquer la rétine. Enfin bon, c’est bel et bien cet artwork coloré qui m’a poussé à lancer la lecture de cet album alors maintenant que vous êtes là en ma compagnie, autant poursuivre votre lecture non ?
Originaire de Colombie, Casket Grinder voit le jour en 2010 sous l’impulsion de quatre garçons aux curriculum vitae plutôt modestes. Après une démo, un split et un EP parus entre 2013 et 2016, le groupe sort en juin 2020 son tout premier album. Intitulé Fall Into Dementia, celui-ci parait sous la bannière du label Awakening Records, une structure chinoise relativement prolifique qui, en dehors de s’atteler à la promotion d’artistes contemporains (Mayhemic, Evilcult, Parkcrest, Deimler...), s’est également donnée pour mission d’excaver quelques albums oubliés depuis déjà belle lurette (Entophyte, Parricide, Scabbard).
Au programme de ce premier essai longue durée, rien qui n’ait pas déjà été fait auparavant. On passera donc sur le manque d’originalité assez criant de Fall Into Dementia pour s’attarder sur ses atouts qui suffisent amplement à compenser ce vrai/faux point négatif. Le premier qui me vient en tête à l’écoute de l’album est assurément cette dynamique générale. Mené pied au plancher (sans pour autant être d’une rapidité extrême), les temps morts sont effectivement assez rares tout au long de cette petite demi-heure. Comme souvent, outre le fait de permettre à l’auditeur de reprendre son souffle, cela va surtout apporter un soupçon de nuances à des compositions qui derrière cette efficacité brute et indiscutable s’avèrent, il est vrai, relativement simples et linéaires. De la même manière, les nombreux apports mélodiques dispensés tout au long ce ces trente-quatre minutes sous formes de leads et autres solos ("Re-sonator" à 1:51, "The Portal" à 2:08, "What Lies Across" à 2:45, "Behold The Abominations" à 1:30, "Partially Digested" à 1:48...) vont apporter davantage de consistance à des titres qui, là encore, sans ces quelques éléments, auraient probablement eu plus de mal à se faire remarquer.
Si les Colombiens ne figurent donc pas parmi les groupes les plus inventifs ni parmi les plus redoutables du genre, leur Death Metal largement inspiré par la scène floridienne des années 90 (Deicide et Monstrosity en tête) reste malgré tout de très bonne facture. Suffisamment en tout cas pour que l’écoute de Fall Into Dementia relève du plaisir plutôt que de la punition. Comme pour les premiers albums du groupe de Glen Benton et des frères Hoffman, on appréciera chez Casket Grinder cette intensité de tous les instants. S’il y a effectivement quelques moments plus calmes, c’est bel et bien pied au plancher que les Colombiens mènent ici leurs attaques. Blasts plus ou moins soutenus ou tchouka-tchouka thrashisants, il y en a pour tous les goûts. Dommage que le son de batterie manque tout de même un petit peu d’attaque et qu’il lui ait été donné une couleur un poil trop synthétique... Côté riffing, Daniel Pineda et Christian Quintero n’y vont pas de mains de mortes non plus, tricotant à toute berzingue des riffs simples mais toujours suffisamment efficaces pour que ce genre de détail soit finalement bien vite oublié. Enfin, toujours dans les points positifs, cette basse au son métallique qu’on ne peine jamais à entendre et qui va apporter bien évidemment une pointe de groove toujours bien sentie à ces quelques compositions.
S’il ne va rien révolutionner, ce premier album de Casket Grinder n’en reste pas moins une bonne surprise et surtout un disque qui s’écoute sans déplaisir aucun. La formule, déjà testée et approuvée par d’autres il y a de cela plusieurs années, continue ainsi de faire son oeuvre ici et personne n’ira dans plaindre, en tout cas pas après avoir été prévenu qu’il n’y avait rien de bien nouveau à trouver ici. Efficace, dynamique et sans véritables points faibles (à l’exception de quelques riffs plus anecdotiques et d’un son de batterie perfectible), Fall Into Dementia est un premier album relativement solide qui comblera à n’en point douter les moins exigeants capables d’apprécier ce genre de disque sincère et efficace à défaut d’être indispensable.
| AxGxB 16 Mars 2021 - 605 lectures |
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