Gaua - Feeble Psychotic Vortex
Chronique
Gaua Feeble Psychotic Vortex (EP)
Comme bien souvent lorsqu’un projet est souterrain, c’est la pochette qui attise tout d’abord la curiosité du profanateur de tombes UG. C’est elle qui m’a attiré vers Gaua, combo espagnol ayant a son actif une petite demo en 2015, un split en 2018 avec Ur, autre combo espagnol inconnu au bataillon et finalement ce très long EP de 37 minutes, que l’on peut largement considérer comme un véritable premier album.
Feeble Psychotic Vortex se présente ainsi à nous arcbouté sur 4 titres, dont le dernier atteint les 14 minutes, les autres étant dans une moyenne de 7 minutes, ce qui peut paraître tout à fait atypique pour un groupe de black metal. C’est que le black de Gaua, en réalité, est assez largement mâtiné de thrash, de punk (la rythmique sur Second Lament of a Star), de petits arrangements mélodiques et que le tout sonne d’une façon très agréable… si l’on peut le dire ainsi.
Misfortune part sur des accents très thash, très rapides, avec une batterie totalement épileptique, proche de la rupture mais dès les premiers accords, on sent que l’agression ne sera pas l’unique propos. Tout au contraire, très rapidement, on sent que les mélodies vont fuser, que le mid-tempo va s’installer et que la vitesse ne sera là que pour en révéler toutes les aspérités, toute la richesse. Misfortune met ainsi en place des très belles mélodies comme je les aime, fondues dans la masse, reptant avec le morceau et portant littéralement la structure. L’alternance mid-tempo / haute intensité fonctionne très bien ici dès lors que les mélodies poursuivent leur intégration parfaite dans l’architecture des titres, que ni l’une ni l’autre de ces allures n’en altèrent l’intensité.
Génie des musiciens, Misfortune se trouve transpercé d’un coup par un solo absolument lumineux, presque « spatial », à mi-parcours, agissant tel un pont entre deux directions, gonflant le morceau, lui conférant une ampleur, une emphase incroyable avant de le relancer de plus bel. Schlitze reprend les mêmes codes, la mélodie entêtante tournoyant au-dessus d’une structure épileptique, chaotique au possible tout en étant maîtrisée, orientée vers un but.
La seconde partie de l’album, dès Second Lament of a Star, offre une autre visage : l’emphase prend une dimension encore plus importante, qui semble occuper tout l’espace sonore. La vitesse d’exécution, servie par un son relativement harsh pourtant, met en relief la moindre mélodie, le moindre accord/riff profond et dès que le mid-tempo survient, c’est l’ensemble de la mixture qui prend tout son sens, toute sa cohérence. La voix devient hantée, comme un voile qui plane sur la musique, même dans les moments les plus chaotiques. L’alternance de rythmes découvrent des structures riches, presque prog’ dans l’esprit, où les arrangements sont réels.
Gaua se permet même de finir en hommage à un groupe proche de lui, dans l’esprit comme dans la forme, en reprenant le très beau Drink the Poetry of the Celtic Disciple de Vlad Tepes.
Rares sont les groupes qui peuvent se permettre de sonner comme des amateurs, avec un son de démo, et qui proposent pourtant une musique digne des meilleurs. Gaua est de ceux-là.
| Raziel 13 Mars 2021 - 649 lectures |
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