[ A propos de cette chronique ] Notre chroniqueur à moustaches, Ikea, arrive toujours à trouver les mots justes, ceux qui me rassurent et me convainquent. Et c’est à nouveau grâce à lui que j’ai décidé de bel et bien parler du nouvel album d’
ELITISM, qui comme d’habitude véhicule des opinions politiques « finies à la pisse ». Le Français qui en est à l’origine ne s’en cache pas le moins du monde. Il est du coup plus que fini à la pisse, mais carrément dans une piscine de pipi jaune. On peut même distinguer des morceaux de caca et des traces blanchâtres douteuses. Mais on peut en parler, et ce sont donc les mots suivants, écrits dans la chronique du dernier
SORDIDE, qui me l’ont rappelé :
« Si cela fait un moment que vous consultez notre site, vous le savez certainement : Thrashocore prend le parti de distinguer l’art et les idées, laissant à ses chroniqueurs le soin de parler de musique avant toutes choses, quitte à traiter d’albums véhiculant des opinions politiques sulfureuses, pour employer un mot neutre (« finies à la pisse » sera plus proche de notre avis).
Cela est la décision commune – ce qui ne veut pas dire que nous sommes tous d’accord sur le sujet. En effet, d’autres – dont nous faisons partie – pensent que la musique et les idées ne font qu’unes, que traiter de musique revient nécessairement à laisser une place aux discours proférés par leurs auteurs. Honnêtement, on se demande bien comment font ceux qui décident de faire la part des choses, trouvant une absurdité à se dire que d’écouter des œuvres partageant des points de vue d’une stupidité crasse est une décision intelligente. Au mieux, un aveuglement volontaire. Au pire, une propagation involontaire de ce qui se rapproche à de la propagande d’extrême droite. »
En fait, Ikea et Dysthymie ont rédigé à deux. Ce qui me fait dire que nous sommes donc au moins trois à être d’accord chez Thrashocore. Les « idées » (« idéologies » en fait) qui sont mises en avant dans un visuel ou dans des paroles font totalement partie du groupe. On ne devrait pas essayer de les oublier ou de les mettre de côté, avant tout parce que ce sont elles qui alimentent l’inspiration des compositions. On fait du black metal parce qu’on est poussé par une rage, par une souffrance, par une haine... ou par quelque chose de très moche, ou de stupide, ou de regrettable, ou d’impardonnable. Mais quelque chose qui se manifeste dans la musique. Et ce quelque chose qu’un groupe apporte ou affirme, il peut tout à fait se révéler être à l’encontre de notre morale, de nos croyances, de nos valeurs. Et c’est là que la véritable question se pose, et devrait diviser : « Peut-on écouter de le musique dont on ne partage pas l’idéologie ? ». Ceux qui répondent par la négation estiment qu’ « écouter du NSBM, c’est soit en partager les affreuses idées, soit en faire la promotion, soit banaliser l’inadmissible ». C’est possible, mais ce n’est jamais sous cet angle que je vois le problème. Personnellement je ne dois pas réfléchir suffisamment, et je ne peux qu’expliquer que je suis comme ces passionnés de tueurs en série, qui s’intéressent à leurs actes, à leur folie, à leur vie. Sans qu’on ose même se demander s’ils admirent finalement les opinions de l’assassin. Il était pédophile ? Cannibale ? Antisémite ? « Oh là, tu t’intéresses à ce tueur en série qui enculait des grands-mères après les avoir tuées ! Est-ce que tu cautionnes la sodomie des mamies ? La Sodomamie ! ».
Donc je suis toujours curieux de savoir ce qui pousse un groupe à hurler son black metal, et toutes les raisons, toutes les causes sont finalement légitimes. Et peut-être même encore plus avec
ELITISM, qui n’aurait pas pu créer des compositions telles que les huit de
Requiem pour une race mourante s’il avait décidé de parler de Satan, de l’espace ou de la nature. Le titre de l’album en lui-même l’explique, mais l’ambiance est à la désillusion, à la douleur, à la défaite, à la mélancolie du vaincu. On y retrouve bien entendu beaucoup d’élans de fierté, mais qui ne paraissent plus que des souvenirs d’une utopie personnelle. C’est finalement presque touchant de partager 40 minutes de la chute d’une espèce se croyant ou s’étant crue supérieure. Les paroles en français ne sont pas toujours audibles, mais elles se font marquantes quand c’est le cas, se mêlant à des riffs grésillants relevants d’une urgence désespérée. Les vocaux chantent, mais ils déclament aussi par moments, ajoutant de la tension comme sur « Allemagne, réveille-toi ! », au début sur du black metal hargneux, à la fin sur un piano magnifique de détresse. Cet effet est à d’autres moments amplifié par un clavier discret, ajouté soit dans les véritables morceaux, soir utilisé sur l’un des intermèdes à tendance martiale (« Idéalisme contre fatalisme », « Au milieu des ruines »). La chute... La chute qui est désormais définitive même si le protagoniste continue de se débattre. C’est magnifiquement retransmis tout le long de l’album, jusqu’au « Requiem pour une race mourante » final qui tout en douceur symbolise les derniers instants de ce personnage tortuté et mis à terre.
Les polémiques seront sans doute inévitables, et comme lorsque j’avais parlé l’année dernière de WOLFNACHT, il pourrait y avoir à nouveau plus de réactions sur l’idéologie que sur la musique. C’est compréhensible, et pourtant les compositions sont excellentes.
ELITISM sort tout simplement l’un des albums les plus marquants de la première moitié de l’année 2021, qui résonne et qui m’appelle encore et encore. Les sensations sont très fortes ! Signalons juste que la basse a été confiée cette fois-ci à Diktator Spktr de
ORDER OF THE DEATH’S HEAD et
GESTAPO 666, et que les paroles, outre venir du membre principal HGH, ont vu une contribution de la part de Xaphan, Caïnis et Skorz.
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