Apparue de nulle part, elle vous a surpris, immédiatement séduit, vous l'avez aimée et avez pensé pouvoir l'épuiser jusqu'à son dernier souffle. Immortelle, chaque petite mort n'était que le début d'une nouvelle renaissance, ne cessant de se dévoiler un peu plus à chaque cycle.
"Portal of I" fait partie de ces découvertes qu'on ne rencontre pas tous les quatre matins, incroyablement accessible, incroyablement riche, incroyablement audacieuse, incroyablement touchante, incroyablement puissante, incroyablement tout en fait. Code666 peut être aussi fier de sa découverte que le groupe de ce premier essai qui n'est pas près d'être oublié. Un talent pareil ne passe évidemment pas inaperçu et ouvre des portes, notamment celles de nos incontournables compatriotes de Season of Mist qui épinglent une autre forte personnalité à leur catalogue. Après une telle entrée en matière, on attendait évidemment les Australiens au tournant ; leur réponse tient en un petit mot et un concept album en guise de confirmation. La surprise en moins.
Des chroniques de cet album vous en avez déjà lues, n'est-ce pas ? Ou du moins vous avez déjà votre avis sur la question. Sorti il y a environ un mois, je me doute bien que vous n'avez pas attendu Thrasho pour rompre l'attente de ce suspense interminable. S'il m'a fallu du temps pour coucher cette bafouille, c'est que j'ai hésité et même douté de mon discernement face à l'engouement suscité par ce second opus. Fidèle à sa réputation, Ne Obliviscaris n'a pas fait les choses à moitié : "Citadel" est un voyage, une expérience à saisir dans son ensemble. Ce que
"Portal of I" pouvait avoir de bordélique et maladroit, elle le rassemble, elle l'harmonise autour d'une atmosphère qui guide ces 50 minutes du début à la fin et dont les couleurs évoquent tantôt l'architecture chaotique des ténèbres, tantôt les paysages désertiques d'un royaume oublié. On y retrouve cet équilibre subtil entre puissance et mélodie, infiniment extrême mais étrangement dénué d'un quelconque sentiment de haine ou de violence. Une manière de composer singulière immédiatement reconnaissable par les images de cet univers onirique qui accompagnent chaque instant, beau et majestueux.
Dans sa structure, "Citadel" tranche radicalement avec son prédécesseur. Près de 25 minutes plus court, il ne contient que trois morceaux fleuve séparés par des instrumentales entre violon, claviers et guitares acoustiques. Pour le reste, pas de changements majeurs. Ne Obliviscaris demeure cette entité capricieuse et imprévisible dont on avait fait la connaissance il y a 2 ans, n'obéissant qu'à ses propres règles auxquelles il faudra vous soumettre pour en extraire l'essence. Morceaux interminables, structures à tiroirs, rythmiques complexes (voire jazzy)... aucun compromis n'a été fait pour vous épargner. Ainsi les atmosphères tournoient au gré des oscillations des compositions menées d'une main de fer par des guitares omniprésentes, le chant démoniaque d'un Xenoyr habité et les lamentations de Tim. Sans être démonstratif, leur musique conserve également cet aspect très technique : de la batterie à la basse et au violon, en passant évidemment par les guitares et leurs leads fantastiques, cette dimension savemment dosée apparaît comme une nécessité dans l'expression des ambiances véhiculées. Seul petit bémol : les solos ne sont malheureusement pas à la hauteur de ceux de
"Portal of I"...
"Citadel" est à n'en point douter une oeuvre aboutie à l'ambition démesurée ; son principal problème est d'avoir vu le jour après
"Portal of I". Quant à ce qui fait l'identité du groupe sur la forme, plus je l'écoute, plus je trouve que les éléments *exotiques* n'apportent que peu de choses. Souvent utilisé comme une troisième guitare, le violon ne s'illustre finalement que lorsqu'il ne fait qu'accompagner la mélodie, manquant parfois de corps pour soutenir ses lignes. L'utilisation du chant clair qui m'avait ravie sur le précédent album me fait ici rejoindre l'avis de notre référence du mélodeath Mitch : trop mielleux, trop maniéré, il finit par irriter. Pour moi, leur style gagnerait vraiment à être plus *classique* car ce qui fait sa force, ce sont ses guitares, son chant hurlé et son côté prog dont les quelques ralentissements servent l'intensité des passages les plus violents.
Mais ne vous méprenez pas sur ces quelques remarques : Ne Obliviscaris épingle un second chef-d'oeuvre à sa courte discographie, un travail de titan dont le résultat transpire la grâce et la beauté. Incroyablement hétérogène et pourtant parfaitement harmonieux, il ne devrait pas décevoir les personnes conquis par leur premier album. Pari réussi donc pour nos Australien qui auraient pu se prendre les pieds dans le tapis après la quasi-perfection de
"Portal of I". Il n'y a plus qu'à espérer les voir tenir le rythme encore longtemps.
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