On a beau le savoir, acheter un album d'Opeth avec un sticker rouge sur lequel est inscrit "Roadrunner Records", ça fait un peu bizarre. Alors vous me direz qu'on s'en fout, mais je me demande bien quel intérêt à le label américain à signer ce genre de groupe. Changer son image ? Montrer qu'il a du goût ? Ou peut être changer celle du groupe, chose déjà entreprise par la première campagne de photos promotionnelles réalisée pour cet album où nos suédois préférés ont du faire les méchants pour coller à l'image du label. Mais heureusement, Opeth reste Opeth musicalement, continuant sur la lancée de leur précédent album
"Deliverance" (
"Damnation" étant à part).
Et mine de rien, ce huitième album voit arriver bon nombre de changements pour le groupe. Outre leur changement de label sur lequel je ne reviendrai plus (mais Roadrunner putain non, tout mais pas ça...), le groupe accueille pour la première fois de son histoire, un cinquième membre en la personne de Per Wiberg (Arch Enemy, Spiritual Beggars), claviériste de son état qui a notamment participé à la tournée
"Damnation". Les suédois ont également changé de studio pour enregistrer ce "Ghost Reveries", délaissant les cultissimes Studios Fredman pour les studios Fascination Street. Et pour nous prouver encore plus leur volonté de changer de son, ce n'est plus Steven Wilson mais Jens Bogren qui s'est occupé d'eux.
Je suis un gros fan d'Opeth, de
"Orchid" au grandiose
"Blackwater Park" mais j'avais été vraiment déçu par
"Deliverance". Il faut dire qu'après un album aussi parfait que
"Blackwater Park", il est bien difficile de lui donner un successeur. Mais les suédois avaient marqué un fort désir d'aller de l'avant, de changer l'ambiance boisée de leurs albums pour quelque chose de plus intimiste et contrasté. Prétextant une dualité violence/douceur avec
"Damnation", le groupe avait misé sur une musique plus directe, plus simple, plus efficace mais globalement moins enivrante et profonde avec toutefois de très bons titres comme
"Deliverance" ou "Master's Apprentices". C'est pourquoi j'attendais beaucoup de ce huitième album.
La découverte de "Ghost Reveries" n'a été qu'une alternance de sentiments d'angoisse et d'impatience. Tout d'abord, l'écoute du premier extrait disponible "The Grand Conjuration" ne m'avait pas spécialement emballé de part son côté très bourrin et pas vraiment représentatif de la dualité du style des suédois. Roadrunner a eu ensuite l'ingénieuse idée de nous présenter le morceau d'ouverture "Ghost Of Perdition" et je dois dire que cela m'a beaucoup rassuré. Puis vint l'heure de l'achat (l'avantage avec Roadrunner au moins, c'est que ça sort à la date prévue) et la découverte de l'artwork assez inabituel pour le groupe : excepté le magnifique devant, le reste manque un peu de goût, se rapprochant plus d'un album de Cradle Of Filth que d'un album d'Opeth. De même, les premières impressions à l'écoute de l'album entier ne furent pas très convaincante mais tout le monde sait qu'un album d'Opeth se découvre au fur et à mesure et ça n'est sûrement pas celui-ci qui viendra à l'encontre de cette règle...
Et une fois de plus, le combo a frappé un grand coup. Richesse, puissance, émotions, ... il ne manque rien à tout ce que l'on peut attendre d'un album d'Opeth. La bande à Mikael n'a pas cédé une nouvelle fois à la facilité d'un
"Deliverance" pour nous offrir ce qu'elle a de plus grand sans toutefois revenir en arrière, au contraire. "Ghost Reveries" est une façon de découvrir leur musique sous un nouvel angle. Sans renier ses origines et son style si particulier, le groupe expérimente, teste de nouvelles sonorités, se lance de nouveaux défis comme intégrer des claviers à sa musique. Et parce qu'un homme averti en vaut deux, sachez que "Ghost Reveries" est loin d'être l'album le plus accessible de leur discographie de part sa complexité et sa densité.
Je ne sais pas si c'est en réaction à
"Damnation", mais Opeth nous revient cette fois-ci plus hargneux que jamais. Comme le laissait présager les extraits disponibles avant la sortie, le groupe insiste bien sur le côté death de sa musique, nous délivrant bon nombre de riffs violents absolument géniaux, parfois malsains et souvent totalement headbanguants à se décapiter soi-même. On y retrouve un Mikael déchaîné qui nous sort sa voix la plus caverneuse pour mener cette débauche de rage, dangereusement communicative. L'exemple parfait n'est autre que "The Grand Conjuration", sans aucun doute leur titre le plus direct et violent composé à ce jour, où le groupe prend un malin plaisir à redécouvrir ses instincts primaires. Et les solos putain de merde !!! Ils n'ont jamais été aussi bons que sur cet album : un très bon point.
Mais les suédois n'ont pas pour autant mis de côté leur douceur que l'on retrouve enfin distillée au milieu de ce chaos. Le combo est revenu à ses légendaires arpèges et parties acoustiques qui ne sont pas sans rappeler la beauté de celles d'un
"Blackwater Park" et
"Still Life". Une fois de plus, le chant de Mikael se révèle un vecteur d'émotions, sa voix claire et pure transcendant chaque passage sur lequel il fait une apparition. Le chant clair est d'ailleurs plus utilisé sur des passages électriques rendant les compositions moins manichéennes qu'auparavant. J'ai par contre un peu de mal avec les acoustiques de leurs derniers albums qui n'ont plus la saveur d'antan. Je trouve que les "Atonement", "Hours Of Wealth" et autres "Isolation Years" typées
"Damnation" n'ajoutent plus rien à la beauté d'un album comme celui-ci, là où un "Benighted" ou un "Patterns In The Ivy" simple et intimiste faisait tout son charme. Enfin c'est personnel.
A l'annonce de l'arrivée de Per Wiberg dans les rangs du combo suédois, je craignais le pire quant à l'utilisation plus intensive de claviers dans leur musique. Opeth nous démontre ici qu'il peut enrichir sa musique d'un nouvel instrument tout en préservant son identité car leur musique demeure résolument égale à elle-même. Les claviers sont d'ailleurs souvent assez discrets, venant tantôt renforcer la profondeur des morceaux, tantôt atténuer leur violence ou tout simplement sublimer certains passages qui prennent alors une puissance émotionnelle étonnante. Toutefois, le groupe en a un peu trop usé certaines fois, avec maladresse de mon point de vue comme sur l'intro de "Baneath The Mire" vraiment pas terrible ou sur certains passages de "The Baying Of The Hounds".
Au final, la seule réelle chose que l'on pourrait reprocher à Opeth, c'est de n'être que lui-même. Le groupe fait plaisir à ses adorateurs, nous délivrant une nouvelle fois un album somptueux, touchant et puissant, à la profondeur et au feeling extraordinaire comme peu de formations aujourd'hui peuvent en faire. On y retrouve les ambiances si propre au groupe, chargées de tristesse, de nostalgie et aussi cette rage qui les animent depuis leurs débuts. Mais si comme moi vous connaissez bien la discographie des suédois, vous n'y découvrirez rien de nouveau car le style du groupe n'a pas bougé. De ses mélodies diffusent à ses extrémités contrôlées en passant par ses quelques expérimentations, on pourrait se demander si "Ghost Reveries" n'est pas simplement un album destiné à remettre le groupe sur le droit chemin après la douloureuse expérience
"Deliverance"/
"Damnation".
Mais peut-on réellement reprocher à Opeth de ne sortir que de magnifiques albums ? Je ne crois pas. "Ghost Reveries" est tout simplement, un nouveau témoignage du talent du groupe, un groupe qui avance doucement et qui continue d'inscrire tranquillement de nouveaux chef-d'oeuvres à sa discographie et il n'y a qu'à écouter "Ghost Of Perdition", "The Baying Of The Hounds" ou encore "Harlequin Forest" pour s'en convaincre. Tout comme pour
"Deliverance", les néophytes apprécieront sûrement plus que les "die-hard" fans comme moi, mais chacun y trouvera son compte pour peu qu'on lui laisse une chance. Je n'aurai qu'une dernière chose à ajouter : encore merci les gars.
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