A l'origine, "Damnation" devait sortir en même temps que
"Deliverance", sous la forme d'un double CD représentant chacun, un côté de leur musique (
"Deliverance" pour le côté violent, et bien sûr "Damnation" pour le côté doux). Finalement, la vie en a décidé autrement puisque les sorties des ces deux albums ont été espacées de quelques mois. Pour les mal-pensants, vous pouvez d'hors et déjà vous ôter de la tête, l'idée d'une éventuelle politique économique d'intégration horizontale visant à élargir le cadre de leurs activités dans une logique purement commerciale, car depuis ses débuts, le groupe n'a cessé d'aller où bon lui semblait, sans jamais opter pour l'argent au détriment de la qualité, nous offrant à chaque nouvelle offrande, un album personnel et novateur, toujours aussi magnifique que ses prédécesseurs.
Mais ce n'est pour autant que j'arrive à comprendre le fond de la démarche qui a débouché sur cet album, ni dans quel cadre il s'inscrit. Peut être n'est-ce simplement qu'un caprice d'Opeth ? Toujours est-il qu'à l'idée de me retrouver avec cette galette dans les mains, une certaine appréhension me hantait. Moi qui aime tant ce groupe pour ce qu'il est, vais-je être déçu ? Pour la première fois depuis
"Orchid", VAIS-JE ETRE DECU ??
Tout commence par le morceau "Windowpane", le plus long et pour moi, le plus beau morceau de cet album (mais ça on ne le sait que quand on a terminé le CD :) ). Comme tous les autres morceaux qui composent "Damnation", celui-ci est doux, mais contrairement aux autres (excepté "Closure" qui est dans la même veine), il a conservé un petit côté progressif si particulier au groupe. L'ambiance est résolument calme et posée où rien n'est agressif, rien ne fait sursauter. Les passages s'enchaînent avec une fluidité exemplaire, sans accros où les instruments se cotoient en parfaite harmonie et où Mikael et Steven Wilson viennent y ajouter leurs douces et belles voix. Même si leurs structures sont plus simples, les autres morceaux vont dans le même sens, toujours aussi lents, aussi bien composés et interprétés, ... Rien ne dépasse décidément de cet album sur lequel il règne une sérénité absolue, communicative avec laquelle le groupe n'a jamais cessé de se montrer, mais qui cette fois-ci, se démontre également par la musique, toujours touchante, douce et mélancolique.
L'on doit cette oeuvre avant tout à Mikael qui a composé tous les morceaux, mais aussi à Steven Wilson (officiant habituellement dans le groupe Porcupine Tree et producteur du groupe depuis Blackwater Park) qui a permis d'en dégager toutes les émotions, mettant son expérience au service du groupe. Ce dernier a composé toutes les parties de clavier, mais on lui doit beaucoup des bonnes idées qui fourmillent tout au long de l'album en ce qui concerne les arrangements (voix, guitare, claviers, ...). Il serait injuste de ne pas aussi saluer la prestation des autres membres du groupe, et notamment celle de Martin Lopez qui a su ajuster subtilement son jeu de batterie à ce nouveau défi, ne faisant pas pour autant une croix sur ses légendaires breaks et sa technique et qui rappelle encore une fois, qu'il est un des moteurs d'Opeth.
Mais malgré la qualité indéniable de cet album et le travail que le groupe a fourni, j'ai été déçu par "Damnation". Trop simple pour du Opeth, trop répétitif, les morceaux étant un peu trop prévisibles. Je ressens beaucoup moins de choses en l'écoutant. Peut être n'arrive-je qu'à concevoir Opeth qu'avec ses deux visages ? Et Pour la première fois, un morceau d'Opeth me sort par les trous de nez : "Ending Credits", dont la mélodie naïve (qui me fait penser à du Santana) casse complètement l'ambiance de l'album et m'engagerait presque à rayer cette partie du CD. Heureusement que l'album se termine bien, où "Weakness" renoue avec la sensibilité des premières minutes... Influencés par la musique des années 70 (je ne me risquerai pas à citer les influences, n'étant pas expert en la matière), les morceaux possèdent une petite touche "rétro" qui pourrait aussi bien vous enchanter que vous faire fuir : ne croyez surtout pas que "Damnation" n'est composé que de morceaux comme "Benighted" (de
"Still Life") ou encore "Harvest" (de
"Blackwater Park"). L'ambiance y est totallement différente et résolument nostalgique d'une musique qui eut ses heures de gloire il y a de ça quelques dizaines d'années.
"Damnation" est un album que vous n'auriez peut être jamais eu l'occasion d'écouter s'il n'avait pas été composé par Opeth, tellement il est à mille lieu du métal. Ceux qui aiment Opeth pour leur style schizophrène et le côté progressif de leur musique seront sûrement déçus, mais ceux qui recherchent une musique d'ambiance, touchante, reposante et de qualité y trouveront leur compte. Personnellement, cet album n'a pas tourné longtemps dans ma platine, car je n'y ai pas trouvé tout ce que j'attendais de ce groupe qui m'a finalement déçu. Alors faut-il intégrer cet album à la discographie d'Opeth au même titre que les autres, où simplement le qualifier d'album "à part" ? A vous de faire votre choix : le mien est fait.
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