Koldovstvo - Ни царя, ни бога
Chronique
Koldovstvo Ни царя, ни бога
Un halo de mystère plane autour de Koldovstvo. Très peu d’informations ont filtré sur cette nouvelle entité même si certains éléments laissent suggérer une possible origine russe (cf. écriture cyrillique) ainsi que le nombre de membres officiant en son sein (trois, a priori, d’après la photo agrémentant le volet intérieur du digipack). Néanmoins, la sortie d’une première réalisation – qui plus est un album – via deux labels qualitatifs, Extraconscious Records (derrière lequel on retrouve Jacob Buczarski de Mare Cognitum) et Babylon Doom Cult Records, ne pouvait que soulever l’intérêt de tout fan de black metal qui se respecte. Le bel artwork éclatant et quelque peu intriguant (gros plan d’une peinture de Konstantin Flavitsky) au parfum aristocratique vient également vous piquer au vif. Je me rends donc, passablement alléchée, sur la page Bandcamp de la formation afin d’écouter Ни царя, ни бога (« Ni Tsarya, Ni Boga » qui peut se traduire par « Ni Tsar, Ni Dieu ») et grand bien m’en a pris !
Si le flou persiste quant à la nationalité des membres de Koldovstvo, les signes affluent dès l’écoute du premier morceau. Rhâ ! Ses lignes de guitares épiques qui vous font courir les frissons le long de l’échine. Ce flot d’émotions qui vous soulève et transporte loin très loin vers le firmament. Les vocaux très arrachés et plaintifs, renvoyant à Ygg et à Сивый Яр mais aussi au black metal dépressif, collent parfaitement à l’ensemble et accentuent l’accroche. Les sonorités slaves sont nettement présentes, posant rapidement le décor. Cela est d’autant plus frappant lors des nombreux passages folk (notamment sur le beau « II ») avec des chœurs majestueux. Difficile de rester de marbre ou de ne pas se laisser embarquer à l’écoute de ses compositions à la fois puissantes et graciles. Beaucoup de références vous viennent en tête d’Ulver (notamment sur le titre mentionné plus haut) à Drudkh ou encore au Babel de Lutomysl. Le chant criard un peu étouffé ainsi que le son bien lo-fi – qui pourront en rebuter certains/es – renforcent l’aspect atavique voire hors du temps de cet album. Les musiciens sèment le trouble par ce subtil mélange entre riffs nerveux et mélodies imparables, l’apparition féminine sur l’intro de « IV » ou encore les ambiances inquiétantes (en particulier sur « III »).
C’est d’ailleurs lorsque le groupe vous traîne à sa suite dans un sous-bois brumeux que sa musique revêt une toute autre dimension. Koldovstvo (« sorcellerie » en français) laisse exploser sa singularité, prenant source dans le post-punk et le shoegaze – qui vous frappe dès les premières notes du morceau introductif. Sans forcer la dose et l’entremêlant avec art à son black folk hantée, il en découle des atmosphères intemporelles et spectrales dans lesquelles vous vous perdez avec délice. Des airs doux vous frôlent, comme une caresse bienfaisante. Votre cœur se contracte et s’emballe lorsque le rythme s’intensifie avec de grosses touches mélancoliques – comme sur le titre « I ». Une étrange lumière brûle au loin et vous attire irrémédiablement tout comme ses chants clairs poignants. Malgré les signaux inquiétants, que vous percevez sur « III », vous vous laisser porter avec insouciance. Il vous sera en effet bien difficile ne pas baisser les armes à l’écoute du mid tempo et tubesque « IV ». Tout est là et parfaitement exécuté. Lignes de guitares mélodiques et entêtantes qui restent durablement dans le crâne et ce chant ! Rhâ, ce chant ! Une grosse décharge émotionnelle prise en pleine face et de laquelle vous ne « redescendrez » pas. La formation n’a plus qu’à dérouler ses autres pistes jusqu’à la belle petite outro instrumentale clôturant Ни царя, ни бога.
Malgré la relative simplicité et sobriété de l’ensemble, le groupe arrive à créer un univers singulier. La magie opère naturellement – du moins chez moi. On ne pourra que regretter la courte durée de cet album. Pour le reste c’est une excellente première qui peut laisser présumer que les personnes derrière ce projet ne sont pas des novices. Si tel n’est pas le cas, je leur tire mon chapeau ! Vivement une suite un peu plus développée avec une production organique un poil plus clean.
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