Cult Graves - Strange Customs
Chronique
Cult Graves Strange Customs (EP)
De l’underground le plus profond et crasseux émerge régulièrement des noms inconnus au bataillon mais qui méritent toute notre attention, tant ils font vivre une certaine vision de la musique extrême, radicale et sans compromis. C’est exactement cela que pratique ici ce duo de San José qui à l’instar d’INQUISITION a mis de côté la basse pour offrir un Death/Black ultra-violent et primitif, qui sent bon les clubs glauques, la sueur et la bière bas de gamme. S’il n’a débuté ses activités qu’en 2018 celui-ci a déjà sorti une première Démo avant cet Ep qui confirme qu’il n’est pas là pour rigoler et faire dans la dentelle, tant sa production abrasive presque grésillante n’est pas sans rappeler celle de l’album « Tormenting The Pacifist » des regrettés sudistes d’IMPERIAL SODOMY. Car durant vingt minutes les Californiens ne vont faire aucun quartier et ne laisser aucun survivant sur leur passage, tant tout y est d’une noirceur impénétrable ponctuée d’une haine inépuisable, de moments tortueux et de folie rageuse, sans répit ni temps mort pour l’auditeur qui ne va pas sortir indemne de cette écoute.
On est en effet pris à la gorge dès les premières secondes de « Abomination Rites » tant le tabassage y est intense et quasi-continu, porté par des vagues de blasts et passages rapides qui s’enchaînent sur fond des roulements du batteur (au demeurant totalement déchaîné) et d’un solo désarticulé, donnant la sensation d’être au milieu d’un chaos impénétrable et psychotique. Particulièrement dépouillé dans l’écriture comme dans son exécution ce titre d’ouverture sert de parfaite mise en bouche à la suite qui sera du même tonneau, tout en étant plus dense et qui voit l’ajout de passages plus lourds (déjà entre-aperçus précédemment) et surtout plus longs, comme sur le massif et inquiétant « Necrophidius ». Jouant ici le grand-écart entre plans écrasants et suffocants et ceux où la tempête est de mise via trois parties distinctes (construction que l’on va aussi retrouver dans la foulée sur « Strange Customs »), qui accentuent le malaise ambiant et montrent que les gars savent être aussi à la hauteur quand ils lèvent le pied (tant la simplicité de leur jeu et le feeling qui s’en dégage reste imparable de bout en bout). D’ailleurs la conclusion sous le nom de « Cruor Upheaval » va servir de parfait condensé des trois morceaux précédents en y rajoutant un soupçon de mid-tempo qui se mêle parfaitement aux deux extrémités rythmiques, et s’ajoutent ainsi à toutes les bonnes choses entendues auparavant et qui confirment qu’on est en présence d’une formation aguicheuse et à suivre avec grand intérêt.
Car à l’heure où les disques aux sons synthétiques sont légions et où la surenchère outrancière de notes jouées à la seconde donne mal à la tête, il est bon de revenir aux fondamentaux et à une simplicité ô combien jouissive et agréable ! Menée sans répit ni baisse de régime cette galette tortueuse et à la brutalité exacerbée a tout pour ravir les amateurs d’une certaine vision et tradition musicale intègre et indépendante, où le dépouillement du Metal noir se mélange à merveille avec la force de frappe de celui de la mort. Avec cette réussite indéniable sur tous les points les Américains vont être désormais particulièrement attendus pour leurs prochaines réalisations, tant les entités de bon goût dans ce genre si frontal se font aujourd’hui particulièrement rares mais aussi trop souvent véritablement médiocres. Du coup tout cela est encore plus appréciable et donc de bon ton pour y pencher une oreille (voire carrément les deux) sur cet objet qui renvoie nombre de musiciens prétentieux et autoproclamés comme étant les meilleurs à leurs chères études et gammes musicales, et on ne va finalement pas s’en plaindre.
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