Vous m’excuserez mais c’est malheureusement avec plusieurs mois de retard que nous allons aborder enfin le cas du premier album des Finlandais de Mooncitadel. D’ailleurs, le groupe originaire de Ylöjärvi a sorti il y a déjà quelques semaines maintenant un nouveau EP intitulé
Onyx Castles And Silver Keys, il était donc plus que temps que je m’attelle à la rédaction de cette chronique histoire de ne pas accuser trop de retard...
Paru en décembre 2020 sur Werewolf Records, label de Lauri Penttilä (Satanic Warmaster, The True Werwolf, Knife...),
Night's Scarlet Symphonies fait suite à une excellente compilation baptisée
Moon Calls To Wander... ...The Winter's Majesty dont je vous avais d’ailleurs parlé avec enthousiasme il y a maintenant un peu plus de deux ans et qui mettait déjà en lumière les talents d’une formation marchant à grandes enjambées dans les traces d’un Black Metal symphonique hérité de cette époque où le genre n’était pas encore galvaudé par un usage excessif d’instruments à cordes et autres synthétiseurs dégoulinants.
Pour illustrer ce premier album, les Finlandais ont fait appel au service du Français David Thiérrée connu pour ses collaborations avec des artistes tels que Behemoth, Gift Of God, Hanternoz, Mortiis, Satanic Warmaster, Warloghe et bien d’autres encore. Une oeuvre d’un autre temps (on croirait en effet avoir sous les yeux une peinture du 19ème siècle) aux rouges intenses qui, contrairement à ce que je visualisais en premier lieu, ne représente pas un océan chargé de nuages menaçants et lointains mais le coeur ardent d’un volcan en éruption. Quoiqu’il en soit, celle-ci s’avère particulièrement réussie et ne manquera ni d’attiser la curiosité des non-initiés ni de séduire les connaisseurs de la formation qui évidemment ne m’auront pas attendu pour jeter leur dévolu sur ce premier album.
Enregistré par les deux garçons de Mooncitadel, mixé et mastérisé par leur compatriote Henri Sorvali (Förgjord, Horna, Korgonthurus, Lie In Ruins, Marras, Moonsorrow, Sargeist...),
Night's Scarlet Symphonies bénéficie d’une production plutôt bien équilibrée avec ce qu’il faut de puissance, de lisibilité, de caractère et d’authenticité pour se laisser happer dès les premiers instants par ces compositions particulièrement bien ficelées. Car au-delà de cette production qui va effectivement faciliter l’immersion dans l’univers de Mooncitadel, ce que l’on retient surtout de ce premier album c’est le savoir-faire et l’efficacité dont fait preuve ici le duo tout au long de ces quarante-six minutes ainsi que cette parcimonie et cette relative discrétion dans l’usage de ces synthétiseurs qui en font aujourd’hui l’un des chefs de file de ce revival opéré par des groupes tels que Vargrav, Ringarë, Warmoon Lord et consort...
On va ainsi retrouver sur ce premier album ce qui faisait déjà l’intérêt des titres présents sur
Moon Calls To Wander... ...The Winter's Majesty à commencer par cette approche toujours aussi dynamique caractérisée par cette alternance d’accélérations particulièrement soutenues ("Nightwind Was The Passage Between The Worlds" à 0:22, les débuts en fanfare de "I Am The Voivode Of Timeless Empires", "Dweller Of The Lotus Moon" et "Of Luniolatry And Hierophany" et presque tous les autres morceaux de l’album) et de passages plus subtils durant desquels Mooncitadel va en profiter pour développer certaines de ses mélodies tout en proposant des rythmes plus chaloupés et accrocheurs ("I Am The Voivode Of Timeless Empires" à 2:33, "Dweller Of The Lotus Moon" à 1:09, "Of Luniolatry And Hierophany" à 2:32, "Monumental Silvery Thorns" à 2:07...). Une complémentarité qui rend ainsi intéressant chaque morceau et permet de ne pas broncher face à des compositions qui tournent en moyenne aux alentours des cinq minutes.
L’autre point fort de Mooncitadel est à chercher naturellement du côté de toutes ces mélodies qui une fois de plus ne manqueront pas de faire voyager l’auditeur dans des contrés lointaines et mystérieuses. Mais si ces nappes de synthétiseur (instruments à cordes, voix fantomatiques...) distillées avec une justesse et une intelligence rares jouent évidemment un rôle majeur dans la construction de ces atmosphères, il faut également saluer l’excellent travail réalisé sur les guitares avec un riffing aux couleurs médiévales particulièrement saisissantes. Des titres tels que "Nightwind Was The Passage Between The Worlds", "I Am The Voivode Of Timeless Empires", "Ablaze My Heart With Falling Stars", "Whispering Cry Of Magick Undying", "Monumental Silvery Thorns" ou "Night's Scarlet Symphonies" possèdent ainsi une certaine noblesse doublée d’une véritable grandeur qui vont naturellement imposer le respect de l’auditeur et cela le plus naturellement du monde.
Après des débuts prometteurs, Mooncitadel confirme avec l’art et la manière qu’il est d’ores et déjà l’un des groupes finlandais à suivre, en tout cas pour tous ceux qui apprécient leur Black Metal infusé de mélodies symphoniques de hautes volées. En effet, difficile de ne pas se montrer enthousiaste face à tel album maitrisé de bout en bout qui réussit (une fois de plus) à éviter les pièges dans lesquels se vautrent parfois d’autres groupes plus expérimentés. À la manière d’un Vargrav, d’un Ringarë ou d’un Warmoon Lord (qui, soit dit en passant, ont chacun leur particularité), le duo finlandais vient redonner ses lettres de noblesse à un genre ayant bien vite sombré dans les excès et autres clichés en tout genres (musicaux, vestimentaires...) et ainsi insuffler à nouveau le goût à certains d’entre nous de se plonger dans ses univers souvent intenses mais aux mélodies éthérées et envoutantes.
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