Ars Moriendi - La singulière noirceur d'un astre
Chronique
Ars Moriendi La singulière noirceur d'un astre
Les habitués de Thrashocore et les fans de Geisterber, notre chroniqueur un peu disparu ces temps-ci, n’ont pas pu passer à côté d’ARS MORIENDI puisque ses deux premiers albums ont été présentés dans ces pages. Ce groupe français reste certes discret mais il sait enchanter tous ceux qui ont posé une oreille sur ses travaux. Les connaisseurs ont donc forcément déjà acheté un exemplaire de cette nouvelle sortie, et les autres pourraient bien être convaincus par les nouveaux titres. Comment leur présenter le one man’s band ? Eh bien en disant d’abord que sa démarche se rapproche de celles des PENSEES NOCTURNES, UNHOLY MATRIMONY, KADENZZA ou encore LOVE LIES BLEEDING. Non seulement ces projets ont été (principalement) menés par des individualités, mais ils ont aussi été inspirés par divers styles musicaux trempés allègrement dans le black metal. On retrouve ainsi dans toutes ces formations du heavy, de la musique progressive et des palettes vocales assez élargies... Et surtout chacune de ces formations aime le travail minutieux et le souci du détail et s’active à faire exploser les frontières, par goût de la mixité.
Le livret de La Singulière Noirceur d’un Astre prouve d’ailleurs la grande variété d’inspirations de Monsieur ARS MORIENDI, Arsonist. Il y cite IRON MAIDEN, DREAM THEATER, EMPEROR, ULVER et ELEND. Rien de très étonnant à l’écoute des 5 nouvelles compositions à la durée allant de 8 à 11 minutes. Mais l'équilibre entre chaque influence n'est pas vraiment respecté, et c’est d’ailleurs ce qui distingue ARS MORIENDI des groupes cités dans le premier paragraphe. Il met moins l’accent sur le heavy que l’un, se repose moins sur les claviers qu’un autre, ne martèle pas avec une BaR comme un autre, ni ne se jette à pieds joints dans le progressif comme le dernier (tout ça dans le désordre). C'est vrai qu'il propose un peu de tout cela, mais lui, il se concentre bien plus sur le jeu de chat et de souris entre la noirceur du black et la contemplation émotionnelle d’un ELEND. Dès les premières secondes on pense à celui-ci à cause de déclamations données sur le même ton que ceux des albums sortis depuis Winds Devouring Men, et que l'on retrouve plus loin, aux alentours de la 5ème minute de « De ma Dague ». Le groupe culte français se manifeste aussi dans la multiplication de chœurs, toujours jouissifs quand c’est aussi bien intégré à la musique, idéal en break et prologue de titre. Ce troisième album se retrouve ainsi empli de tels espaces de toute beauté, véritables bouffées d’oxygène veloutées.
Et à part ces dosages intelligents, l’autre plaisir certain de cet album vient du fait qu’Arsonist sache rester fidèle à son style tout en ajoutant encore de petites nouveautés. Comme à l’accoutumée certains passages se retiennent à la première écoute, des riffs et surtout certaines paroles balancées dans un français audible (« Le loup est dans la bergerie ! », « Tu t’es vu confier le livre de mort »...), mais une foultitude de détails se révèlent au fil des écoutes, donnant envie de réécouter les 47 minutes pour les redécouvrir. Le travail proposé est ainsi impeccable de justesse.
Impeccable, mais encore perfectible car, même si c’est une remarque assez subjective, les vocaux sont trop souvent hurlés de façon systématique. Arsonist aime faire traîner sa voix sur les dernières syllabes des mots, et quand on y prête attention cela a tendance à agacer légèrement. Bon, ce n’est pas grand chose, et cela ne porte pas préjudice à la qualité des titres donc il est à parier que la plupart des personnes ouvertes aux mélanges musicaux auront de quoi être rassasiés. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à tenter un titre et aller contacter Arsonist, qui devrait d'ailleurs comme à son habitude laisser un petit message sous la chro.
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