Ars Moriendi - Du tréfonds d'un être
Chronique
Ars Moriendi Du tréfonds d'un être
Déjà 10 ans qu’ARS MORIENDI hante les âmes sombres. Fondé en 2001 par Arsonist après la fin de l’aventure SOLIPSIS avec TP, aventure qui aura offert les démos Clarté Céleste en 2001 et Totalité ? en 2002 (qui aura eu son paragraphe assez mélioratif dans Metallian au passage), le one man band atypique s’est fendu de plusieurs démos d’une qualité constante : il y a toujours un petit quelque-chose qui pose la patte ARS MORIENDI au fil de ses sorties. L’élégance un peu brouillonne des claviers sur Extrême Onction, la puissante tristesse de Venefica et de Futile... Impuissant...Tragique..., la grande créativité de Sepulcrum, les riffs épiques de La danse des hypnotiques ou encore la grande palette de genres extrêmes sur L’oppression du rien, premier album, accomplissement d’ARS MORIENDI et offrande la plus maîtrisée à ce jour. Rappelons-le encore, le Black Metal chez le one man band a pris une place croissante au fur et à mesure des sorties pour s’imprégner de touches progressives sur ce premier disque il y a trois ans. Outre une base Black Metal, la musique du one man band auvergnat est hybride et intelligente et le registre qu’explore notre homme est très varié, à l’image de morceaux comme « Crisis » ou « Voyage en hérésie » (rappelant les atmosphères planantes d’ULVER) qu’on a pu entendre respectivement sur Sepulcrum ou L’oppression du rien et qui ont contribué à coller cette étiquette finalement assez réductrice de Black Metal Progressif sur le front du multi instrumentiste.
C’est avec Du tréfonds d’un être, maintes fois retardé pour des raisons diverses qu’ARS MORIENDI revient en août 2011 en s’étant doté d’un son enfin à la mesure de son art grâce au petit label ukrainien Archaic Sound, qui a lui aussi fait montre de qualité en peu de temps en sortant notamment le premier disque de RIMTHURS il y a quelques mois. Ce retour est placé sous un joug épique puisque dès la première piste « Jadis », introduite par une scène de chevauchée, l’homme avoine sans demander son reste avec toujours cette grâce et ce travail qu’on connaît aux riffs du one man band. On est happé dès le début par l’univers ARS MORIENDI, le son excellent étant là pour faire ressortir parfaitement ses assauts, à l’image d’une batterie bien puissante, d’une guitare incisive et surtout d’une basse aérienne très inspirée. Le chant Black Metal est également bien meilleur, lorsque l’on prend la mesure de paroles fortes en émotion et parfaitement intelligibles. A noter, également, les quelques vocaux clairs du disque (sur "Jadis" ou "Du tréfonds d'un être") ressortent parfaitement bien. Enfin, des claviers éthérés parsemés ici et là viennent parachever cette belle atmosphère. Ce sont d’ailleurs ces claviers qui guident parfois la musique, à l’image de la « traditionnelle » piste atmosphérique « Entre les deux royaumes », peut-être un peu trop longue, mais très émouvante grâce à eux. De même, sur le morceau « Ghost » par exemple, ce sont eux qui lancent le morceau et renforcent cette ambiance mélancolique présente sur tout l’album. A l’image d'un piano au son qui nous fera prendre la mesure des progrès effectué depuis Extrême Onction, ces claviers évanescents favorisent l’évasion que représente l’écoute de cet opus. On retrouvera aussi les samplers de chants d’église chers à Arsonist, en guise de signature, à plusieurs reprises (« Médiocre fin ? »).
De toutes façons, ARS MORIENDI développe via sa musique un côté planant toujours sous-jacent, à l’image du morceau éponyme clôturant l’album, qui développe une entrée presque Trip Hop pour fuir vers une mélancolie désabusée, recette maîtrisée à la perfection par l’homme derrière ce projet ambitieux. Les derniers riffs du disque qu’on aura de suite envie de réécouter affirment un Black Metal majestueux et gracieux, aérien et mélancolique et évidemment séduisant. Sans être consensuel dans la mélancolie comme beaucoup d’autres combos plus connus, ARS MORIENDI arrive avec humilité à faire passer une authentique tristesse. Enfin, des paroles en français (« La chair de sa chair souffre… »), fortes et sensées, soutiennent et animent un ensemble fort convaincant.
D’ailleurs, ARS MORIENDI n’a jamais été aussi Black Metal que sur ce disque : Arsonist, réinjecte à sa musique un côté épique très jouissif et développe à plusieurs reprises des riffs agressifs et véhéments soutenus par des blast beats qui claquent ou des patterns de batterie ravageurs, des riffs presque Heavy par moments qui permettent à la rage qui habite notre homme d’exploser totalement. On a notamment sur « Médiocre fin ? », réenregistrement fort judicieux du morceau présent sur La danse des hypnotiques qui nous tombe sur le coin du nez juste après une interlude un peu trop longue, des riffs obsédants et accrocheurs issus d’un processus créatif atypique. On reconnaîtra le riff signé ARS MORIENDI parmi mille, et c’est ça qui fait la force de ce one man band : avoir réussi à se créer une vraie personnalité tout en ayant exploré des horizons très variés. Egalement établie par des passages atmosphériques dans lesquels la basse et les claviers jouent un rôle prépondérant, interrompant des riffs intenses pour amener une saveur plus calme et planante, la quintessence de ce one man band s’affirme encore mieux sur ce présent disque, grâce à une cohérence qui pouvait faire défaut au précédent opus (pensons notamment à l’agencement parfait des morceaux sur cette nouvelle offrande). Du tréfonds d’un être confirme largement le potentiel que certains avaient vu en ce projet dès 2004 et Venefica et prouve que le one man band mérite plus que jamais une vraie reconnaissance au sein d’une scène Black Metal certes pétrie de talents mais aussi gangrénée par les groupes de 15ième zone, dont ARS MORIENDI s’est extrait il y de cela bien longtemps.
| Voay 5 Septembre 2011 - 2202 lectures |
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