VS Fest 2

En ce jour sacré de fête des mères, environ 600 métalleux s'étaient donnés rendez-vous à La Loco pour assister à la 2ème édition du festival organisé par le webzine Violent Solutions. Et même si les métalheads aiment leur maman, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi ils n'ont pas hésité à passer ce jour sans elles: l'affiche est tout bonnement fantastique, la crème du death hexagonal (bon Aborted reste aux 2/5ème belge...). En plus, Aborted devait filmer son 1er DVD ce soir-là, ce qui faisait de ce concert un événement immanquable.

15h-15:30: début des hostilités à l'heure prévue avec HACRIDE sur la grande scène. Les Poitevins n'auront joué qu'une demi-heure mais leur thrash/death technique aux relents de Meshuggah aura bien joué son rôle d'ouvreur, malgré un petit manque de charisme des musiciens (le trac?) et des passages planants un peu ennuyants à force. A noter un son exceptionnel de clarté, le meilleur de la soirée!

15h35-16h05: direction la petite scène ensuite (l'alternance sur les 2 scènes permet d'éviter les temps d'attente) pour WORMFOOD. Je n'avais jamais écouté un seul morceau mais j'avais bien compris qu'il s'agissait d'un groupe original. Ce fut effectivement le cas, mais en plus d'être atypique, WORMFOOD, pratique une musique excellente. Inclassable, entre death, gothique, thrash, black et atmo, décadent dans ses paroles (en français) et sa gestuelle (mention spéciale au frontman El Worm dans son habit de prêtre!), plus trip "cour du Roi" (avec claviers Marie-Atoinette) et penchants hum...pervers, voilà un groupe fort intéressant à plus d'un titre. Seuls quelques problèmes techniques viendront ternir quelque peu la prestation des Rouennais. A découvrir!

16h10-16h50: au tour de PITBULLS IN THE NURSERY de prendre d'assaut la grande salle. Encensé par la critique pour son 1er album Lunatic, le combo des Yvelines était visiblement attendu. Pour ma part, j'étais plus réservé, le techno-death aux accents jazzy d'obédience Cynic et Atheist me laissant complètement de marbre. Les voir en concert me pousserait peut-être à plus les apprécier pensais-je, mais j'avais tort. Le groupe a du talent pas de doute mais je n'accroche pas. Bonne prestance scénique, très bon son, chanteur bien en voix, musiciens ultra techniques (notamment le batteur wow!), passages bien brutaux, rien n'y a fait. Et ce n'est pas le long morceau final avec l'utilisation d'un sitar qui m'aura fait rentrer dedans!

16h55-17h30: on enchaîne tout de suite avec les Essonniens de OUTCAST. Dans mes souvenirs, j'avais apprécié leur thrash/death. Alors ou j'ai une mauvaise mémoire, ou le groupe a encore du blast sur la planche pour rendre ses concerts intéressants. Morceaux fades et mous, basiques et pas très inspirés, voix hurlée répétitive et assez agaçante et charisme inexistant! Le groupe nous offrira plusieurs morceaux de son prochain album mais ceux-ci ne m'ont pas plus convaincu! Du coup, je préfère me retirer et attendre en haut le concert de BENIGHTED, l'un des groupes que j'attendais le plus aujourd'hui.

17h35-18h20: et là on change de catégorie. Je m'attendais à prendre une claque, j'ai pris un uppercut qui m'a fracassé la mâchoire! Malgré un son brouillon et le découragement qu'aurait pû occassionner la mort de leur camion sur la route (à qui ils dédieront un de leurs morceaux :D), le show des Stéfanois fut ultra brutal, impossible de revenir à la réalité jusqu'à la fin, et encore il aura fallu 10 bonnes minutes de repos pour s'en remettre. Et quel charisme!? Des musiciens extrêmement sympathiques qui bougent bien, un frontman (pied-nus!) aux vocalises aussi diverses que magistralement maîtrisés, un bassiste qui slamme tout en continuant à jouer et puis bien sûr une musique brutale et groovy qui retournera tout le pit. BENIGHTED piochera surtout dans ses 2 derniers albums Insane Cephalic Production (rha le title-track, terrible!!) et Identisick, pour un set de 3/4 d'heures grandiose, qui se terminera comme de coutume et à la demande du groupe par un envahissement de la scène par le public sur la reprise de "Suffer The Children" de Napalm Death (avec mini-braveheart!?). La foule parisienne n'en finira plus d'acclamer le groupe. En un mot: ENORME!

18h25-19h05: alors bien sûr, passer derrière n'est pas chose aisée. C'est MALMONDE qui est chargé de cette lourde tâche. La tête encore au show précédent, je n'assisterai au concert du combo isérois que 5 minutes. Malgré de très bons riffs headbangants et un gros son, les sonorités électro/techno trop présentes auront sapé mes, il est vrai, bien maigres volonté et énergie. Du coup, je pars me sustenter.

19h10-20h: et donc je rate le début de CARNIVAL IN COAL. Pas bien grave, je ne suis pas très fan de leur salade niçoise certes originale mais un peu trop "fête au village" pour moi. Il s'agissait il me semble de leur 3ème concert seulement, le duo Wursthorn/Strobl ayant enfin décidé de tourner en empruntant 3 des musiciens de WORMFOOD (le chanteur, le batteur et le claviériste). J'ai regardé 5 minutes, le temps d'un zouk incongru plutôt marrant (oh la la, oh la la, oh la la!!). Marrant, voilà un terme qui colle bien au groupe. Mais pour ma part, ça ne va pas plus loin!

20h05-20h50: aller hop, on se place pour KRONOS, parce que là ça va avoiner grave dans les chaumières! Je ne connaissais pas leurs 2 albums Titan's Awakening (2001) et Colossal Titan Strife (2004) mais je savais que j'allais apprécier le gig. Résultat: KRONOS est une machine de guerre, même avec un son très médiocre (que de la basse au début)! Du bon gros death certes pas nouveau mais bien gras et énergique, parfait pour se défouler. On a même eu le droit à 1 titre de leur prochain album à venir l'année prochaine. Promis, je vais me pencher sur la discographie des Vosgiens!

20h55-21h55: le prochain groupe à passer sur la grande scène est S.U.P.. Comme je n'aime pas leur musique trop expérimentale (j'aurais préféré la version Supuration certainement), je n'assisterai au show que 2 minutes histoire de comme on dit. Tout ça pour voir que les Nordistes ont installé un écran sur scène, écran qui montre à ce moment un oeil en gros plan...Retour illico à la petite Loco afin d'être bien placé pour un groupe que j'affectionne particiulièrement.

22h00-22h40: et ce groupe s'appelle KAIZEN. Bien que les Yvelinois fassent partie de mes groupes français préférés, je n'avais pas encore eu l'occasion de les voir en chair et en os. Autant dire que c'est avec délectation (et au 1er rang) que j'ai suivi leur performance. Bien dans ses baskets (sympa la tenue kimono du guitariste métisse Sébastien et ses longues tresses!), à l'aise avec le public, KAIZEN envoie le bois, encore plus que sur CD. Et si leur dernier album Sink m'a paru trop mou par rapport à l'ouragan Clear The Path, c'est une autre paire de manche en live, tous les titres faisant l'effet d'un rouleau compresseur! Et quand les gros blasts de "Gangrene" font trembler les murs, c'est la folie dans le pit! Dommage simplement que la voix de Johann, qui s'est coupé les cheveux (dommage aussi!), ne fût pas assez audible. 40 minutes à headbanguer, et dire qu'il reste encore un groupe...la vie est rude pour nous pauvres métalleux!

Setlist KAIZEN (approximative):

Therapy
Cathodictate
Swarm Of Locusts
Spearhead Of Lies
Walls Divided
Neurotic Compressor
Colorblind
Grangrene
Leadersheep

23h-0h05: nous voilà déjà arrivés au dernier groupe, mais quel groupe! ABORTED filmait en plus son DVD The Auricular Chronicles, qui devrait sortir en novembre sur Listenable. On remarque donc plusieurs caméras autour de la salle et sur scène (les autres groupes ont été également filmés mais avec moins de matériel évidemment), avec 2 scies demi-circulaires maculées de sang pour la déco (ça m'a surtout fait penser à des soleils en carton dans les pièces de théâtre pour gamins mais bon!). Bizarrement, le pit s'est un peu vidé, peut-être en raison de l'heure tardive.

Pas le genre de chose qui peut arrêter ABORTED en tout cas. On démarre avec un dévastateur "Dead Wreckoning", le ton est donné! Une constante aux concerts des désormais Franco-Belges malheureusement, le son est brouillon, ce qui donne l'impression d'entendre 10 fois le même morceau, mais ça n'empêchera pas les personnes présentes d'apprécier le show à sa juste valeur! Les guitaristes Matty et Sébastien restent comme il y a 3 mois au Paris Deathfest plutôt discrèts mais efficaces, Olivia semblant elle manquer de sommeil à en juger par ses poches sous les yeux, tout en reproduisant son jeu sans anicroches. Gilles, lui, est toujours aussi à l'aise derrière son kit, très concentré sur son jeu, casque sur les oreilles. Et puis bien sûr Sven, comme à son habitude impérial et très communicatif, il rendra même hommage à la scène métale française, "la meilleure du monde" (bon là faut pas éxagérer mais c'est sympa quand même!)! Quant à la setlist, peu de différences avec celle de février dernier, Goremageddon ("Meticulous Invagination", "Sanguine Verses", "Charted Carnal Effigy") et The Archaic Abattoir ("Dead Wreckoning", "Hecatomb", "The Gangrenous Epitaph", "The Inertia", "A Cold Logistic Slaughter") sont privilégiés.

Si la fosse a désempli pour ABORTED, le pit est resté féroce bien qu'il aurait pû se montrer encore plus furieux pour le DVD. Les 8 heures précédentes ont sans doute pesé lourd. Toujours niveau public, les quelques slammers ont été empêchés de monter sur scène alors que le groupe les avait incités à le faire. L'invasion se fera quand même sur la fin du set à la demande encore une fois du combo. Après 50 trop courtes minutes, ABORTED se retire. La salle se vide mais quelques irréductibles en redemandent, non en vain puisque le groupe rejouera l'énorme "Meticulous Invagination" à minuit passé!

Setlist ABORTED (très approximative):

Dead Wreckoning
Meticulous Invagination
Gestated Rabidity
The Holocaust Incarnate
The Inertia
The Saw & The Carnage Done
Sanguine Verses
Threading Intro
The Gangrenous Epitaph
Hecatomb
The Sanctification Of Fornication
Charted Carnal Effigy
A Cold Logistic Slaughter
Nemesis



Alors que retenir de ce VS Fest 2? Déjà, une organisation irréprochable: l'alternance entre les groupes s'est déroulée à merveille (5 minutes entre chaque concert). Ensuite, les musiciens: même si tout n'était pas à mon goût, l'affiche se voulait éclectique pour du death et les groupes ont dans l'ensemble livré d'excellentes prestations. Le public enfin, qui a répondu présent alors que les temps sont durs pour les orgas sur Paris. 600 personnes dont 500 payantes, VS Prod n'est pas tout à fait rentré dans ses frais mais a su limiter les dégâts. Alors il ne tient qu'à nous de faire vivre la scène française en soutenant ce genre d'initiatives. On l'espère tous: à l'année prochaine!