Hellfest 2013 - Premier jour (par goriyaz)

A peine arrivés sur Nantes, après 12h de route, nous, les 7 mercenaires (dont Henrik et Thomas de Thrasho), nous rendîmes à Carrouf pour faire des courses: du pastis, de la bière et des protéines! Thomas Johansson parodiera plus tard le mauvais film « Dépression et des potes » par « Des pressions et des prots »! Bien trouvé et ce ne sera pas le seul jeu de mots foireux du tennisman Suédois à l’accent provençal.

Ce passage en grande surface me sauvera la mise car au bout de huit heures de route, je me suis rendu compte de ma première connerie du séjour: j'ai oublié de monter avec une paire de pompes et me retrouve donc en tongs. Ce mime de Patrick Bosso n'a de cesse de le répéter: "Pas de stress". Je m’en inspire et trouve une fausse paire de converse à 10€ qui fera l'affaire; non sans mal vu la qualité du produit. Trop propres pour un festivalier, elles seront rapidement baptisées par le crew et par moi-même par des crachats, en me pissant dessus et en marchant dans la boue!

Parés pour ce troisième Hellfest d'affilée, il ne nous reste plus qu'à nous synchroniser sur les Running Order pour passer le plus de temps ensemble. Premier constat, et ce n'est pas vraiment étonnant, la Valley va être privilégiée: le Stoner et le Doom étant les genres les plus prisés actuellement par l'équipe, un consensus est vite trouvé.

It’s good to be back at Clisson et d'être immédiatement en terrain connu. Exceptée la Warzone reléguée au fond de la forêt (faut croire que le coreux est un cousin éloigné qu'il convient de ne pas inviter aux repas de famille, on y reviendra plus tard), le reste est quasi identique à l'année passée. Pour le moment, le terrain n'est pas boueux, les bâches sont propres et ça ne sent pas, encore, l'urine et le marécage.

EAGLE TWIN - VALLEY – 11h40->12h10

Autant bien commencer le fest et direction la Valley pour y voir le duo EAGLE TWIN. Le chapiteau a été agrandi et ça c'est cool (ceux qui y ont vus par le passé KYUSS, CLUTCH ou encore ELECTRIC WIZARD savent de quoi je parle). J'ai déjà vu EAGLE TWIN deux fois au Roadburn et leurs prestations m'avaient à chaque fois scotchées. La différence ici fut de taille car sur une 'grande' scène, l'impact est fortement minoré. A celles et ceux qui ont apprécié le mur de son et la puissance du groupe, en salle, messieurs, dames, c'est encore plus fort! Cela ne m'empêchera pas de prendre mon pied sur les 20 minutes (2/3 du show) que j'ai pu en voir et notamment sur l'excellente usine à riffs, The ballad of Job Cain part. 2 ou l'éléphantesque Lorca. J'en profite pour conseiller aux amateurs de Sludge, pas contre une rasade de Doom, le tout saupoudré d'accents blues et de relents de bayou de se pencher sur ce groupe et notamment sur leur second effort « The Feather Tipped the Serpent's Scale ». Vous m'en direz des nouvelles.

VEKTOR - MAIN STAGE 2 – 12h50->13h30

La curiosité aidant, je me dirige alors vers l'Altar pour voir Misanthrope et n'y resterais que 5 petites minutes. Je ne veux pas pourrir le groupe, c'est juste que je n'aime pas le genre et que la journée va être longue. Pas la peine donc de s'attarder dessus et place aux jeunes qui donnent dans le vieux: VEKTOR.

A l'aise techniquement, enthousiastes et avec des dégaines des années 80 (la coupe de cheveux du chanteur fait rêver), leur set de sci-fi thrash m'a plu, m'a donné envie d'headbanger et mine de rien, mon fest a vraiment été lancé avec eux grâce notamment à leur énergie si communicative. Je n'avais initialement pas prévu de les voir à cause de la voix que je trouve presque insupportable sur album, et qui m'empêche d'apprécier pleinement la dextérité et la technique de haut vol de ces mecs mais, comme souvent, sur scène ça passe mieux. Pour un premier passage dans nos contrées, le pari est réussi. J’en profite pour attribuer un bon point à la direction du festival pour les avoir fait venir, direction décriée et accusée à tort par certains ne pas prendre de risques et de ne pas innover.

SETLIST: Cosmic cortex, Black future, Echoless chamber, Deoxyribonucleic acid, Tetrastructural minds, Asteroid

HOODED MENACE – ALTAR – 13h35->14h15

Pas de répit, le premier groupe m'intéressant vraiment arrive sous l’Altar: HOODED MENACE. Les Finlandais sont tous sous leurs capuches et font donc honneur à leur nom. Du Death/Doom pesant, suffocant et franchement efficace. Avec un rendu très proche de celui sur album, des morceaux comme Fulfill the Curse ou Effigies of Evil ont fait mon bonheur en m'assommant comme il faut et je n’en attendais pas moins. La combinaison parfaite entre un Death classique des 90's et un Doom à l'ancienne et tout cela, guitares et basse down tuned pour plus de lourdeur.

Il ne leur manque plus que des images de vieux films d’horreur de la Hammer en fond de scène pour rendre l’expérience parfaite. Ils pourraient aussi concasser des crânes quand j’y repense. J’espère qu’ils y songeront un jour…

SETLIST : Night of the Deathcult, Effigies of Evil, Fulfill the Curse, Curses Scribed in Gore, The House of Hammer

HEATHEN - MAIN STAGE 2 – 14h20->15h

Petite hésitation entre revoir Black Cobra et me reprendre une rasade de Thrash avec HEATHEN sur la Main Stage 2. Je retiens la seconde option et ce sera sans regret. Lee Altus (guitare) n'est pas en retrait comme lors de son intérim dans Exodus et ça se sent. Le groupe a une énergie folle, ça riffe parfaitement (Dying season, quel pur morceau !) et les solos sont excellents. En live, c'est typiquement le genre de Thrash que j'aime et j'ai préféré la prestation des californiens à celle de VEKTOR qui était pourtant très bonne.

Ne connaissant que l’album de 2009, « The Evolution of Chaos », je pense que je vais approfondir leur cas très prochainement.

SAXON - MAIN STAGE 1 – 15h05->15h55

On reste dans les parages et place aux vétérans de SAXON. Enfin quand je dis vétérans c'est vraiment façon de parler parce que niveau prestation, envie, son, riffs et solos, ces mecs mettent à l'amende bon nombre de groupes actuels. C'était excellent.

Le chanteur du groupe communique beaucoup avec le public et sait haranguer la foule. Cette dernière lui rendra bien, les hits du groupe étant souvent repris.

Le profane que je suis a eu la chance d'avoir trois titres du dernier album en date, « Sacrifice », Stand up and fight, Wheels of terror et le morceau éponyme, Sacrifice donc. Et même si je ne suis pas un fin connaisseur de ces gloires de la NWOBHM, j’ai pu apprécier, à sa juste valeur, le show d’un groupe semblant avoir retrouvé une seconde jeunesse.

BLACK BREATH – VALLEY – 16h->16h40

Changement de genre et retour à la Valley pour y voir BLACK BREATH. Je n'ai pas trop compris ce qu'ils foutaient là, l'Altar étant plus adapté à leur style post-death-grind-crust-(you choose) mais peu importe, je me rapproche de la scène pour me prendre du riff rapide dans la tronche. Si j'ai apprécié le début du show, mon enthousiasme s'est bien vite affaibli et la sensation fut au final la même qu'à l'écoute de leur album: c'est pas mal mais il y a tellement mieux dans le genre que je n'ai pas très envie d'y revenir. Je finirais leur set un peu à l'écart, profitant de l'accalmie sonore pour boire des bières, du jaune et pour me diriger tranquillement vers l'Altar pour une baffe attendue...

BETWEEN THE BURIED AND ME – ALTAR – 16h45->17h35

Les gars de BETWEEN THE BURIED AND ME sont techniques, ça on le sait. Leurs compos sont complexes, torturées et leurs riffs, qu'ils soient progressifs, rapides ou alambiqués, font mouche. Ça, c'est sur album. Et en live alors? Et bien c'est pareil! Quel niveau monstrueux et surtout, quel son parfait! Peu importe que leurs morceaux durent des plombes, on en prend pour son argent et on en redemande car au final, 50 minutes c'est trop court pour une prestation de ce niveau.

J’ai vraiment été bluffé par tant de facilité et d’excellence ce qui les place aisément dans mes concerts préférés du festival.

SETLIST : Astral Body, Lay Your Ghosts to Rest, Ants of the Sky, Telos, Selkies: The Endless Obsession

TESTAMENT - MAIN STAGE 2 – 17h40->18h30

Un des changements de dernière minute du Hellfest fut de caler PALLBEARER (j'en ai eu des échos très positifs) en même temps que TESTAMENT: dégoûté! Pas le choix, faut aller du voir du Thrash dans ces cas-là et ma foi, je ne le regrette pas! Que ce soit sur le nouveau TESTAMENT (Rise Up, True American Hate) ou sur l’ancien (Into the pit, Over the wall ou Practice what you preach), avec eux, on n’est pas déçus. Autour d'un Chuck Billy en pleine forme, souriant et mimant des solos avec le pied de son micro, les thrasheurs californiens ont assuré un show plein d'énergie et fédérateur (when i say rise up, you say waaaaaaaaaaaar). Alex (guitare) était moins introverti qu’à l’habitude et a envoyé la sauce avec la maestria qu'on lui connaît. Grand moment mais j’attends toujours de pied ferme le jour où je pourrais voir TESTAMENT en tête d’affiche et sur plus d’une heure !

Voilà, déjà trois groupes de Thrash pour aujourd’hui et trois claques. Faut en profiter, il y en aura pas tous les jours sur le festival.

TWISTED SISTER - MAIN STAGE 1 - 18h35->19h35

TWISTED SISTER, ASPHYX ou TERROR? Potentiellement, les trois groupes m'intéressent mais aucun ne me fait rêver. Du coup, détendu du gland et commençant à être saoul, je choisis les Américains permanentés histoire de chanter sur We're not gonna take it, I wanna rock et You can't stop rock 'n roll.

C'était bien marrant ce show même si je n'ai pas forcément aimé la blague sur les personnes à mobilité réduite de Dee Snider (Why are you not stand up? Are you in wheel chairs?). Il aura bien mérité mon majeur levé pour la peine. Bon je parle, mais on s’est au moins autant moqués du ridicule bassiste du groupe avec son bouc semblant avoir été collé à la colle Sader !

Blague à part, c’était quand même le feu d’entendre autant de monde reprendre les hits du groupe et leur prestation fut terrible.

BLACK PYRAMID – VALLEY – 19h40->20h40

Bon on fait quoi? On va voir pour la énième fois KREATOR ou on innove et on va voir du Doom avec BLACK PYRAMID. Dur d'esquiver les Allemands et la garantie de se faire poncer mais pourquoi ne pas aller à la Valley pour voir les Américains. Bonne pioche, ils ont été lourds, gras, lents et ils m'ont mis parfaitement dans les conditions pour reprendre une heure plus tard, avec SLEEP, une dose de lourd, gras, lent... vous commencez à connaître la formule magique. N'ayant écouté que l'album « Strombringer », je ne connaissais quasiment aucun des titres joués mais peu importe, c'était très bon. Plus les années passent et plus j’en suis demandeur en concert : je veux me faire assommer ! Et en ce premier jour, je suis bien servi et le repas va être copieux…

SLEEP – VALLEY – 21h50->22h50

Je suis rassuré, Matt Pike est, comme à son habitude, torse nu et il est de plus en plus gros. Il est tellement fat qu'il peut poser sa gratte sur sa panse pour riffer. Mais l'essentiel est que si le ventre du chanteur/guitariste d’HIGH ON FIRE (cette annulation m'aura bien fait ch...) est proéminant, cela va de pair avec la musique de pachyderme proposée par SLEEP. On est bien loin des dance floor quand on se prend Dragonaut, Holy Mountain ou Aquarian dans la tronche et rien ne donne envie de bouger autre chose que la nuque (et encore, on se fait tellement enfoncer qu'il est dur de faire le moindre mouvement). A ce moment-là, je me prépare à leur remettre la palme de la lourdeur mais d'ici un peu plus d'une heure, mes rotules et mon intégrité physique et mentale seront mis à mal par d'autres gros; on va y revenir.

AT THE GATES – ALTAR – 22h55->23h55

Fichtre, ils m'ont épuisé les cons mais faut que je tienne le coup, c'est l'heure d'AT THE GATES sous l’Altar. Je n'ai pas pu tenir le set entier debout tellement j'étais crevé à cause de SLEEP, qui porte décidément bien son nom. Pour autant, j'ai quand même pris un sacré pied. Comment pouvait-il en être autrement? Gros son (un des meilleurs de tout le festival), un Tomas Lindberg, avec sa voix inimitable, en pleine forme et surtout, du chef d'œuvre en veux-tu, en voilà: Suicide nation, Blinded by fear, Nausea, Under a serpent sun... et une grosse reprise bien violente de Captor of Sin en l'honneur du regretté Jeff Hanneman. Voir les suédois était une première pour moi; il était temps d’être à jour. J’ai à ce moment une pensée pour Johansson qui de son côté voit, pour la première fois également, un monstre d’un autre genre : DEF LEPPARD.

NEUROSIS – VALLEY – 00h->01h15

Il est déjà minuit, mes converse suédées me font mal aux pieds et je me dirige une nouvelle fois à la Valley pour assister à la fin du monde avec NEUROSIS et un set constitué en grande partie de morceaux du dernier album (Bleeding the pigs, We all rage in gold ou encore My heart for deliverance). Je croyais sincèrement qu'on ne pouvait pas faire plus lourd que SLEEP aujourd'hui mais c'était sans compter sur la bande à Scott Kelly et Steve Von Till qui fait probablement marcher ses amplis à l’huile de palme. J'ai eu tellement mal que je me suis réfugié sous ma capuche, à la HOODED MENACE, pour souffrir en paix mais surtout pour entrer complètement dans l'univers du combo.

NEUROSIS fut pour moi la plus grosse claque du festival et un des groupes qui m'aura le plus marqué toute période confondue (je précise que cela fait près de 20 ans que je fais des concerts).

Les riffs de We all rage in gold m'ont enterré directement à coups de pelle et de pioche dans la tête ; chez NEUROSIS, on ne prend pas la peine de creuser le trou au préalable, on fait ça one shot. J'ai rarement vécu ça. Emile Zola aurait parlé d'assommoir. Plus d'une semaine après, j'ai encore ces coups de massue en tête. J’ai eu mal.

SETLIST : Eye, My Heart for Deliverance, At the End of the Road, Times of Grace, Distill (Watching the Swarm), At the Well, We All Rage in Gold , Bleeding the Pigs, Locust Star

Trop ruiné pour voir autre chose après un show d'une telle intensité, je décide de ne pas aller revoir SICK OF IT ALL et encore moins ce bon vieux Chris Barnes avec SIX FEET UNDER. Je n’avais pas la tête à ça, elle était sous terre !

GROSSE première journée: un super son, une bonne ambiance, une météo pas trop pourrie, déjà une dizaine de groupes vus et bourré juste ce qu'il faut. Demain, ça devrait être plus calme d'après le Running Order. Enfin ça, c'est sur le papier.