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Hell's Pleasure 2013 - 1er jour

Live report

Hell's Pleasure 2013 - 1er jour Portal + Repulsion + Acid King + Hobbs' Angel Of Death + in Solitude + Vomitor + Verminous + Dead Lord + Irkallian Oracle + Bölzer
Le 19 Juillet 2013 à Pößneck, Allemagne (Motocross-Strecke)
Depuis quelques temps, le Hell's Pleasure s'est imposé comme un festival de choix pour tout amateur de metal underground, qu'il soit extrême ou plus heavy. En découvrant les affiches avec émerveillement, je me disais tous les ans qu'il serait bon d'y faire un tour. 2013 fut la bonne année avec un line-up tout simplement immanquable. Satan, Repulsion, Hobb's Angel Of Death, In Solitude, Cruciamentum, Vorum... comment résister?

Pourquoi résister de toute façon? C'est donc excité comme rarement que je partis en voiture de la région parisienne vers 7h30 le jeudi 18 juillet pour n'arriver à Pößneck, petite ville d'Allemagne de l'Est en Thuringe à 250 km de Berlin, que vers 18h, heure d'ouverture prévue du camping. C'est que le voyage est long malgré la non limitation de vitesse sur les autoroutes allemandes. Mais quel régal de faire des pointes à 170 km/h sans risquer de se faire flasher! Une fois garé et la tente montée à côté de la voiture (en 2 minutes, merci Quechua!), je commence déjà un petit repérage des lieux. La scène, de taille moyenne, se trouve tout à côté du camping. Le terrain devant la scène, constitué d'herbe, n'est pas très grand non plus. Le Hell's Pleasure, ce n'est pas le Hellfest et c'est tant mieux! À droite de la scène, une grande tente couvre le bar et servira à nous abriter du Soleil qui promet de cogner le lendemain. On y retrouvera également le merch officiel du festival et des groupes. Entre le camping et la scène, on trouve des stands de nourriture et de merchandising qui commencent à s'installer. Notamment les Danois de Denial Of God chez qui je prendrai le premier album dédicacé. Première bonne impression sur le cadre excepté pour les douches puisqu'il n'y en n'a pas alors que j'en aurais bien pris une après 10 heures de voiture sous une chaleur étouffante.


1er jour: vendredi 19 juillet


14h30-15h10: BÖLZER

Ce sont les Suisses de Bölzer qui ont la lourde tache d'ouvrir le festival en ce premier jour. Une tache d'autant plus ardue qu'il fait déjà très chaud et que le groupe n'est constitué que de deux musiciens: le batteur dans le fond et le chanteur/guitariste sur le devant d'une scène du coup un peu trop grande pour lui. Outre le fait de voir un duo, tout de même peu commun, je suis aussi surpris par le look décalé du frontman, plus hippie que metal extrême avec notamment cette large lanière de guitare multicolore qui semble avoir été fabriquée par des Péruviens. Sa guitare non plus ne fait pas très evil mais a au moins le mérite d'être classe. Musicalement, on a affaire à une sorte de croisée des genres black, death et thrash assez brutal et vaguement occulte. Si ce que j'avais écouté de la démo Roman Acupuncture ne m'avait pas paru fabuleux, j'avais trouvé les extraits du nouvel EP Aura un peu plus intéressants, notamment au travers d'un travail sur les guitares plus mélodiques. Un sentiment que je n'ai pas retrouvé en live puisque le set de 40 minutes m'a paru brouillon, long et répétitif au possible, peinant à distinguer les riffs malgré un son pas trop horrible. Dommage car le bonhomme, nouveau chanteur de Witchrist en passant, fait montre d'une dévotion exemplaire envers son art.


15h30-16h10: IRKALLIAN ORACLE

Voilà un groupe que j'étais curieux de voir après leur sympathique tape Grave Ekstasis. Les Suédois (plus un bassiste néo-zélandais de Diocletian ou autres à voir son tatouage à la main) débarquent sur scène intégralement voilés de noir, le frontman jouant le rôle de prêtre sataniste avec ces incantations growlées et ces percussions aux symboles occultes. Un autel orné du très beau logo du combo et sur lequel reposent ossements, bougies et autres accessoires ritualistes est installé entre lui et le guitariste de droite. Le décor est planté, j'adore! Malheureusement, au delà d'une prestation très théâtrale d'une formation ultra occulte, je n'ai jamais pu vraiment rentrer dans le show. La faute à cette chaleur insupportable et à un son qui couvrait les guitares au profit de la basse, même sur les passages plus posés. Le tout manquait de puissance, d'autant qu'Irkallian Oracle pourrait bourrer davantage tant les séquences blastées font mal. Le côté répétitif et hypnotique de certains riffs, qui m'avait accroché sur album en rendant l'atmosphère encore plus prenante, m'a ici ennuyé. J'ai donc vite décroché. Et puis il faut dire qu'en plein jour, le blackened death ritualistico-occulte des Scandinaves perd beaucoup de son impact.


16h30-17h10: DEAD LORD

On continue avec des Suédois mais radicalement différents. Je ne connaissais pas du tout le groupe et Dead Lord fut ma première bonne surprise de la journée. Le look très rétro des quatre musiciens est un bon indice sur leur style. Car après deux groupes extrêmes sombres et occultes, nous voilà face à un combo beaucoup plus efficace dans le sens rock 'n roll du terme. Le hard/heavy groovy typé 70s des Scandinaves m'a fait penser à du Thin Lizzy. Le son est bon, on accroche de suite sans connaître les morceaux, le chant d'un autre âge du frontman arabe moustachu est entraînant au possible, le jeu de scène est dynamique (pas mal les petits pas de dance du bassiste qui joue également dans Enforcer!), les solos aux influences bluesy (70s oblige) très appréciables, bref on passe un moment plaisant. J'ai juste trouvé les dernières minutes un peu longuettes car après tout, les années 1970 ne sont pas ma décennie préférée. Par chance, il y a aussi un peu de 80s dans la musique de Dead Lord qui lui, collait bien avec la météo ensoleillée!


17h30-18h10: VERMINOUS

Bizarrement, je n'ai jamais trop fait attention à Verminous, les quelques extraits de leur premier full-length de 2003 tombés dans mes oreilles ne m'ayant pas subjugué. Pourtant, les Suédois (oui, encore!) font partie, avec Repugnant, des premiers groupes de là-haut à faire dans le revival DM et jouissent d'une excellente réputation dans le milieu. Vous n'avez qu'à lire les chroniques élogieuses rien que sur Thrashocore. Les extraits du nouvel album The Unholy Communion m'avaient par contre plu davantage. Je ne voulais donc pas rater la prestation de Verminous histoire de prendre position définitivement. Et je n'ai pas mis longtemps à choisir mon camp avec un démarrage pied au plancher sur "Spawn Of Satan's Curse". Quelle intensité! Repugnant x 10! Et vas-y que ça envoie le bois en blastouillant à tout va. Et quand ça ne bourre pas, ça te casse la nuque à grands coups de mid-tempo dévastateur! Le quatuor a beau ne pas avoir trop le look DM (sauf le bassiste), le guitariste ressemblant plus à un rockab', le batteur à un freluquet et le chanteur/guitariste faisant honneur à son surnom de "Germaniac" avec sa coupe 3ème Reich de beau gosse et ses patchs à l'effigie de l'Allemagne, ils n'ont de leçons à recevoir de personne en terme de death metal old-school thrashy qui déboîte. Le public ne s'y est pas trompé d'ailleurs et commence à s'extirper de sa torpeur sans doute causé par le soleil de plomb et une nuit arrosée bien courte. Je crois qu'il serait temps que je me penche sur le cas Verminous!


18h30-19h10: VOMITOR

On quitte la Suède pour l'Australie. Allez savoir pourquoi, j'ai toujours cru que Vomitor jouait du black bestial bas du front. Alors effectivement c'est bien primaire mais ce n'est pas du black. Les Australiens font plutôt une sorte de blackened death/thrash old-school primitif nous ramenant aux origines du genre. Rien de sensationnel mais vu ce à quoi je m'attendais, j'ai été agréablement surpris, même si je suis parti avant la fin pour me sustenter. Surpris, non seulement par le style, mais aussi par la qualité des riffs, mine de rien plutôt pas mal et par de la blastouille régulière. En tout cas, Vomitor était attendu par une grande partie des spectateurs qui leur ont donné le meilleur accueil de ce début de journée.


19h30-20h15: IN SOLITUDE

Un des groupes que j'attendais le plus de la journée... mais qui m'a un peu déçu. En cause surtout, le chanteur. J'avais mis longtemps à apprécier son chant particulier sur album et il ne m'a pas facilité la tâche sur scène. Pelle Åhman me semblait ainsi souvent à la ramasse, on avait même parfois du mal à entendre sa voix et j'ai trouvé qu'il en faisait des tonnes. Un peu une tête à claques en fait, d'autant plus avec ce renard mort autour du coup. Niveau setlist, les Suédois n'ont joué il me semble que des morceaux de leur dernier album The World. The Flesh. The Devil, oubliant leur premier full-length éponyme que je préfère. Certains morceaux sont vraiment trop longs et je finis toujours par décrocher avant la fin. Ils n'ont même pas joué "Serpents Are Rising", mon titre préféré de la galette car le plus catchy. Cela dit, c'était tout de même loin d'être un mauvais show. Le groupe est jeune mais montre déjà une grosse expérience du live en occupant parfaitement la scène et en jouant avec ferveur et dynamisme. Et musicalement, c'est quand même du haut niveau si on aime le vieux heavy sombre à la Mercyful Fate et compagnie. Mais j'en attendais plus.


20h35-21h20: HOBB'S ANGEL OF DEATH

Si on m'avait dit un jour que je verrais Hobb's Angel Of Death en live! J'ai du mal à y croire! Bon ok, ça n'a jamais été le meilleur groupe de thrash de tous les temps (du sous-Slayer diraient les mauvaises langues) et tous les musiciens ne sont que des nouveaux (à part Peter Hobbs bien sûr). Mais ça fait quand même super plaisir de voir ce combo australien culte qui va d'ailleurs livrer une des meilleures prestations de la journée. Pourtant, Hobbs a pris un sacré coup de vieux. Je n'avais jamais vu de photos récentes et me souvenais seulement du livret de l'album éponyme de 1988 alors ça fait un choc! Mais le bonhomme, bien en voix, communicatif, content d'être là et précis dans son jeu, a encore de la ressource. Et il a su s'entourer de musiciens compétents qui donnent un coup de fouet aux compositions de son opus de 1988 ("Jack The Ripper", "Brotherhood", "Marie-Antoinette"...), le seul que je possède. Le son étant en plus clair et puissant, tout est réuni pour apprécier le show de l'unique groupe de pur thrash du festival. Seul petit reproche: avoir fini le set sur le mid-tempo "Marie-Antoinette" au lieu de nous achever sur un dernier dégazage. Pas de quoi gâcher la fête d'un public acquis à la cause de l'Australien qui le remerciera en brandissant un drapeau allemand avant de quitter une scène ravagée.


21h40-22h30: ACID KING

Je me doutais que Acid King ne serait pas pour moi mais j'ai tout de même tenu à assister à leur concert. Il s'agit après tout d'un vieux groupe réputé dont la magie, qui sait, pouvait opérer dans ces conditions exceptionnelles de festival à l'étranger. Cela a été le cas pendant 10 minutes avant que les tempos lourds et la monotonie des riffs aient raison de moi. Trio de San Francisco, Acid King joue du doom/stoner groovy et hypnotique aux morceaux assez longs et monolithiques, aérés de temps en temps par les lignes de chant planantes de la guitariste Lori. Ce que j'ai d'ailleurs préféré dans la musique des Californiens malgré la dégaine de camionneuse de la frontwoman. Pas suffisant toutefois pour me faire apprécier le show très longtemps puisque je ne peux m'enlever cette vilaine impression qu'Acid King répète encore et toujours le même riff. Après tout un après-midi passé sous un soleil écrasant à avoir mal au crâne, il m'était impossible de tenir. Peut-être aurait-il fallu que je prenne certaines substances dont le groupe traite dans ses paroles...


22h50-23h40: REPULSION

Le contraste avec Repulsion est saisissant. Après s'être farci du down/mid tempo halluciné pendant cinquante longues minutes, Scott Carlson et Matt Olivo, assistés du batteur Col Jones (Cretin, Dekapitator), vont nous envoyer du blast à n'en plus savoir quoi faire et enchaîner les classiques à tour de bras. Jouissance ultime! On a sans doute eu le droit à l'intégralité du cultissime Horrified ("Acid Bath", "Black Breath", "Maggots In Your Coffin", "Horrified", "Festering Boils" dédié à la mémoire de l'auteur des paroles...) et de la discographie du combo. Alors bien sûr, là aussi c'est un peu toujours la même chose. Mais putain qu'est-ce que c'est bon! Même à trois et sans trop bouger (quoique Matt Olivo avait bien la pêche), Repulsion dégage une énergie et une intensité incroyables grâce à des morceaux courts ultra efficaces qui vont droit au but entre blast-beats foudroyants à un pied et rythmiques entraînantes issues du punk et du thrash. Des pionniers du grind, Repulsion a toujours eu ma préférence par rapport à Napalm Death et Carcass. Sans doute parce qu'ils sont plus death et plus thrash. Les ex-Genocide, tout sourire, ont ainsi livré une prestation époustouflante qui va laisser le public ébahi par une telle démonstration. Cerise sur le gâteau, je n'avais jamais entendu un si bon son pour du grind! Scott Carlson remerciera d'ailleurs chaudement l'ingé-son pour le travail remarquable. C'était la première fois que Repulsion foulait le sol allemand. M'est avis que les Teutons se souviendront longtemps de ce blitzkrieg. LE groupe de la journée!


00h00-00h55: PORTAL

Cette première journée n'est cependant pas terminée puisque Repulsion n'est, bizarrement, pas tête d'affiche. Ce privilège est réservé à une étrange formation australienne qui fait le buzz depuis quelques années, j'ai nommé Portal. N'étant pas très fan du death metal ultra chaotique du groupe, même du petit dernier Vexovoid pourtant plus accessible, j'avais quelques doutes sur sa capacité à retenir mon attention, surtout après la déferlante Repulsion. Mais Portal est un groupe hors norme et je souhaite absolument assister à ce concert. Bien m'en a pris puisque le quintette m'a mis une baffe comme rarement j'en ai prise. J'ai même presque éprouvé un sentiment de peur à l'arrivée sur scène des musiciens. Ceux-ci sont tous cagoulés en noir (ça m'a rappelé Manhunt!), l'un des deux guitaristes portant même un nœud coulant autour du coup, et encadrent le frontman déguisé, non pas avec une tête d'horloge comme j'avais pu le voir sur certaines vidéos, mais en abomination lovecraftienne aux griffes tentaculaires et recouverte d'un voile noire intégral. C'est visuellement saisissant, en particulier de la fosse pour photographes. Mes poils se hérissent en assistant à ce qui s'apparente à un rituel du fonds des âges à la gloire d'une entité extraterrestre entourée de ses esclaves humains. L'utilisation massive de fumée et les lights monocolores (beaucoup de rouge puis du vert et un peu de bleu) renforcent l'impression de cauchemar lovecraftien. L'aspect théâtral de Portal occulterait presque la musique! Presque car j'ai été plus convaincu en live que sur CD. J'en ai même oublié l'aspect déstructuré difficile à suivre et le côté ultra dense pour me laisser emporter par un torrent inouï de brutalité et d'evilitude. Je suis même ébahi par la complexité et la vitesse des parties de guitares qui ne m'avaient pas semblé si "techniques". L'endurance sera pourtant vitale pour les guitaristes dont les mains et les doigts s'activent en permanence à des vitesses parfois hallucinantes sur leurs instruments à huit cordes. Autre bonne surprise, le son, d'une clarté absolue. Moi qui avais peur d'une bouille infâme, j'ai vite été rassuré. C'était même plus distinct que sur les albums! Évidemment, pas de communication avec le public, ça casserait le mythe. Simplement un lever de poing de deux membres à un moment. En parlant de public, tout le monde n'apprécie pas car la fosse se vide progressivement. Dommage mais je peux comprendre. Portal, ce n'est pas pour tout le monde après tout. Moi, j'ai été subjugué de l'entrée du groupe sur scène à la sortie dix minutes plus tôt que prévu des musiciens, un par un, déposant leur instrument sur le côté au même endroit pour achever le rituel, et laissant ensuite le Grand Ancien quitter seul et lentement notre monde pour retourner dans sa dimension parallèle.


C'est sur cette prestation complètement démente de Portal que se termine la première journée du Hell's Pleasure 2013. Un bilan positif avec des grosses tueries (Verminous, Hobb's Angel Of Death, Repulsion, Portal) et quelques bonnes surprises (Dead Lord, Vomitor), entaché toutefois de quelques déceptions (In Solitude, Irkallian Oracle, Bölzer) et désintérêt (Acid King). On pourra aussi pointer du doigt le service bien trop lent du bar ou le manque de dynamisme du public majoritairement allemand. La météo étouffante n'a pas été non plus de tout repos. Des points négatifs vite oubliés par la qualité des concerts, du merchandising et même de la nourriture pas trop dégueulasse. J'ai particulièrement apprécié la barquette de frites après Portal.

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