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Opeth + The Vintage Caravan

Live report

Opeth + The Vintage Caravan Le 11 Novembre 2019 à Paris, France (Olympia)
De petite association rennaise organisant ses premiers concerts dans des salles comme les Tontons Flingueurs ou l’Antipode (Marduk, quand même), Fred et sa petite bande sont devenus depuis déjà plusieurs années des acteurs incontournables de l'événementiel dans le domaine du Metal extrême et de ses dérivés. Que ce soit à Paris ou ailleurs en France (Rennes, Nantes, Lyon...), nombreuses sont aujourd’hui les dates proposées par la structure bretonne qui célébrait l’année dernière ses vingt-ans d’activité. Si cette histoire débutée en 1998 a connu son lot de moments clefs mais aussi de déconvenues et de tracas, nul doute que ce lundi 11 novembre 2019 restera l’une des plus belles réussites de l’association. Parce que même si faire jouer OPETH à l’Olympia n’est pas spécialement une fin en soit, c’est quand même le signe qu’on a les reins suffisamment solides pour porter de A à Z une telle organisation dans un lieu aussi mythique. Et ça, tout le monde l’a très bien compris à commencer par THE VINTAGE CARAVAN et OPETH, tous les deux plus que ravis de pouvoir fouler les planches de cette salle qui a quand même accueillie des artistes tels que les Beatles, Jimi Hendrix ou bien encore les Rolling Stones.



Comme cela avait été annoncé par Garmonbozia, c’est à 20h00 pétantes que montent sur scène les Islandais de THE VINTAGE CARAVAN, groupe de Hard Rock 70’s signé chez Nuclear Blast depuis 2015 et la sortie de son troisième album intitulé Arrival. Le trio, plutôt jeune, ne cache pas son enthousiasme alors qu’il prend possession de ses instruments occupant la première partie d’une scène déjà partiellement chargée par le matos (camouflé) d'OPETH. Si je n’ai encore jamais posé mes oreilles sur la musique du groupe, il y a quand même quelques signes qui ne trompent pas : chemises imprimées ouvertes jusqu’au nombril ou presque, petits gilets en cuir marron ou en velours noir avec franges, logo à la typo psychédélique... Bref, à ce stade la soirée, sans en avoir encore entendue une seule note, il ne fait toutefois aucun doute que le groupe joue la carte d’un Hard Rock à l’ancienne inspiré par les Led Zeppelin, Deep Purple et compagnie. Une première partie a priori taillée pour le rôle puisqu’OPETH, à sa manière et cela depuis maintenant une dizaine d’année, a laissé ses influences progressives de cette décennie largement s’immiscer dans sa musique.
Première chose, le son est impeccable. Puissant mais pas trop fort, d’une lisibilité exemplaire sans pour autant perdre en caractère. Finalement, seule la guitare aurait peut-être méritée d’être davantage mise en avant dans le mix. Celui-ci va en tout cas permettre à THE VINTAGE CARAVAN de transmettre son enthousiasme auprès d’un public encore un peu timide mais néanmoins des plus réceptifs. D’ailleurs, à en croire les quelques t-shirts que j’ai sous les yeux, les Islandais jouissent déjà d’une solide réputation auprès du public français qui malgré sa réserve des débuts se laisse rapidement emporter par l’énergie de ce trio. Si le batteur, coincé derrière son petit kit, n’est forcément pas des plus expressifs malgré ses sourires adressés à la foule, ses deux compagnons eux, le sont nettement plus à commencer par ce bassiste au bel instrument qui n’hésite pas à donner de sa personne pour motiver un public plutôt docile. Au fur et à mesure que les titres s’enchaînent, les deux musiciens en capacité de bouger vont explorer la scène dans les limites du raisonnable, notamment parce qu’avec un câble attaché à sa guitare il est compliqué de traverser la scène de l’Olympia de long en large. Avec quelques remerciements entre les morceaux, THE VINTAGE CARAVAN déroule son Hard Rock dynamique et mélodique avec beaucoup d’aisance et pas mal d’efficacité (on appréciera notamment les chouettes soli dispensés par Óskar Logi Ágústsson). A la fin de ces quarante minutes, je ne suis pas certain d’avoir envie d’écouter ce que ces jeunes islandais proposent sur album (les huit titres exécutés par le groupe ce soir m’ont paru un poil trop facile pour me donner le goût d’y revenir) mais en guise de première partie, on a déjà connu beaucoup plus pénible et bien moins convaincant.

Vingt minutes, c’est le temps qu’il faudra patienter avant que résonne "Livets Trädgård", introduction plutôt surprenante du nouvel album d’OPETH sorti fin septembre. Ces quelques minutes vont permettre aux Suédois de prendre place derrière leurs instruments, Mikael Åkerfeldt et Fredrik Åkesson au premier plan, le premier à droite et le second à gauche alors que Martín Méndez, Martin Axenrot et Joakim Svalberg prendront position derrière, sur leurs estrades respectives (la plus haute, celle du milieu, étant réservée au batteur Martin Axenrot). Au pied de ces estrades et derrière la scène, des écrans qui durant tout le set des Suédois vont diffuser des images essentiellement axées autour des éléments que sont l’eau, l’air, le feu et la terre avec également quelques images de notre planète, de l’espace mais aussi de Stockholm sur lesquelles le groupe fera justement son entrée. Après une nuée d’applaudissements, OPETH entame sans surprise son set par le titre "Svekets Prins" chanté en suédois (comme d’ailleurs tous les titres issus de In Cauda Venenum). Premier constat, même si le son a conservé cette puissance évoquée plus haut, il perd malheureusement en précision (le clavier de Joakim Svalberg en fera d’ailleurs pas mal les frais), rendant forcément un peu plus compliqué l’immersion dans l’univers d’OPETH. Dommage pour un tel événement même si, dans l’ensemble, il n’y avait pas de quoi crier au scandale. A priori, les gens situés au balcon n’ont pas eu ce souci alors qu’en fosse, nombreux sont ceux à avoir ressenti cette gêne...



D’habitude extrêmement bavard, Mikael Åkerfeldt reste jusque-là muet comme une tombe. Il faudra attendre l’annonce du quatrième morceau pour retrouver la verve de ce pince-sans-rire. Je ne vais pas vous faire la liste de tous les sujets abordés ni de ses multiples blagues, sachez juste qu’il a beaucoup été question de son chapeau le faisant ressembler à un amish et de son extrême satisfaction à fouler enfin les planches de l’Olympia (et quelques autres sujets comme vomir dans la bouche de ses fans et autres sollicitations reçues continuellement par le groupe en live). Si on a pu par le passé lui reprocher de couper la dynamique de ses prestations avec un peu trop de parlottes entre chaque morceau, je trouve pour ma part que cela apporte une certaine proximité avec le groupe qui est loin d’être désagréable, surtout devant un parterre entièrement dédié à la cause d’OPETH. Des fans qui seront plutôt bien servi puisque le groupe va piocher dans l’essentiel de sa discographie (enfin à partir de Blackwater park) avec des titres tels que "The Leper Affinity", "Reverie/Harlequin Forest", "Hope Leaves" ou "Deliverance" sur lesquels Åkerfeldt se fera un plaisir de growler comme en 40. Parfait pour alterner avec les morceaux plus progressifs et à l’esprit 70’s évident que sont "Nepenthe" (introduit par un petit laïus autour de Magma), "Hjärtat Vet Vad Handen Gör", "Moon Above, Sun Below" ou l’excellent "Sorceress" interprété en rappel. Clairement, le groupe est à l’aise et c’est plutôt un grand plaisir de les regarder s’affairer avec talent sur leurs instruments respectifs. On appréciera également la qualité du jeu de lumière tout au long du set qui viendra mettre l’emphase quand il le faut sur le musicien alors à pied d’œuvre (lumière blanche mettant ainsi en avant Fredrik Åkesson ou Mikael Åkerfeldt lors de solos ou de prises de paroles). Sur la fin du set, Åkerfeldt ira ce petit exercice désuet qui consiste à présenter un par un chacun des membres de la formation, ce dernier exécutant dans la foulée un petit coucou à l’adresse du public et pour Martín Méndez, suite à l’insistance du patron, une brève et funky démonstration de son talent. Sauf que voilà, volontairement ou pas, monsieur Åkerfeldt a complètement zappé de présenter son batteur, le pourtant talentueux Martin Axenrot... Pas rancunier, celui-ci introduira pourtant "Deliverance" pour un dernier baroud d’honneur avant de clôturer un set de près de deux heures chaleureux rondement mené.

Le cadre, le groupe, la setlist... Autant de raisons de se réjouir de ce concert généreux et fort sympathique. Dommage que le son ait montré quelques faiblesses n’ayant pas permis de faire de cette soirée (en tout cas de là où je me situais) un événement aussi magique qu’attendu. Pour autant, je ne peux pas dire que j’ai boudé mon plaisir, bien au contraire. Ce fût même de chouettes retrouvailles après tant d’années passées à ne plus se croiser. Quoi qu’il en soit, big up à Garmonbozia pour cette très jolie date dans ce lieu mythique. Un exercice que les Bretons vont d‘ailleurs très vite renouveler avec le prochain concert parisien de Wardruna. Vivement qu’ils y fassent jouer Dying Fetus ou Revenge !

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