Rotten Brain - Rotten Brain
Chronique
Rotten Brain Rotten Brain (Démo)
Parler d’un groupe tel que Rotten Brain, c’est à la fois se rappeler d’où vient le death metal , et de ce qui nous fait vibrer dans ce style. C’est également se souvenir qu’à ses origines, ce genre ne requérait pas de technique à outrance, de vitesse supersonique ou de slams plus lourds qu’un kougloff concocté par Maité.
Et malgré leur jeune âge, les loustics derrière ce projet bicéphale l’ont bien compris. Qu’importe qu’ils n’aient pas assisté à l’émergence de la scène, Darkness Prevails (guitare/chant/basse) et Eddy (à la batterie, pour ceux qui seraient déjà perdus), semblent être venus au monde pour créer ce genre de musique, avec puissance et passion. Cela parait si naturel qu’on croirait leurs ADN mixés à des brins d’autrefois, quand le metal était autre et que le death parlait de mort et de décrépitude.
Les choses se mettent en place dès l’entame de « Beauty Of Decay » où les quatre minutes et quelques donnent au morceau le temps de se développer, tout d’abord dans un esprit très…Chuckschuldineresque justement (à la « Infernal Death » sur « Scream Bloody Gore », mais en plus lent et vicelard), avant qu’une accélération plus foudroyante qu’un atémi de Steven Seagal ne vienne te faire le coup du lapin. Premier titre donc, et première réussite. Le pari est déjà gagné, et vous êtes coincés, obligés d’aller jusqu’au bout de cette petite vingtaine de minutes de démonstration (oui c’est une démo, elle est facile) et de maitrise d’un style pourtant visité et revisité au fil des décennies.
Mais c’est qu’on aime ça. Ils le savent et nous donnent donc ce qu’on est venus chercher : du death à l’ancienne, des vers plein la bouche, des souvenirs plein la tête, avec le p’tit parfum de caveau qui va bien sous les bras. Nous continuons donc notre descente dans le fond du trou, flirtant avec la folie pure -« Mad In The Madhouse », déjà paru sur split l’année dernière-, ou accompagnés par des relents d’Autopsy (« Embedded On Grave »).
Le début de la face B se présente tout aussi bien que la fin de la A, avec ce « Theater Of Horror » aux riffs tortueux et à la bourrinerie omniprésente. Un des titres les plus vénères, matraqué sans répit mais avec de bonnes variations disséminées et une durée idéale. Cette piste, à l’instar des autres, est portée par un chant assez original et très efficace. Darkness Prevails l’utilise avec parcimonie, ce qui fait que les chansons ne dégoulinent pas de vocaux. A nouveau la preuve que ce groupe sait où il va, et utilise ses avantages à bon escient, montrant plutôt que démontrant, quand souvent les jeunes groupes veulent en mettre plein la tronche sans maitriser la faciale.
Le son dans son ensemble est très caverneux et granuleux, mais également très aéré, avec notamment cette basse qui sonne et n’est pas bouffée par les fréquences graves du mix. Un beau tour de force lorsqu’on sait que tout a été fait maison ! Le Temps passe très vite, entre tempi pachydermiques, passages speedés, puis encore et toujours ce passage qui te fait bouger ton boule et ce riff qui fait mouche.
Tout fonctionne ici à merveille et nous présente un groupe qui sait d’où il vient et où il veut aller, qui sait ce qu’il fait, ce qu’il veut et comment y arriver. Très peu de défauts notables, au pire ce « Torture » un peu plus anecdotique car constitué de riffs peu transcendants et tournant en rond, la faute à une structure inaboutie et répétitive, ou cet excellentissime « Slow Agony » qui aurait mérité un peu plus de visibilité et de voir sa durée rallongée. A n’en point douter, un groupe à suivre et à supporter.
Un pur régal donc et une superbe découverte, et qui devrait plaire à tout amateur de Death (un peu) /Autopsy (beaucoup)/old Incantation (…et non je ne le dirais pas ; z’etes amoureux ou quoi ?).
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