Particulièrement enthousiaste à l’idée de découvrir et de chroniquer
L’Esprit Des Vents il y a déjà presque quatre ans, je dois vous avouer ne pas avoir ressenti le même intérêt à l’annonce de la sortie de
Pierres Brûlées paru en septembre dernier chez Les Acteurs De l’Ombre Productions... Si les raisons de ce désintérêt passager me paraissent floues pour ne pas dire inexpliquées puisque comme vous pouvez le constater sur votre droite cela n’a rien a voir avec la qualité de ce quatrième album des Auvergnats, voilà en tout cas pourquoi malgré l’enthousiasme général et les nombreux retours positifs qui l’entourent ce n’est que quatre mois après les faits que paraît enfin cette modeste chronique...
Composé en pleine pandémie,
Pierres Brûlées est né d’une évidente frustration face à l’isolement et à l’éloignement géographique des quatre membres du groupe bien incapables de se réunir pour jouer ensemble. Mais plutôt que de ruminer sur leur sort, les membres d’Aorlhac dont le line-up a d’ailleurs été quelque peu remanié avec l’arrivée en 2018 de Simon Brette (guitare, chant) et Xavier Chautard (batterie), ont décidé de faire contre mauvaise fortune bon coeur quitte à sortir de leur zone de confort en accouchant d’un album spontané, composé dans une espèce d’urgence qui en effet ne leur ressemble pas vraiment (pour rappel, huit années séparent tout de même
L’Esprit Des Vents de son prédécesseur). Illustré une fois encore par le Français Stan W. Decker,
Pierres Brûlées renoue évidemment avec cette approche territoriale très chère à la formation d’Aurillac tout en recentrant néanmoins le débat autour des régions du Cantal et de l’Auvergne où vivent la plupart des membres du groupe. Si ce titre est une référence directe au sommet de Peyre-Arse, à ses chaos rocheux et à sa condition de massif volcanique, les paroles vont également délaisser dans une certaine mesure l’histoire, ses figures emblématiques et autres légendes occitanes pour se pencher de manière plus ou moins concrète sur ces terres froides, austères et désolées ainsi que sur ces monts érodés qui encore aujourd’hui font la fierté de ses habitants comme l’attestent ces
"Salut à toi, Puy de Dôme! Salut à toi, Puy Mary!" scandés la main sur le coeur, un genou au sol sur l’excellent "Au Travers De Nos Cris". Certes, il ne s’agit pas là de changements drastiques altérants la formule des Auvergnats mais après cette trilogie du vent, on appréciera néanmoins de voir Aorlhac aller explorer de nouveaux horizons tout en restant fidèle à ses origines, son terroir et son patrimoine historique et culturel.
Si une petite brise de fraîcheur souffle donc sur ces neuf nouvelles compositions, il n’est pourtant pas inexacte de dire que rien n’a vraiment changé du côté des Français dont on reconnaît très vite la patte, l’intensité et le niveau d’engagement. D’ailleurs, loin de cet album plus "heavy" annoncé par la formation après la sortie de
L’Esprit Des Vents, les Français renouent avec ce Black Metal particulièrement soutenu qui a fait en grande partie le succès de son prédécesseur. Une urgence telle que l’on en vient même à déceler ici ou là quelques accointances Speed / Punk comme par exemple sur "Vingt Sièges Cents Assaut" (notamment sur l’entame), "Nos Hameaux Désespérés" à 1:42 et surtout "La Guerre Des Esclops" avec ses accélérations entrainantes à base de tchouka-tchouka à partir de 2:21. Cette musique racée et épique menée l’Opinel entre les dents et les tripes à l’air va avoir à coeur de transporter l’auditeur sur ces terres auvergnates afin de toujours mieux en percevoir la richesse, la beauté et le fort caractère. À ce titre, saluons la très convaincante prestation de Spellbound qui à l’image de cette musique menée tambour battant, ne manque ni de conviction ni de sensibilité. Épaulé de temps à autre par un Wÿntër Ärvn avec lequel il va parfois prendre un malin plaisir à jouter verbalement, notre homme va participer à sa manière à amener un peu de cette rage, de cette âpreté et de cette sensibilité à fleur de peau qui caractérise le Black Metal d’Aorlhac.
Et si les Auvergnats réussissent à maintenir ce degré d’intensité sur plus de cinquante-trois minutes, les moments moins tendus ne sont pas rares. De "La Colère Du Volcan" à 1:28 à "Au Travers De Nos Cris" à 5:20 en passant par "Nos Hameaux Désespérés" à 1:42, "Nos Âmes Aux Mornes Idées" mené le pied levé ou "Averses Sur Peyre-Arse" qui fait ici office d’interlude acoustique et instrumental, la formation auvergnate n’hésite jamais à lever le pied afin d’offrir autre chose à ses auditeurs qu’une succession de blasts, de riffs tricotés à toute berzingue et de hurlements âpres et rageurs. Une variété rythmique qui ne dénature en rien la force du propos d’Aorlhac (au contraire, ces moments permettent d’apporter une certaine sensibilité) ni même le degré d’intensité de ce quatrième album et qui par ce jeu de dynamiques subtilement opposées va permettre à
Pierres Brûlées de ne pas sombrer dans une trop grande linéarité malgré la longueur de certains titres (parfois plus de huit minutes) et plus globalement d’une durée que certains pourraient juger "excessive", notamment à une époque où tout se doit d’aller très vite et où les moments de "moins bien" se retrouvent alors relégués aux oubliettes...
Bien moins pressé de m’immerger en terres auvergnates qu'il y a presque quatre ans, j’ai donc particulièrement tardé à me lancer dans la découverte de ce quatrième album qui pourtant ne démérite pas un seul instant. On retrouve en effet à l’écoute de
Pierres Brûlées les mêmes qualités que son prédécesseur qui avec aisance avait réussit à se hisser au rang d’album de l’année (parmi d’autres) à l’heure du bilan 2018. Sauf que cette année ce n’est pas le cas en ce qui me concerne… Alors quoi ? Eh bien à vrai dire je n’en sais trop rien. Il semble que le soufflet soit un petit peu retombé. Pas de grand chose hein car comme je viens de le montrer, ce nouvel album est une fois encore une très chouette réussite et la preuve que la scène française à encore de beaux jours devant elle mais néanmoins suffisamment pour que je me montre un poil moins enthousiaste à l’heure de lui coller une note. Peut-être une certaine redondance dans le propos, peut-être une certaine absence de mélodies aussi marquantes et épiques que sur
L’Esprit Des Vents (peu de solos et finalement moins de moments capables de me hérisser le poil comme ce fût le cas précédemment) ou bien peut-être que j'attendais aussi de la part du groupe qu'il aille un petit peu plus loin en cultivant par exemple ces sonorités Heavy Metal déjà amorcées par le passé ou en utilisant quelques instruments d'époque ou de sa région ou que sais-je encore... En attendant, malgré les qualités évidentes de ce
Pierres Brûlées (intensité, âpreté, sincérité, passion, etc), je le place donc un tout petit peu peu en deçà de son prédécesseur qui pour moi reste à ce jour la pièce-maîtresse de la discographie des Auvergnats qui, pour rappel, frôle quand même le sans faute...
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