Pour devenir incontournable, un groupe a plusieurs options : être pionnier dans un style, avoir un niveau qui convainc le plus grand nombre, ou alors avoir de la persévérance.
ETHEREAL SIN est devenu incontournable pour la dernière raison. Formé au Japon en 1997 autour du chanteur Yama Darkblaze, il est longtemps resté dans l’ombre, sortant uniquement des demos jusqu’en 2009, année du premier album autoproduit. Malheureusement celui-ci souffrait d’un amateurisme total que même le groupe ne pouvait nier, et il s’empressa d’ailleurs de le retravailler 4 ans plus tard lors de la re-sortie sur un label compatriote. Par la suite, les albums n’ont pas été légion :
Millendium en 2013 et
Kakuriyo en 2019, tous deux chroniqués sur Thrashocore. Mais les Japonais ont toujours été actifs durant ces longues années, et les nombreux changements de line-up n’ont jamais atteint la passion, la motivation et l’ambition du leader. Il s’est toujours démené pour que son groupe se développe et soit enfin reconnu. C’est désormais chose faite. Certes, il est encore loin de ce qu’a pu réaliser
SIGH par exemple, mais au moins il est régulier dans son activité et son armée de fans n’a cessé de gongfler, atteignant plus de 30.000 abonnés à sa page Facebook par exemple. Mais surtout, ce qui montre que le groupe a franchi des étapes, ce sont ses concerts. Il tourne beaucoup à la maison, mais il a aussi eu l’occasion de faire des dates en Chine, en Corée, en Angleterre et devrait même participer à un festival en Finlande prochainement. Donc oui, pour cet acharnement depuis 25 ans
ETHEREAL SIN a mérité sa place d’incontournable… de la scène metal japonaise.
Et avec
Time of Requiem Part.1 il confirme enfin muscialement qu’il a le droit à cette place. Il a toujours eu une identité personnelle grâce à un black metal symphonique aux accents heavy et contenant des éléments de sa culture ou de sa langue comme sur cet album des instruments à sonorité japonaise, des discours historiques rajoutés, des déclamations très typées... Mais cette fois-ci, il arrive à les maîtriser sans faute et à montrer son visage exactement comme il l’a toujours souhaité. Et même si les choix peuvent ne pas sembler à notre goût, ils sont parfaitement assumés et plus rien n’est approximatif ou amateur. Car ça, je l’ai reproché auparavant ! Je ressentais quelque chose de bancal dans le résultat, ayant l’impression que le Japonais n’arrivait pas à reproduire correctement ses intentions. Il y avait la volonté, mais pas toujours de capacités. Du coup, je n’accrochais pas trop au fond, ni à la forme. C’est cette impression qui a disparu, parce que les idées sont mieux gérées, parce que l’expérience est passée par là. La vision du groupe est très claire et fidèlement reproduite le long des 11 titres.
J’aurais aimé plus de passages sonnant japonais, mais c’est le choix d’
ETHEREAL SIN de ne pas le faire. Je n’aime pas trop le timbre pris par la voix, mais c’est celle souhaitée. Je trouve que plusieurs passages sont bien trop enlevés et clairs, mais là encore c’est une affaire de préférences... Et tout cet album, c’est ça : on peut ne pas aimer, mais on ne peut plus dire que c’est la formation qui pose problème...
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