Abbath - Dread Reaver
Chronique
Abbath Dread Reaver
Continuant régulièrement à défrayer la chronique autant pour ses frasques que pour la qualité toute relative de ses albums en "solo" le sieur Abbath a encore et toujours beaucoup à se faire pardonner, tant depuis son départ de sa formation phare il n’a cessé de s’enliser dans la médiocrité… même s’il faut bien avouer un léger regain d’intérêt avec
« Outstrider » qui contenait quelques moments sympathiques, à défaut de faire monter au plafond. Deux ans et demi après cet opus le revoilà avec le troisième volet de ses aventures personnelles qui vont être scrutées à la loupe afin de voir si l’inspiration musicale est au rendez-vous, et si elle est de meilleur goût que la pochette immonde dont on se demande si le costume n’est pas inspiré par le méchant d’X-Or (Lou IB-BMX-11 – pour les plus anciens d’entre nous) au look totalement fashion et du meilleur goût. Si évidemment Cristina Cordula ne manquera pas de s’égosiller en le voyant, on la laissera sans problème à son émission de fashion-victimes lobotomisées et hystériques pour se concentrer uniquement sur la musique, car après tout c’est bien cela qui compte au-delà de la dégaine parfois foireuse (LORDI, GWAR, POISON et STRYPER peuvent facilement en témoigner). Et de ce point de vue-là le Norvégien a décidé de s’éloigner un peu du style qui a fait sa gloire (et sonne comme sa marque de fabrique), pour aller vers quelque chose de plus direct et crade (la production va en porter malheureusement les stigmates - tant elle donne parfois la sensation d’être bordélique), un choix osé et qu’on peut saluer mais qui hélas ne va pas être à la hauteur. En effet ce patchwork d’influences où l’on retrouve autant MOTÖRHEAD que BATHORY va avoir du mal à captiver malgré la durée relativement courte de chacun des morceaux, vu que ça va être trop bancal pour convaincre pleinement.
Pourtant on a pu penser que cette galette allait avoir tout pour plaire vu que le classique et rythmé « Acid Haze » nous montre d’entrée une facette très balisée mais qui fait mouche avec sa vitesse constante et son entrain communicatif, sans pour autant que cela soit mémorable mais a au moins le mérite de faire le boulot correctement. Car dès la plage suivante (« Scarred Core ») les choses vont se détériorer de par un ensemble vite répétitif et redondant, malgré un gros côté Punk direct mais hélas peu inspiré. Si ça lorgne sans vergogne du côté du regretté Lemmy Kilmister tout cela n’en a nullement la saveur, tant ça donne la sensation de jouer dans le vide sans aucune passion et d’être là juste pour faire du remplissage et ainsi donner du grain à moudre à cet enregistrement, qui décidemment ne va pas rassurer les fans les plus optimistes. D’ailleurs à la suite de cela le surprenant « Dream Cull » va laisser un sentiment ambivalent, à savoir celui de sortir des sentiers battus notamment via son introduction acoustique qui sent bon l’Espagne et sa mélancolie ainsi que par l’ajout de courtes parties tribales sympatoches, mais dont le reste trop balourd ne convainc absolument pas à l’instar de « Myrmidon » qui malgré le retour de la vitesse et du blizzard est trop linéaire pour captiver totalement. Néanmoins alors qu’on n’attendait plus grand-chose on va être relativement étonné de la qualité de la doublette « The Deep Unbound » / « Septentrion » qui voit le retour à de la valeur sûre tant ça sent le IMMORTAL à plein nez, tout en étant ponctué de nombreuses variations rythmiques où brutalité et plans épiques trouvent facilement leur place, prouvant que son ancien leader a encore de la ressource et quelques bonnes idées à offrir.
Mais cela sera finalement l’ultime baroud d’honneur d’un cru 2022 sans éclat et trop diversifié pour qu’on ait un point d’accroche persistant, car le summum de la platitude arrive avec la reprise inintéressante du « Trapped Under Ice » de METALLICA qui malgré sa relative fidélité à l’original (tout en voyant l’ajout de la froideur si caractéristique) n’arrive pas à sa cheville et trouve même le moyen de sonner presque bordélique, un comble quand même ! Et ça n’est pas avec « The Book Of Breath » que l’attractivité va remonter et ce même si on y a cru quelques instants au début via ses plans épiques typiques et bien foutus mais qui vont être gâchés par un break infâme et hors-sujet, tout en ne parvenant jamais par la suite à retrouver leur rythme de croisière et leur attrait entendu trop peu de temps.
Se terminant par le pantouflard « Dread Reaver » ce long-format est clairement le plus déséquilibré et ennuyeux de son géniteur, et qui malgré la qualité du line-up à ses côtés n’a pas réussi à conjuguer les deux facettes proposées ici vu qu’elles n’arrivent presque jamais à cohabiter correctement. Comme à chaque fois on aura du bon et du moins bon mais il est évident que contrairement à ses prédécesseurs on reviendra moins fréquemment écouter ce nouveau chapitre, tant cet ensemble disparate fera finalement office de repoussoir prouvant que la grande époque du chanteur-guitariste est définitivement derrière lui. Du coup il ferait mieux de continuer à faire vivre son héritage passé sur scène plutôt que de s’obstiner à passer par la case studio dont tout le monde se contrefout désormais, même s’il devra désormais à l’avenir éviter les concerts dans un état d’ébriété plus qu’avancé tant il a déjà perdu beaucoup en crédibilité, et ça n’est pas encore cette fois-là qu’il risque d’en regagner.
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