Malgré la pléthore de labels aujourd’hui en activité, trouver celui avec lequel la collaboration sera aisée et fructueuse n’est pas toujours chose facile. Certains groupes, par dépit mais aussi et sûrement par souci de liberté et d’autonomie, prennent alors la décision de s’en affranchir. Un choix qui n’est probablement pas de tout repos puisque cela implique pour ces groupes de devoir se charger de tout un tas de questions d’ordre organisationnel (pressage, communication, vente et après-vente...) mais qui de fait leur offre la possibilité de gérer leur carrière comme bon leur semble avec les moyens qui sont les leurs. C’est ce choix qu’ont fait les Belges de Schizophrenia au début de leur carrière avec (
Voices), un EP sorti il y a bientôt trois ans et que la jeune formation a mené seule de bout en bout.
Malgré de nombreuses sollicitations à l'issue de cette première véritable sortie particulièrement engageante, la formation a choisi de conserver cette latitude de mouvements, collaborant avec des labels tels que Dying Victims Productions, Redefining Darkness Records, Wards Records, Napalm Records et Nuclear Blasts Records dans le seul cadre de pressages exclusifs limités par exemple à certains marchés uniquement (les États-Unis pour Redifining Darkness Records, le Japon pour Ward Records, etc). Ainsi, c’est une fois de plus en patron de sa propre petite société que le groupe d’Anvers a repris cette année du service avec la sortie en février dernier d’un premier album intitulé
Recollections Of The Insane.
Si le line-up n’a pas bougé d’un iota depuis
Voices, le groupe a néanmoins fait appel à quelques nouvelles têtes pour l’accompagner dans ses nouvelles aventures. C’est en effet Francesco Paoli (chanteur et guitariste de Fleshgod Apocalypse) qui signe la production de ces neuf nouvelles compositions bien que le mixage et le mastering aient une fois de plus été confiés à leur compatriote belge Yarne Heylen du groupe Carnation. Pour ce qui est de cet artwork largement inspiré par une célèbre scène du film The Exorcist, on le doit au serbe Stefan Todorović aka Khaos Diktator Design (Devourment, Innumerable Forms, Of Feather And Bone, Rothadás, Terrörhammer). Une illustration pour le moins engageante qui devrait donner envie à ceux qui n’ont encore jamais croisé la route des Belges de jeter une oreille au contenu de ce premier album.
En ce qui me concerne, si cette chronique arrive aussi tardivement, c’est principalement parce que je n’ai pas réussi à m’enthousiasmer autant que je l’aurai souhaité à l’écoute de ce
Recollections Of The Insane. Pourtant, on ne peut pas dire que Schizophrenia soit ici à côté de la plaque puisqu’une fois de plus le groupe délivre dans les grandes lignes un Death / Thrash tout ce qu’il y a de plus engageant. Le problème c’est que la formation en souhaitant ne pas reproduire à l’identique ce qu’elle avait déjà pu proposer par le passé (ce qui à près tout s’entend et se comprend tout à fait) à insuffler à ses compositions beaucoup (trop) de mélodies et de ralentissements à mon goût... De manière générale, s’il est aussi soigné et varié qu’il l’est dans le cas présent, ce genre de parti-pris ne me dérange absolument pas puisqu’il apporte bien souvent de la profondeur et de la nuance à l’ensemble. Malheureusement, la sauce a un petit peu plus de mal à prendre dans le cas de Schizophrenia dont la formule perd alors en impact ce qu’elle gagne effectivement en profondeur et en mélodie. Ainsi, malgré des qualités tout à fait indéniables (technique, exécution, pertinence...), certaines séquences comme constaté sur "Divine Immolation", "Cranial Disintegration", "Sea Of Sorrow" et ses nappes de clavier, "Onwards To Fire" à ou "Fall Of The Damned" vont perdre de cette force de frappe qui caractérise pourtant encore très largement la musique des Belges. Des séquences qui finalement tirent davantage du côté d’un Heavy / Speed / Thrash à la Hexecutor ou à la Sacrifizer que vers ce Death / Thrash redoutable et virulent façon
Beneath The Remains qui faisait tout le charme de
Voices.
Mais si je râle et que je regrette ce virage mélodique effectivement trop prononcé et quelque peu pénalisant vis à vis de l’efficacité globale de ce
Recollections Of The Insane, il est juste de préciser que ce premier album réserve tout de même (et ce d’ailleurs pour l’essentiel) de nombreux moments de bagarres et autres tabassages en règle. Plus que volontaire et généreux en la matière, le groupe belge y va ainsi franchement grâce, en grande partie, à une section rythmique tout sauf feignante. Lorenzo Vissol, désormais ancien batteur de Skelethal, continue ainsi d’impressionner (et de régaler) grâce à son jeu dynamique, varié et sacrément musclé. Entre salves de blasts pour le moins coriaces, cavalcades soutenues menées à la double pédale, séances de tchouka-tchouka toujours aussi efficaces, passages plus groovy et utilisation variées des cymbales, le bonhomme avance une fois de plus de sérieux atouts à faire valoir. Cependant il n’est pas le seul à briller puisqu’entre cette basse relativement discrète (sauf lorsqu’on lui laisse le lead comme sur les premières secondes de "Cranial Disintegration") mais dont on perçoit avec plaisir les assauts métalliques, les deux guitaristes qui riffent dur et à toute berzingue (quelque part entre le Slayer, le Kreator et le Morbid Angel des débuts) en nous régalant au passage (bah oui quand même) de nombreux leads et autres solos particulièrement sympathiques (ce chouette enchaînement entamé dès 1:10 sur "Divine Immolation" et son entame à la Morbid Angel, "Cranial Disintegration" à 2:15, "Sea Of Sorrow" à 1:37, "Monolith" à 2:37, "Souls Of Retribution" qui à partir d’1:52 s’étale tout de même sur plus d’une minute, "Inside The Walls Of Madness" à 2:29...) et enfin ce chant nerveux et arraché (avec en prime quelques growls ici et là) qui porte en partie l’urgence et l’intensité du Death / Thrash de Schizophrenia, il n’y a en vrai que des raisons de se réjouir.
Pourtant, il faut bien que je me rende à l’évidence,
Recollections Of The Insane n’est pas à la hauteur de ce que j’escomptais. Là où les Belges promettaient d’aller marcher sur les plates-bandes de Sepultura, Demolition Hammer, Solstice ou Epidemic, ces derniers ont préférés opter pour une approche sensiblement différente. Certes toujours très brutale mais néanmoins beaucoup plus contrastée grâce (ou à cause, c’est selon) de séquences mélodiques beaucoup plus présentes et prononcées. Si le travail réalisé est admirable (de la production à l’artwork en passant par ce flagrant effort de promotion à travers des clips peu inventifs mais néanmoins léchés, ces compositions soignées et cette exécution absolument impeccable qui ne souffre d’aucun véritable défaut), je n’arrive pas à m’emballer davantage à l’écoute de ces neuf compositions qui, si elle demeurent solides, ont perdu un petit peu de leur éclat (pas beaucoup mais un petit peu quand même).
3 COMMENTAIRE(S)
09/12/2022 18:39
09/12/2022 16:20
Mais il est vraiment bien cet album sauf qu'il y a trop de séquences mélodiques à mon goût haha
09/12/2022 15:25