Vous ne connaissez peut-être pas
7 H.TARGET, obscure formation russe de
brutal death metal technique et ce serait également mon cas si je n’avais pas eu le plaisir d’aller au
Netherlands Deathfest IV en 2019. Là, d’une, j’ai pris une fessée en assistant à leur prestation foudroyante, de deux je me suis rué sur le merchandising pour acquérir le t-shirt le plus immonde qui soit : celui orné de la pochette de «
Psy Slam Damage » où une drôle de bestiole humanoïde se fait péter la tronche. Un régal pour les yeux et, surtout, la classe ultime à porter.
Bon, vous ne connaissez pas le groupe, c’est un fait bien pardonnable. Mais vous avez sans doute entendu parler du label
Willowtip Records et là on sait que lorsqu’il s’agit de
death, les Américains se posent là : ils ont un catalogue d’enculés avec définitivement pas grand-chose à jeter. Aussi lorsque j’ai appris que notre trio de brutes allait sortir «
Yantra Creating », son quatrième album, chez eux, mon sang ne fit qu’un tour. Cela augurait une débauche de brutalité expérimentale qui me devenait absolument nécessaire. Pourtant, quelle ne fut pas ma déception de constater que le bassiste complètement dingue
Konstantin Korolev ne faisait plus partie du line up, alors que son jeu hallucinant incarnait selon moi toute la démesure, toute la folie de cette formation… Le chanteur aussi a changé, poste désormais occupé par
Igor Filimontsev de
KATALEPSY. Sur le papier, ce n’est pas mal mais il en faudra beaucoup pour me faire oublier les performances studios de ses prédécesseurs. Par conséquent, il ne reste donc d’origine que le batteur
Mikhail Panfilov et le guitariste
Alex Menshov qui s’occupe aussi de la basse ici. Est-ce que cela va avoir un impact sur la musique ? Evidemment que oui ! Comment pourrait-il en être autrement ?
Ce qui ne bouge en revanche pas, c’est ce goût douteux pour les pochettes colorées. Là on a droit à une espèce de version hallucinée de
« Kingdom Conspiracy » (
IMMOLATION), les amateurs de tape-à-l’œil apprécieront certainement cet effort graphique à la fois kitch et purulent. Autre chose qui ne change pas, c’est la durée riquiqui du LP : à peine trente-cinq minutes pour sept titres. Mais quand on sait que «
Psy Slam Damage » (2013), c’était seulement six titres torchés en vingt minutes, l’auditeur pourra s’estimer heureux. Et puis sait-on jamais, l’album sera peut-être une branlée d’anthologie ?
Les premiers instants d’« Aghori » sont rassurants : c’est toujours de l’hyper costaud. Les amateurs retrouveront donc leurs marques avec ce savant mélange de
brutal death saupoudré tel un bon curry masala de
slam destructeur, de ce côté-là c’est on ne peut plus solide. Je suis en revanche plus circonspect en ce qui concerne le délire du chant indien sur « Shiva Yajur Mantra » : me concernant, ce titre fait vraiment remplissage, dommage pour un disque aussi court. L’autre constat est que je trouve que le son est devenu bien trop générique. Il est certes plus audible mais on y perd en originalité, en sauvagerie également, soit tout ce qui faisait de «
Psy Slam Damage » un monstre sanguinaire, avec sa caisse claire en poêle à frire et sa violence constante frisant l’absurde. Entre temps, il est vrai que «
0.00 Apocalypse » était déjà revenu vers des choses plus convenues en matière de production mais il subsistait un truc personnel… Là, nous sommes sur quelque-chose de surcompressé, très étouffé, trop
slam en fait, tout du moins dans le rendu sonore. Le chant d’
Igor Filimontsev n’arrange rien : son registre davantage
deathcore / metalcore que purement guttural amène souvent les compositions sur un terrain moins séduisant que par le passé, trop « moderne » peut-être… Par conséquent, même si derrière les mecs tricottent comme des bœufs et balancent plan technique sur plan technique, nous perdons beaucoup de la saloperie viciée d’antan, l’étiquette
core tendant à supplanter celle de
metal.
Pour le reste, il faudra quand même reconnaître que l’on arpente souvent, dans «
Yantra Creating », les sommets de la deuxième division. Dans ce style, les compositeurs ont clairement un supplément de créativité qui fait souvent défaut aux formations les plus extrêmes, la perte de
Konstantin Korolev ne se faisant finalement que peu ressentir, tout du moins en studio. En revanche, le lissage du propos, pour ne pas dire son conformisme, pourrait en dépiter certains, à commencer par moi, les quelques tentatives pour intégrer des influences indiennes me laissant pour le moment sur ma faim. Cependant, comme il semblerait qu’il s’agisse là d’une évolution aussi spirituelle que musicale pour le groupe, nous pouvons espérer qu’à l’avenir l’équilibre soit meilleur mais, surtout, faites en sorte de ne pas devenir l’un de ces horribles groupes de
technical deathcore.
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