Blodtår - Det Förtegna Förflutna
Chronique
Blodtår Det Förtegna Förflutna
Parmi les innombrables espoirs à suivre au sein de la nouvelle scène Suédoise BLODTÅR a de beaux arguments à faire valoir, et ce même si à l’heure actuelle le binôme reste bien mystérieux tant on ne sait pas grand-chose de lui et de sa ligne directrice. Car il y’a un peu moins d’un an et demi celui-ci nous avait offert sur son Ep éponyme un mélange étonnant mais agréable de Black Metal rudimentaire complété par des lignes Folk et acoustiques, qui lorgnaient autant vers le grand DISSECTION que du côté du moyen-âge. Mélangeant habilement la violence électrique avec un certain sens de la mélodie et de la douceur le combo avait dévoilé une certaine habileté dans son écriture au milieu d’un classicisme efficace, même si des doutes persistaient quant à la continuité de son attractivité sur une durée plus importante. Du coup ce long-format très attendu est l’épreuve du feu pour les deux acolytes vu qu’on va enfin savoir si leurs bonnes choses entrevues vont se confirmer, ou si au contraire le résultat final ne va pas être à la hauteur des attentes de par une redondance musicale ou des excès musicaux divers. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on ne va être nullement déçu du résultat global, car il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce disque qui va reprendre ce qui a déjà été fait auparavant tout en se faisant plus mature, sans pour autant y perdre en accroche et fluidité.
Car afin de donner le ton dès le départ l’entité va balancer directement une de ses meilleures plages (« En Krona Av Is ») qui va jouer sur les deux tableaux en démarrant par une ambiance médiévale assumée (complétée plus loin par un break acoustique très réussi), avant que la suite ne joue sur la variété rythmique d’où émerge des accents épiques profonds et entraînants propices au secouage de nuque en règle. Si l’on retrouve totalement le charme de la jeunesse de la précédente réalisation on s’aperçoit quand même que le groupe a passé un cap au niveau de l’expérience comme de l’écriture, tant tout cela sonne plus affirmé et sûr de son coup tel que « Ur Mörker » va le démontrer. Si on avait remarqué que la nostalgie et la mélancolie de cette époque où les chevaliers et châteaux-forts régnaient en maître n’étaient jamais bien loin, ce ressenti va ici apparaître plus visiblement tant c’est triste et sombre et porté par un tempo plus lent et rampant qui laisse la part belle aux émotions. Celles-ci vont d’ailleurs trouver leur paroxysme sur la doublette de clôture (« Uttala Dess Namn » / « En Brynja Av Barr ») qui va donner une fameuse envie d’en découdre avec les ennemis, tant c’est entraînant au possible avec ces passages mid-tempo affûtés comme il faut et ses envolées de haine à fond la caisse, mais où les émotions restent audibles au milieu de ce déluge sonore. Car si la haine transparait de partout il y’a toujours cette touche apaisante auquel on peut se rattacher qui amène de la lumière au milieu de l’orage nocturne et neigeux - à l’instar du virulent et plus débridé « Den Fördärvande Sorgbundenheten », qui offre un gros panel rythmique rondement mené et avec brio.
On remarque donc que même si l’influence du regretté Jon Nödtveidt reste toujours active (comme avec les deux interludes apaisants qui renvoient automatiquement vers « The Somberlain ») celle-ci se dissout légèrement dans la masse électrique et énervée, sans pour autant que cela ne nuise à l’ensemble ni à l’identité sonore des deux compères. La preuve encore une fois via l’imparable « I Avgrundens Djup » au son local très prononcé et à la force constante où la sobriété pourtant déjà bien présente est encore plus marquée, vu que ça joue sur le grand-écart massif et intense où l’on pourrait croire que ça provient de chez AVSLUT… avec surtout la même qualité que le quintet de Stockholm. Et même si le neigeux et glacial « Skymning » se révèlera un peu en dessous du reste (malgré un rendu plus que satisfaisant mais un peu en roue-libre), il n’y a absolument rien à jeter ni de lassant sur cette galette qui remplit totalement son rôle et se montre très aboutie de bout en bout, ne laissant aucun doute désormais sur la qualité intrinsèque de ses géniteurs.
Car sans sortir d’une vision classique du style ceux-ci réussissent néanmoins à surprendre sans trop s’éloigner des chemins balisés, afin de surprendre sans pour autant dérouter ni risquer la sortie de route regrettable et évitable. Techniquement simple en proposant de longues plages instrumentales hypnotiques et lancinantes (et facilement assimilable pour l’auditeur) ce long-format recèle d’arguments positifs pour emporter son auditoire dans un tourbillon hivernal où il voyagera plusieurs siècles en arrière (même si cela est disséminé avec parcimonie). Tout cela fera qu’on appréciera intégralement cette réalisation d’une grande sobriété et qu’on réécoutera régulièrement dans n’importe quelle situation, que l’on soit en mode attentif comme en dilettante… preuve que la qualité du royaume de Carl XVI Gustaf ne se conteste pas (ou plus) depuis un bon moment désormais et c’est tant mieux.
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