Allochiria - Commotion
Chronique
Allochiria Commotion
Après s’être offert une certaine visibilité avec le très bon
« Throes » on avait fini par oublier le quintet d’Athènes, vu qu’il aura franchement pris son temps pour revenir aux affaires avec un nouvel opus attendu et qui se cale dans la droite ligne de son prédécesseur. Car celui-ci aura mis six ans à voir le jour... période où les membres du combo ont vaqué à d’autres occupations pour conserver la flamme, avant de finir par se retrouver pour composer et repasser par la case du studio. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette longue pause leur a été bénéfique vu que ce troisième album est clairement le meilleur jamais enregistré par leurs soins, et permet à leur Sludge/Post Metal d’aller vers de nouvelles contrées inexplorées et d’offrir ainsi une plus grande densité à leur musique. Difficile en effet de ne pas penser régulièrement aux DEFTONES sur certains passages atmosphériques comme du côté de riffs massifs inspirés visiblement par Stephen Carpenter, mais sans pour autant tomber dans le plagiat et copie stérile vu que les Grecs ont leur propre style qui a pris de la maturité aujourd’hui et s’est étoffé sans pour autant s’éloigner des sentiers battus.
D’ailleurs on ne peut pas dire qu’il y’ait eu une prise de risque sur « We Have Nothing » qui reprend les éléments typiques du genre, entre rythmique bridée au rendu écrasant et grassouillet complétée par une sensation de brouillard difficilement pénétrable. Exécuté de façon simple ce titre d’ouverture fait néanmoins totalement le métier montrant que la formation n’a rien perdu du côté de l’écriture malgré la longue attente, et cela va aller crescendo au fur et à mesure de l’avancée du disque qui ne va cesser de se densifier et de gagner ainsi en force comme en accroche. Car si « 9 » est la suite logique de la compo précédente on y entend cependant l’ajout d’une batterie en cassure au rythme légèrement plus énergique, tout en voyant un voile nuageux apparaître du côté des riffs afin de jouer autant sur la noirceur que le grisâtre qui tend vers le blanc. La couleur immaculée va effectivement avoir tendance à vouloir se mettre en avant, et ce principalement sur le lumineux « Still Life » aux plans syncopés et propices au headbanging mêlés à une certaine ambiance spatiale qui amènent ainsi des moments éthérés apaisants, et surtout totalement en raccord avec les plans plus énervés. Décidément cette première moitié de long-format va réserver des surprises et de l’étonnement... mais toujours de façon cohérente et sans jamais franchir la ligne rouge rédhibitoire, preuve en est l’apaisé et apaisant « Shedding Character » qui emmène dans un long et beau voyage où la mélancolie et la douceur ont droit de cité. Gardant sa trame grassouillette et lourde l’entité va voir sa technique augmenter tout en proposant nombre de variations et de breaks, offrant un rendu à part mais totalement en raccord avec son idée à l’instar du tout aussi excellent « Ocean » au dynamisme de croisière et qui voit la nuit être totalement impénétrable.
S’alourdissant très fortement ce morceau inquiétant au possible clôt une première partie abondante et impeccable et qui ne va faire tache par rapport à la seconde qui arrive une fois l’interlude terminé, et où le rendu va encore grimper... notamment sur le chaud et massif « Casualties » à l’univers un peu atypique. Car jouant le grand-écart à fond il va mettre en exergue tous les sens de l’auditeur qui ne va plus savoir à quel saint se vouer, vu que ça ne va pas cesser de jouer les montagnes russes aussi bien au niveau du tempo que des arpèges et notes guitaristiques qui jouent autant sur l’obscurité que le soleil, le tout avec une durée musicale plus longue mais jamais linéaire. Car les Athéniens ont parfaitement compris qu’il ne vaut mieux pas s’éterniser afin de garder l’auditeur près d’eux, et ils ont bien fait vu que malgré cela on a parfois l’impression de réentendre tels plans ou notes repris des plages précédentes, qui peuvent donner l’impression de se recycler. Néanmoins cela n’est pas éliminatoire vu que le tout reste impeccablement écrit et s’écoute très facilement, et ça n’est pas la doublette de fin qui dira le contraire en reprenant les différents éléments et influences diverses (« Turning Point » et « Darklight »), avec en prime des accents hypnotiques impeccables où l’on se surprend à taper du pied et là-encore secouer la tête, aidé en cela par les longs moments instrumentaux. Car comme sur les précédentes livraisons Irène derrière son micro fait parfaitement le boulot au niveau des tessitures comme des passages plus énervés sans pour autant en faire trop, vu qu’elle sait s’effacer pour laisser la place à ses comparses qui savent se mettre en valeur et ce grâce aussi à une production équilibrée et chaude qui met tous les instruments sur un pied d’égalité.
Bref sans en faire des caisse les Hellènes réussissent parfaitement leur coup avec un enregistrement facilement assimilable et qui s’écoutera aisément de façon attentive comme en dilettante, avec un temps d’intérêt assez important vu qu’il en faudra un certain nombre pour totalement assimiler les différentes ambiances proposées ici. Si on aurait souhaité que rythmiquement ça s’excite de façon plus systématique (ça ronronne parfois de manière trop récurrente) on ne va pas chipoter vu que le rendu général reste une totale réussite particulièrement plaisante et addictive aussi violente qu’apaisée, qui montre que malgré son manque de reconnaissance et de visibilité ALLOCHIRIA a nombre d’arguments cohérents à déployer pour finir de convaincre les non-initiés à leur son... comme ceux qui n’en ont encore jamais entendu parler (et ils sont nombreux !). Comme quoi le pays des philosophes, des Spartiates et du Sirtaki n’est pas uniquement en matière d’extrême une terre composée que de grands noms du Death de qualité comme du Black inspiré, mais qu’il possède aussi une scène alternative à suivre et qui mérite clairement que l’on s’y attarde comme cela est ici le cas.
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