Passé d’un groupe de l’ombre enchainant les démonstrations au format cassette sur d’obscures petites structures peu connues, même des amateurs de Black Metal, à un groupe invité à participer à l’édition 2022 du célèbre Roadburn Festival ou à contribuer à la fameuse série de disques "Flexi" éditée chaque mois par le célèbre Decidel Magazine, on peut dire que Lamp Of Murmuur a plutôt bien réussi sa transition. C’est d’ailleurs ce qu’il y a d’excitant mais aussi de passablement déroutant chez ce one-man band américain capable d’être là où on ne l’attend pas (on se souvient de ces incartades Goth et Post-Punk sur l’album
Submission And Slavery) pour finalement revenir à des sonorités des plus banales (sans pour autant être mauvaises) lorsque l’on parle Black Metal.
Paru en 2023 chez Argento Records (Faceless Entity, Ossaert, Verwoed...), Not Kvlt Records (Hajduk, Nimbifer, Sørgelig...) et Wolves Of Hades (Final Dose, One Of Nine, This Gift Is A Curse...),
Saturnian Bloodstorm est le troisième album de Lamp Of Murmuur. Un disque composé, interprété, enregistré, mixé et masterisé par M., seule personne à la tête de cette entité toujours aussi prolifique. Finalement, il n’y a que cette illustration très réussie qui n’est pas de son fait puisqu’on la doit au talentueux Karmazid connu dans le civil sous le nom de Patrick Zöller (Andavald, Chevalier, Stormkeep, Urfaust...).
Si c’est avec près de trois ans de retard que j’arrive pour vous parler de ce troisième album c’est effectivement parce que Lamp Of Murmuur a depuis récidivé avec la sortie il y a quelques semaines seulement de
The Dreaming Prince In Ecstasy dont je vous parlerai évidemment très prochainement mais c’est aussi et surtout parce qu’à sa découverte, je dois bien avouer que je n’avais pas été particulièrement emballé. Comme évoqué plus haut, plutôt que de continuer à insuffler des sonorités relativement rafraichissantes à sa formule, l’Américain a choisi ici de rendre hommage aux Norvégiens d’Immortal non pas en faisant preuve de demi-mesure mais plutôt en y allant tête baissée quitte à perdre au passage un petit peu de son intérêt...
Alors ne comptez pas sur moi pour vous dire que
Saturnian Bloodstorm est un mauvais album car ce n’est pas vrai. Aussi évident que soit le parallèle avec la bande à Abbath et Demonaz, M. parvient ici à un résultat forcément un petit peu décevant car fondamentalement moins intéressant et rafraîchissant que cette formule précédemment matinée d’influences Goth et Post-Punk mais malgré tout assez sympathique pour qui n’est pas réfractaire à une relecture plus ou moins personnelle de ce qu’a pu faire Immortal par le passé.
Un mimétisme qui saute aux oreilles dès les premières secondes de "Conqueror Beyond The Frenzied Fog" dont les riffs froids et mélodiques sont effectivement grandement inspirés par ceux d’Immortal période
At The Heart Of Winter /
Damned In Black. Si ce premier morceau nous met rapidement dans le bain, l’Américain entretient ce parallèle tout au long de ces quarante minutes comme le prouvent ainsi "Seal Of The Dominator", "In Communion With The Wintermoon" (un autre clin d’oeil aux Norvégiens se cache dans ce titre) ou bien encore "Saturnian Bloodstorm". Indéniablement, tout cela est très bien fait d’autant que Lamp Of Murmuur s’attache comme Immortal à rendre son propos le plus varié possible en alternant effectivement passages particulièrement soutenus sur fond de blasts et de trémolos et à l’inverse séquences moins tendues, voire atmosphériques (tous ces petits passages entendus sur "Conqueror Beyond The Frenzied Fog" à 1:11, "Hymns Of Death, Rays Of Might" à 4:06 ou "Seal Of The Dominator" à 2:16), où la dimension mélodique des titres imaginés ("copiés" diront les plus mauvaises langues) par M. prend alors une tournure encore plus dominante (on peut également y ajouter ces quelques leads et autres solos aux atours Heavy Metal évidents entendus cette fois-ci sur "Conqueror Beyond The Frenzied Fog" à 4:55 ou "Saturnian Bloodstorm" à 3:27). Certes, la voix de M. n’est pas aussi coassante et théâtrale que celle d’Abbath, certes la batterie synthétique fait ici et là état de ses propres limites mais dans l’ensemble l’hommage est on ne peut plus évident.
Cependant, comme je le disais plus haut et même si bien d’autres groupes encensés d’ailleurs en ces pages se complaisent effectivement dans la relecture plus ou moins éhontée d’autres artistes fondateurs, le fait est que l’on attendait autre chose de la part de Lamp Of Murmuur et de son unique tête-pensante. D’ailleurs, celui-ci semble l’avoir bien compris puisque son nouvel album qui à ma première et seule écoute m’a fait très bonne impression est effectivement très éloigné de ce mode opératoire qui consiste à reprendre à son compte une formule élaborée par d’autres. Je ne le nie pas,
Saturnian Bloodstorm est un disque extrêmement bien ficelé avec tout ce que l’on peut attendre d’un groupe de Black Metal influencé par la seconde vague norvégienne et par Immortal en particulier mais encore une fois, surtout après ce vent de fraicheur soufflé sur
Submission And Slavery, j’attendais personnellement autre chose de ce projet américain qu’un album en forme d’hommage à l’une des figures du Black Metal norvégien. Tant pis puisque M. a semble-t-il compris le message et pris soin de redresser la barre pour la suite.
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