Paru en mars 2022, ce split entre Ebony Pendant et Lamp Of Murmuur est longtemps resté hors de portée de mon radar avant de m’être finalement suggéré par YouTube il y a de cela quelques mois. Comme quoi perdre son temps sur Internet a parfois du bon...
Proposé en cassette par le label Forbidden Sonority (Moulin Banal, Spite, Necrosorcery, Vile Command...) et en CD par GoatowaRex (Ifernach, Kommodus, Burier, Carved Cross...), ce split réunit deux des groupes de Black Metal américains les plus intéressants de ces dernières années. D’un côté, Lamp Of Murmuur dont les présentations (et même un petit peu plus) ont déjà été faites ici même et de l’autre Ebony Pendant, formation dont on parle beaucoup moins souvent mais qui possède pourtant de sérieux arguments en plus d’une discographie exemplaire. Officiellement actif depuis 2019 et la sortie de sa première démo intitulée
Sempiternal Passage Through Realms Of Suffering And Hatred, ce one-man band originaire de Seattle est mené par un certain Simon Coseboom. Si ce nom ne vous dit pas grand chose, sachez que ce jeune homme collabore également à d’autres projets comme Degraved ou bien Cavurn qu’il a récemment rejoint en tant que second guitariste et qui, si vous lisez nos chroniques avez assiduité, ne doit pas vous être totalement inconnu.
Enfin, pour en terminer avec ces présentations d’usage, sachez que les deux groupes ont fait appel à un certain Syn0d (avec lequel M. de Lamp Of Murmuur avait déjà collaboré par le passé pour l’artwork du EP
Punishment And Devotion) pour illustrer cette collaboration. Celui-ci signe pour l’occasion une oeuvre particulièrement engageante (notamment dans sa version intégrale que vous pourrez admirer une fois le livret ouvert en son milieu) qui par certains aspects (cette maitrise du noir et blanc, ce sens du dégradé et ces courbes harmonieuses) rappelle le travail de l’Allemand Patrick Zöller plus connu sous le nom de Karmazid.
C’est Ebony Pendant qui ouvre le bal avec trois morceaux inédits dont une reprise surprenante de Chopin (voilà quelque chose que je ne m’attendais pas à écrire un jour). Plutôt généreux par nature, le jeune homme nous offre comme à son habitude deux compositions au long cours s’étalant ici sur plus de six minutes chacune. Bien que l’on puisse trouver ici ou là quelques baisses de régime permettant d’amener ce qu’il faut de nuances et de relief (la première partie de "Resplendent Fountain Of Anguished Tears" puis à partir de 2:35 ou bien encore à 4:43 avec ce break redoutable dont les trémolos majestueux et malfaisants devraient être en mesure d’hérisser quelques poils, les toutes premières secondes de "Perished Spirits Dissolving Into Moonlight" ainsi qu’à 3:43), c’est essentiellement à coups de blasts et surtout de cavalcades haletantes que Simon Coseboom mène ses assauts. Alors en effet, ces longues séquences exécutées le couteau entre les dents nourrissent un caractère un brin répétitif mais celui-ci est finalement bien vite relégué aux oubliettes. Tout d’abord grâce à un travail mélodique soigné qui apporte beaucoup de saveur à l’ensemble, ensuite grâce à des riffs et des structures qui effectivement derrière une certaine redondance s’avèrent tout de même capables d’évoluer un minimum. Alors non, Ebony Pendant ne révolutionnera pas le Black Metal mais Simon Coseboom s’avère suffisamment inspiré pour convaincre sans avoir à batailler. Sa participation, celui-ci la conclu sur un titre de Frédéric Chopin intitulée "Op. 28, No. 4". Une reprise pour le moins inattendue exécutée au synthétiseur et à la guitare. Bon, je vous l’avoue, je ne connais pas l’originale (et n’ai pas non plus vraiment d’intérêt pour le sujet) mais cela n’est pas nécessaire pour savoir que l’oeuvre originale du compositeur franco-polonais reste évidemment inégalable. L’exercice à néanmoins le mérite d’apporter un petit peu de fraîcheur ainsi qu’un sentiment romantique plutôt agréable en guise de conclusion.
Après ces quinze premières minutes déjà particulièrement convaincantes, Simon Coseboom va laisser la place à son compatriote de Lamp Of Murmuur. Celui-ci, malgré une productivité débordante que rien ne semble vouloir entamer, continue de surprendre son auditoire, notamment avec le titre « Nocturnal Vengeance » sur lequel l’Américain va laisser exprimer une fois de plus ses influences Heavy Metal déjà exposées sur l’excellent
Submission And Slavery. Celles-ci vont se manifester brillamment à partir de 3:48 lors d’une séquence particulièrement bien ficelée qui, entre ce riff entêtant idéal pour taper du pied et ce solo qui pue l’huile de moteur, devrait faire dresser le point de tous les amateurs du genre. Tout ce qu’il y a avant ou après s’articule autour de séquences Black Metal beaucoup plus "classiques", entre accélérations soutenues et passages un poil plus modérés mais néanmoins entêtants, le tout auréolé d’un riffing sans surprise mais ô combien efficace. Sur le titre "Riding Towards Thee Titanic Diadem", là aussi peu de surprise même si ce que l’on retiendra sera surtout cette interprétation sans faille, ces riffs glacés et sinistres sublimés par cette production décharnée et abrasive et cette dynamique haletante qui permettent de digérer ces sept minutes et trente-deux secondes sans sourciller. Enfin, avec zAnd Anguish... Always Anguish", l’Américain conclue cette collaboration sur une note instrumentale beaucoup plus atmosphérique avec notamment cette guitare acoustique et ces nappes de synthétiseur (entre voix fantomatiques et cordes synthétiques) très présentes qui apportent un côté mystérieux à cette conclusion.
Passé quelque peu inaperçu,
Plenilunar Requiems mérite pourtant que l’on s’y intéresse de plus près. Certes, les deux formations s’expriment par le biais d’approches relativement classiques mais l’un et l’autre font preuve de talent et d’efficacité dans leurs démarches avec, notamment en ce qui concerne Lamp Of Murmuur, ce désir de sortir des sentiers battus et d’être là où on ne l’attend pas forcément (ici avec ces sonorités Heavy Metal particulièrement prononcées et pleinement assumées). Dans tous les cas, si vous décidez de vous lancer dans l’écoute attentive de ces quelques titres, il y a fort à parier que vous ne devriez pas avoir à le regretter.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène