Age Of Apocalypse - The Way
Chronique
Age Of Apocalypse The Way (EP)
Faire du neuf avec du vieux, un crédo qui de nos jours vaut pour à peu près tout et n’importe quoi à commencer par le Hardcore, un genre qui depuis les années 90 ne s’est pas beaucoup réinventé même si on a bien vu quelques formations chercher à s’éloigner de carcans jugés trop réducteurs (citons par exemple Code Orange, Vein.fm, Turnstile, Slope, 92, Soul Glo ou bien encore Mindz Eye...). Parmi tous les autres, ces groupes encore très jeunes avec pourtant au moins un pied définitivement ancré dans le passé, on trouve les Américains de Age Of Apocalypse.
Formé à New-York en 2018, celui-ci réunit dans ses rangs Dylan Kaplowitz, Terry Orlando (Hellkeeper), Joe Shannon (Recycled Earth), Will Kamerman ainsi qu’un certain Jack Xiques que l’on a déjà croisé à plusieurs reprises puisque celui-ci joue également dans Mindforce, Pillars Of Ivory, Colossus et Sentinel… Il faudra deux ans à Age Of Apocalypse pour mettre le pied à l’étrier et sortir son premier EP, un disque intitulé The Way paru sur les labels Fuzz Records (Maggot Brain, Reaper’s Gong, Scum Couch...), Northern Unrest (Demonstration Of Power, Despize, Pain Of Truth, Simulakra...) et Retribute Records (Temple Guard, One Step Closer, Sunami, Merauder...). Ayant à cœur d’être bien entourés pour leurs premiers pas, les New-Yorkais ont fait appel aux services de Chris Bittner des studios Applehead (King Crimson, Bad Brains, Warzone...) afin de coucher sur bande ces quelques titres ainsi qu’à l’infatigable Brad Boatright (ex-From Ashes Rise, propriétaire du Audiosiege Mastering Studio) qui, comme le nom de son célèbre studio l’indique, s’est vu proposer le mastering. Sans grande surprise, les deux hommes signent une production taillée pour le job et ce genre de Hardcore à la fibre métallique pleinement assumée.
Puisant son inspiration notamment du côté de Brooklyn (Life Of Agony) et de villes comme Troy et Albany (Stigmata, One King Down, Dying Breed, Section 8, Withstand...) même si on pourrait également citer Boston et Only Living Witness, Age Of Apocalypse verse dans la pratique d’un Hardcore métallique particulièrement lourd et groovy dont l’une des particularités les plus remarquables est assurément le chant mélodique de Dylan Kaplowitz. Une voix un brin théâtrale et grandiloquente perchée systématiquement (ou presque) dans les hauteurs sans pour autant la jouer aigue et qui par conséquent va faire quelque peu écho à celles de Keith / Mina Caputo, Bob Riley, Rob Fusco, Dave Gragnano, Jann Kasey Dorr et Roger Zalucki. Un tel parti-pris ne pourra bien évidemment pas faire l’unanimité mais si vous avez un jour prêté attention de près ou de loin aux quelques références citées dans cette chronique et plus globalement succombé aux charmes de ce que les initiés appelaient à l’époque le "Troy-Core", il y a quand même de grandes chances pour que la formule dispensée par Age Of Apocalypse fasse mouche.
Car au-delà de ce chant pouvant effectivement s’avérer clivant, la musique des New-Yorkais a tout de même pour elle pas mal d’autres arguments à faire valoir. Inspiré là encore par les grands noms de l’époque, Age Of Apocalypse a eu la bonne idée d’apporter à sa recette un twist moderne afin de mieux coller à l’air du temps. La production musclée de Chris Bittner et Brad Boatright n’y est évidemment pas étrangère (même si on pourrait trouver à y redire, notamment concernant le son de batterie) mais c’est surtout ce groove et la manière dont il est distillé (breaks, mosh-part...) tout au long de ces dix-sept minutes qui y participe. Bien entendu, l’ensemble reste très marqué par le Hardcore new-yorkais des années 90 mais la nuance n’en reste pas moins palpable pour qui sait tendre l’oreille…
Oscillant entre passages mid-tempo chaloupés et franches accélérations à l’énergie Punk fulgurante, le Hardcore de Age Of Apocalypse n’est ni le plus brutal ni le plus rapide ni même le plus efficace que l’on ait pu entendre. Pour autant, celui-ci n’en demeure pas moins ultra-efficace grâce à des riffs particulièrement bien troussés (qu’ils soient d’obédience Thrash / Hardcore comme sur "Cowboy Behavior", "Glory Vision", "S.O.S." ou "Spreading War" ou dotés d’une fibre Heavy Metal plus évidente à l’instar de "Atomic Light" et "Self Sacrifice"), une section rythmique volontaire et variée, un groove particulièrement irrésistible et pour finir ce chant, à prendre ou à laisser.
Sujet à quelques critiques pour des raisons que vous aurez probablement devinées, Age Of Apocalypse n’en a pas moins séduit pour les mêmes motifs. S’il ne révolutionne rien avec son Hardcore / Metal "mélodique", le groupe new-yorkais a pour lui l’essentiel, c’est-à-dire une efficacité à toute épreuve, des compositions débordantes de groove et quelques séquences capables de fédérer comme seul le Hardcore sait le faire. Quant à la prestation de Dylan Kaplowitz, si celle-ci laissera probablement quelques-uns d’entre vous sur le carreau, celle-ci a au moins le mérite d’amener un petit peu de fraîcheur dans une scène où les choses sont dans l’ensemble extrêmement bien bordées et balisées.
| AxGxB 7 Février 2024 - 398 lectures |
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