Guts - Decay
Chronique
Guts Decay
Quand bien même vous seriez un féru de la scène death scandinave, il y a fort à parier que vous n’ayez jamais eu vent de Guts, ce qui était mon cas il y a encore quelques mois, et il n’y aurait rien d’étonnant à cela. Jeune groupe formé en 2020 à Turku, les Finlandais sortaient en mars dernier, de façon indépendante, « Decay », leur tout premier méfait (après trois singles que l’on retrouve évidemment ici). Qui plus est, si l’on en croit notre encyclopédie habituelle, aucun des cinq membres ne semble impliqué dans un autre groupe digne d’y être répertorié. Pas non plus de demande de chronique reçue sur votre webzine préféré, c’est donc totalement par hasard que je suis tombé dessus. Tout ceci fait donc de ce premier album une sortie assez confidentielle. Pour autant, et malgré un parti-pris stylistique qui ne plaira pas à tout le monde, « Decay » fait partie de mes bonnes surprises de 2023, il aurait été dommage de la passer sous silence.
Entendons-nous bien, ‘’surprise’’ n’est évidemment pas à prendre ici au sens de nouveauté ou d’originalité, du tout non. En effet Guts s’appuie sur une base death metal old school on ne peut plus calibré et rebattu auquel il ne prétend pas apporter une quelconque plus-value particulière. N’allez pas non plus vous imaginer une filiation particulière avec des groupes au style tarabiscoté à la Demilich. Non Guts c’est du pur death metal, old school et on ne peut plus classique porté par un growl bien gras et un son de guitare dégoulinant mettant en valeur un riffing simple et efficace, agrémenté de petites mélodies (la petite touche finlandaise ?). Classique, qu’on vous dit.
Classique certes mais avec toutefois comme je le disais plus haut un parti-pris qui pourra selon l’auditeur passer pour une qualité ou pour le plus gros défaut. Sur leur bandcamp les Finlandais se définissent eux-mêmes comme ‘’groovy old school death metal’’, le terme le plus important étant évidemment le premier. En effet « Decay » transpire le groove par tous ses pores, du début à la fin et c’est même là sa caractéristique première. Imaginez tout ce qui vous vient en tête lorsque vous associez death metal et groove (Six Feet Under ? Gutted ? Acephalix ? Torture Killer ? Blood Red Throne ? Jungle Rot ?), mélangez le tout, n’en gardez que le plus groovy et vous aurez une idée du contenu des neuf pistes proposées ici. Bon je grossis un peu le trait (encore que) mais vous voyez l’idée. A titre personnel, étant assez friand de tout ce qui groove, y compris dans le death metal, cela ne m’a aucunement rebuté bien au contraire, toutefois je comprendrais aisément que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Si vous n’imaginez pas une seconde votre death metal sans blast, ce premier effort des Finlandais risque bien de vous laisser indifférent (au mieux) voire de vous emmerder royalement (au pire). Oui je ne vais pas vous mentir, la rythmique ici tient plus du AC/DC que du Hate Eternal et même si l’album s’ouvre sur la ‘’véloce’’ « Bitter Stream », ne vous y trompez pas le tempo ne dépassera jamais cette entrée en matière et l’on retrouvera bien d’autres séquences tchouka-tchouka up tempo (« Galvanistic Reanimation », « Spinebreaker ») mais aucun risque de se faire flasher à ce niveau-là.
Evidemment « Decay » accusera le défaut de sa qualité, si je puis dire, car à n’appuyer (quasiment) que sur un aspect de sa musique Guts n’échappera pas à un certain degré de redondance et même si les breaks sont nombreux, le mid-tempo (ultra) dominant en perdra probablement certains en cours de route. Par contre si l’idée de bouger autant vos cervicales que votre popotin sur un album de death metal vous réjouit, il y a fort à parier que vous serez comblés tant le groove grassouillet du combo est assez irrésistible et pas besoin de vous citer un quelconque passage, c’est 90% de l’album.
Ressorti depuis sur divers labels et sous différents formats, « Decay » se déguste comme une pâtisserie orientale, douce et sucrée mais vous laissant les doigts luisant de gras. La prod, remarquable pour un enregistrement indépendant, organique, renforce encore ce côté rondouillard et adipeux. Bref pas la peine d’en faire des pages, le plus simple reste de cliquer sur les extraits à droite, l’avantage étant qu’avec un groupe comme Guts on sait rapidement si on accroche ou pas. Personnellement j’ai adoré remuer toutes les parties de mon corps sur ce « Decay » et même si le groupe devra probablement varier un peu les plaisirs sous peine de finir par vraiment ronronner, j’attends la suite de pied ferme, prêt à remuer la crinière et à taper du pied.
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