Carnal Tomb - Embalmed In Decay
Chronique
Carnal Tomb Embalmed In Decay
Après nous avoir gratifié ces dernières années d’une cohorte d’Ep et de Split on finissait sérieusement par se demander quand on aurait droit à un nouveau long-format du quatuor Berlinois, tant on avait hâte d’entendre plus de nouveautés de sa part vu qu’il ne cesse de gagner en qualité au fil de ses sorties. Visiblement plus fort que jamais le revoilà enfin avec le successeur de l’excellent
« Abhorrent Veneration » qui aura mis quatre ans à voir le jour, période où le combo a densifié encore un peu plus sa musique en l’alourdissant mais en conservant ce côté rudimentaire et bas du front qu’il pratiquait à ses débuts, et qui lui permet ainsi de jouer sur les deux tableaux entre brutalité exacerbée et ambiances Doom aux accents légèrement mélodiques. Car effectivement il ne faut pas s’attendre à un quelconque changement d’orientation musicale et c’est tant mieux, vu que les gars persistent et signent dans ce qui a fait leur patte si reconnaissable avec toujours la même qualité intrinsèque, qui sans être hyper mémorable a tout ce qu’il faut pour faire passer un bon moment aussi bien en défoulant facilement l’auditoire qu’en l’embarquant dans un univers grassouillet et humide à souhait.
D’ailleurs « The Putridarium » qui ouvre les hostilités va tout de suite mettre les pieds dans le plat de par son nom en total raccord avec son contenu, ainsi qu’en proposant tout le panel technique de ses auteurs qui restent dans un chemin totalement balisé mais à l’efficacité toujours intacte. Car entre l’alternance classique via des blasts énervés et gros passages bridés à la double... où se greffent quelques accélérations et du solo impeccable il y’en a pour tous les goûts, et l’on se plait à naviguer dans des chemins glauquissimes typiques au rendu poisseux permanent et à la noirceur impénétrable. Profitant de sa lancée la bande va ensuite accélérer la cadence en offrant plus de mid-tempo sur l’excellent et remuant « Cataclysmic Maze » qui montre une densité supérieure... à l’instar du groovesque et redoutable « Defiled Flesh » où ça ne cesse de varier rythmiquement, tout en étant porté par une envie d’en découdre communicative. Si jusque là tout était basé majoritairement sur la vitesse la doublette « Draped In Disgust » / « Cerebral Ingestion » va au contraire ralentir la cadence, en proposant plus de moments froids et impénétrables où le bridage va être conséquent. N’oubliant pas de varier son propos comme il se doit on se retrouve ici néanmoins en présence de plans suffocants plus prononcés qui lorgnent presque vers le ralenti à son maximum sur certains passages, offrant ainsi un supplément gore et glacial particulièrement jouissif et inspiré.
Et après tout cet excellent ressenti entendu sur les deux premiers tiers de cet album les choses vont continuer dans cette même voie avec les implacables « Morgue Usurper » et « Embalmed In Decay » qui vont voir le retour à une intensité plus sauvage, liée notamment à une écriture plus primitive et directe telle qu’on pouvait l’entendre chez l’entité durant sa jeunesse (que ce soit sur la Démo « Ascend » comme l’Ep « Inevitable Decomposition »). Montrant qu’elle sait toujours être efficace du côté de sa radicalité elle livre ici deux plages bien virulentes où ça fracasse fortement, mais qui arrivent toujours à se diversifier en posant le pied sur la pédale de frein comme en gardant une certaine forme de dynamisme intemporel, tout ça sans jamais donner l’impression de se répéter comme de s’éterniser inutilement. Du coup le long (et là-encore très bon) « Eyes Of The Chasm » va une nouvelle fois faire parfaitement le boulot et servir d’idéale conclusion en reprenant les différents éléments entendus précédemment, où c’est porté par une obscurité encore plus proéminente et impénétrable aux accents angoissants affirmés, qui servent ainsi à clore une galette impeccable et qui se glisse parfaitement dans ce à quoi ses auteurs nous ont déjà habitué par le passé.
Du coup si tout cela va parfois donner le sentiment de recycler certaines idées et plans entendus par le passé cela n’est franchement pas grave, tant les Allemands se maintiennent à un haut niveau qualitatif malgré le temps qui passe et les publications régulières sous tous les formats possibles. Autant dire que même si ça reste balisé et dans les clous du genre on ne peut que s’incliner devant le travail accompli qui durant presque quarante minutes parvient à nous envoyer une fois encore dans un univers chargé de peurs, de ténèbres et de rendus inquiétants où l’on se laisse happer avec bonheur. Habile dans sa manière d’être virulent comme suffocant et porté par son écriture simple (où se greffe une fois encore nombre de solos tout en fluidité) la bande continue de se bonifier sans jamais donner l’impression de forcer quoi que ce soit, preuve s’il le fallait de sa qualité toute germanique et qu’elle est à l’heure actuelle un des meilleurs représentants de la "nouvelle" scène extrême de son pays. Car celui-ci continue de retrouver des couleurs depuis une bonne décennie et l’arrivée sur le circuit de jeunes loups prêts à en découdre comme de vieux briscards revanchards en pleine forme après une période de vaches maigres, plaçant ainsi CARNAL TOMB dans le haut du panier national... preuve de son statut désormais installé et reconnu auprès des amateurs, et nul doute qu’une fois encore la suite de ses aventures sera encore supérieure, et qu’il fera encore vivre une certain vision pure et intègre du Death Metal.
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