Gortuary - Awakening Pestilent Beings

Il reste encore deux mois avant que 2010 ne tire sa révérence mais on peut déjà affirmer que cette année ne restera pas dans les annales, notamment en matière de brutal death. Et comme souvent dans ces cas-là, ce sont les groupes que l'on attend le moins ou qui sortent de nulle part qui tirent leur épingle du jeu. Avec leur deuxième album Awakening Pestilent Beings sorti cet été chez Sevared Records, les Californiens de Gortuary créent justement la surprise.

Avec un nom pareil et une pochette de Tony Koehl infestée de zombies certes super bien foutue mais pas vraiment originale, on aurait pourtant pu croire à un énième combo de brutal death au ras des paquerettes comme en est constituée la grande majorité de la scène. Si Gortuary fait bien dans le brutal death US, il propose toutefois un ingrédient particulier qui le démarque des autres et qui m'a fait tout de suite accrocher à sa musique: la mélodie. Les Américains incorporent en effet un ou plusieurs solos dans leurs compositions. Une influence heavy déjà palpable sur le premier full-length Manic Thoughts Of Perverse Mutilation mais qui se fait bien plus imposante sur Awakening Pestilent Beings. Et je ne parle pas ici de petites leads chaotiques de 10 secondes, il s'agit bien de vrais bons solos construits et inspirés de la paire Andres Guzman/Glenn Davis. Ecoutez moi donc cette envolée mélodique à partir de 2'38 sur "Awakening Pestilent Beings" super bien branlée et qui dure plus d'une minute. "Cadaveric Genocide" à 1'17, "Compulsive Ocular Torture" à 0'47 (ça shredde!), "Necrotizing Infection" à 2'23, "Disembowelment By Regurgitation" à 2'52 (carrément jouissif à partir de 3'06!), c'est aussi du tout bon! Gortuary nous propose même un interlude instrumental en plage 6 introduit par des arpèges et une lead mélancolique planante, sublimé par un passage acoustique à partir de 1'21 qui part même en solo vers 2'30. Absolument magnifique! Et surtout surprenant sur un album de brutal death, qui plus est à tendance slam. Cette touche mélodique apporte beaucoup à la musique du quintette et lui donne un côté original devenu une rareté de nos jours.

Je peux vous dire que c'est sacrément bandant d'entendre tous ces solos cotoyer des slam parts. Parce que oui, depuis Manic Thoughts Of Perverse Mutilation, Gortuary s'est pas mal slammisé. Pas vraiment un problème car malgré le côté ultra classique et basique des riffs, ces slams parts font toujours leur petit effet et dégagent un putain de groove que la production grasse et puissante se charge d'accentuer. Au rayon boucherie, on notera également la performance assez hallucinante de Nate Twyman dont le growl monstrueux, glaireux et putride à mort, n'est pas sans rappeler celui d'Angel Ochoa de Cephalotripsy. Heureusement toutefois, Gortuary ne se contente pas d'enchaîner les slam parts et sait aussi accélérer et bourriner quand il faut, proposant une bonne balance entre le slam death typique de Devourment et compagnie et le brutal death US à la Suffocation. Là où le bât blesse, c'est que ces parties plus rapides ne sont pas toujours folichonnes, surtout à la batterie où Josh Mauney se montre plutôt pataud dès qu'il s'agit de mettre la gomme (oubliez donc les bons gros blast-beats). Mais le vrai foutage de gueule, c'est sans conteste la durée de l'album, 26 minutes! Grave Miasma et ses EPs de 35 minutes doit bien se marrer dans son caveau!

Moins brutal et intense que Manic Thoughts Of Perverse Mutilation, plus slammy et mélodique, Awakening Pestilent Beings se pose en vraie bonne surprise. Mais c'est surtout l'apport étonnant de solos mélodiques aux côtés des slam parts et des parties brutales qui rend cet album intéressant. Sans eux et malgré la qualité des séquences strictement brutal death US des Californiens, ainsi que le growl abominable (dans le bon sens) du frontman, je ne pense pas que l'album aurait été aussi savoureux et se serait plutôt noyé dans la masse. D'où la note qui ne monte pas plus haut malgré mon enthousiasme. Il ne manque toutefois plus qu'à Gortuary à rendre plus convaincantes ses parties rapides et blastées pour vraiment compter sur la scène. En attendant, c'est quand même une nouvelle bonne sortie pour Sevared Records qui, avec Hideous Deformity, Cenotaph, Human Filleted, Braced For Nails, Horde Casket, Peshmerga ou encore Parasitic Extirpation, connaît sans doute le meilleur millésime de son histoire.

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