Atrophy - Asylum
Chronique
Atrophy Asylum
L’histoire l’a souvent montré mais revenir aux affaires après plusieurs décennies d’arrêt est une prise de risques maximale voire même carrément casse-gueule, tant on a vu nombre de formations dans cette situation se planter en beauté en n’intéressant personne ou presque... ou au contraire réussir son coup en (re)captivant un auditoire qui avait oublié l’existence de celles-ci ou qui était totalement passé à côté à l’époque. C’est dans cette seconde option que l’on va classer ATROPHY, qui après avoir publié deux très bons albums entre 1988 et 1990
(« Socialized Hate » /
« Violent By Nature ») avait ensuite totalement disparu de la circulation durant des lustres, avant de refaire parler de lui aujourd’hui... trente-quatre ans après son dernier long-format et après bien des remous en interne. Car si la machine a été relancée une première fois en 2015 (en présence du bassiste et batteur historiques) les choses se sont compliquées en 2020 avec l’interruption de sa tournée en cours pour cause de mise à l’arrêt total du monde dans une paranoïa totalement délirante, moment où le chanteur Brian Zimmerman a quitté ses acolytes pour continuer avec une nouvelle équipe. Si ses autres anciens compères ont fondé une entité parallèle le vocaliste a décidé de repartir à l’abordage sous cette même dénomination, entouré cette fois par quelques jeunots bien inspirés et des vieux briscards locaux ayant déjà un gros vécu musical (on a pu entendre ceux-ci notamment dans MASTER et MALEVOLENT CREATION)... et le moins que l’on puisse dire c’est que cette association va parfaitement fonctionner, tant ce « Asylum » est franchement réussi et a tout ce qu’il faut pour faire passer un bon moment en se vidant la tête.
Si musicalement tout cela sonne rétro le quintet a eu la bonne idée de ne pas s’enfermer à tout prix dans cette formule, vu que les neuf morceaux ont droit à une production moderne et puissante particulièrement chaude mais sans excès synthétiques car les membres souhaitaient conserver une vraie authenticité... portée par une écriture sans fioritures, mais absolument redoutable de bout en bout. En effet on va directement être pris à la gorge par toute l’énergie et le dynamisme qui se dégagent de cette galette où la technicité n’est jamais excessive, preuve en est l’ouverture intitulée « Punishment For All » qui se fait particulièrement burnée et remuante. Proposant ici la traditionnelle variété entre parties débridées et celles plus lentes propices au headbanging... ainsi qu’un bon vieux mid-tempo des familles (tout ça avec un parfait équilibre des forces en présence et un léger soupçon Hardcore hyper agréable), on n’est nullement surpris tant on sait instantanément où l’on met les pieds mais ça n’est pas grave de toute façon. On retrouve donc sur cette première plage tous les éléments typiques du Thrash américain des années 80-90 avec ce grain si reconnaissable et l’envie d’en découdre immédiate, que ce soit rythmiquement joué à fond la caisse comme avec la pédale de frein enfoncée... le tout avec un schéma d’écriture encore plus dépouillé. Ce dernier point est d’ailleurs à l’honneur sur l’impeccable « High Anxiety » à la montée en pression progressive (avant que les chevaux ne soient totalement lâchés), offrant à cette occasion un rendu sombre et oppressant qui ne se pose pas de questions... à l’instar de « Seeds Of Sorrow » agressif comme il faut, tout en se faisant remuant à souhait sur fond de grand-écart rythmique permanent.
Et comme pour confirmer qu’on est en présence d’un très bon disque les entraînants et excellents « Bleeding Out » et « American Dream » vont parfaitement faire le boulot, et donc convaincre sans peine les éventuels réticents et râleurs professionnels. Portée par un tempo enlevé presque en continu (et avec toujours l’envie de secouer la tête) cette doublette représente presque ce qui se fait de mieux sur cet opus, où l’on sent que les gars se font franchement plaisir en balançant la sauce avec des riffs bien aiguisés et du solo très classique mais envoyé de façon très rugissante, tout cela avec un sourire et un plaisir communicatifs. Ces ressentis vont encore être là sur la conclusion « Five Minutes ‘Til Suicide » qui va surprendre lors de son introduction avec ses arpèges doux et son lead mélodique (dont on a la sensation que ça a été piqué chez les SCORPIONS), avant que la machine ne se remettre en route via un groove de dingue qui apparaît sur les parties en mid-tempo imposantes. Et même si « Distortion » et « Close My Eyes » vont avoir un intérêt plus ténu à cause de longueurs inutiles et de passages répétés en boucle où l’on a du mal à se mettre dans l’ambiance, pour le reste on n’aura rien à reprocher à ses créateurs qui livrent une prestation sans fioritures mais qui a de quoi occuper l’esprit pour un bon moment.
Autant dire que revenir autant en force et en forme après un aussi long silence est un véritable miracle en soi, doublé d’une résurrection artistique qui montre que la scission entre le frontman et ses anciens camarades de jeu a été plus que bénéfique... à voir désormais si ceux-ci sous le nom de SCARS OF ATROPHY arriveront à faire aussi bien (vu l’Ep sorti en 2022 ça n’est pas encore gagné). Mais en attendant on appréciera chaque seconde ou presque de cet enregistrement qui ne s’éternise pas trop et offre une vraie leçon thrashisante tel que l’oncle Sam sait en jouer, prouvant ainsi que le style a toujours de beaux restes outre-Atlantique et qu’on peut facilement se déporter de ses grandes figures pour plonger un peu plus vers son passé et l’underground local. Celui-ci ayant effectivement vraiment de quoi satisfaire même les plus exigeants... preuve en est avec cette résurrection que personne n’avait vu venir et qui a tout ce qu’il faut pour faire mal sur scène, où les nuques les plus résistantes seront mises à rude épreuve sans qu’on n’y trouve rien à redire.
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