Il fallait le faire! Hé oui, Atrophy a réussi à faire pire...que l'immonde pochette de
Socialized Hate! Si on ne remettra pas un trophée à Atrophy pour le plus bel artwork, les covers moches cachent souvent à cette époque de la bonne bouffe pour les oreilles et la formation américaine entre pile dans cette catégorie. Le premier full-length du groupe n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et lui permet de signer sur le label qui monte, Roadrunner Records. Deux ans après le succulent
Socialized Hate, Atrophy en rajoute une couche avec un
Violent By Nature qui confirme le talent du combo de l'Arizona.
Honnêtement, toutefois,
Violent By Nature s'apparente en fait à un
Socialized Hate pt.2 tant les deux opus se ressemblent. Seule la production issue d'un studio différent, conférant à l'oeuvre un son plus clair et puissant, permet de marquer la différence, et encore. Musicalement, l'évolution est en effet minime. Tout juste
Violent By Nature est-il plus varié que son grand frère avec notamment un Brian Zimmerman qui s'essaye à quelques tentatives plus "chantées" sur certains refrains ("In Their Eyes", "Too Late To Change", "Process Of Elimination"). Tentatives plutôt réussies d'ailleurs. Sinon le bonhomme garde son timbre arraché et véhément atypique (petite ressemblance avec Blitz et Zetro toutefois sur "Slipped Through The Cracks" avec un côté voix de sorcière) qui apporte toujours de la personnalité à Atrophy, sans oublier tout un tas de choeurs scandés. Les autres musiciens gardent eux aussi leur marque de fabrique avec un Tim Kelly à la frappe toujours aussi lourde mais au jeu plutôt varié, le bonhomme n'abusant pas du chuka-chuka, figure presque imposée du genre pourtant. Atrophy avait marqué les esprits sur
Socialized Hate grâce aussi à une paire de guitaristes talentueuse, on a plaisir à la retrouver ici. Riffs rapides et efficaces soutenus tout du long par la basse James Gulotta pour accentuer le caractère groovy déjà bien présent et mid-tempi savoureux, la rythmique se fait entraînante et implacable entre violence jouissive et catchiness addictive. Mais le vrai talent des guitaristes (les riffs sont très bons mais peut-être trop classiques) reste les solos, un gros atout qui permet à Atrophy de sortir de la masse. Ca shredde mais ça reste mélodique et bien construit. "Puppies And Friends", "In Their Eyes", "Too Late To Change", Right To Die", voilà déjà quelques exemples pour vous mettre en appétit. Outre les escapades solitaires, Chris Lykins et Rick Skowron parsèment aussi leurs compositions de passages mélodiques intéressants comme le début de "Process Of Elimination" et à 4'19, la petite séquence lente et dark de "Things Change" ou l'intro en arpèges de "Too Late To Change" qui renvoient à
"Socialized Hate". On a finalement affaire à une sorte de mélange entre l'agressivité et le groove de la côté Ouest et le côté plus mélodique/technique de la Bay Area.
Tout ça nous donne un
Violent By Nature de qualité équivalente à
Socialized Hate. Pour vous dire, je n'arrive jamais à les départager, préférant tantôt l'un tantôt l'autre. Le 8/10 me semble donc logique. Pourquoi pas plus? Parce que si Atrophy n'est pas resté dans l'Histoire, il y a bien une raison, même si j'ai toujours trouvé ce groupe au fort capital sympathie bien trop sous-estimé. Outre une isolation géographique dommageable et une concurrence féroce, Atrophy a eu la malchance d'arriver un peu tard, ce deuxième full-length de 1990 débarquant alors que le thrash décline pour laisser place au death metal. Et il faut l'avouer, Atrophy a du mal à garder un niveau de jeu constant. Si la qualité générale reste très satisfaisante, on ne peut s'empêcher de noter quelques titres en dents de scie ("Violent By Nature", "Forgotten But Not Gone" ou "Things Change"). La faute notamment à des moments un peu faiblards qui traînent la patte. Je ferais à Atrophy le même reproche que je fais à la majorité du thrash des nineties: un manque d'agressivité et de vitesse parfois alors que ma vision du thrash est à l'opposé. Putain si Atrophy nous avait sorti d'autres morceaux aussi furibards que le génial "Puppies And Friends" (à la thématique anti animal-testing qui me parle en plus), j'aurais été aux anges! Commencer par ce qui est de très loin la meilleure pièce de l'opus, c'est un peu bête, forcément le reste ne nous scotche pas autant. Des critiques qui ne doivent en tout cas pas faire oublier le talent des Américains qui malgré des pertes de vitesses récurrentes font preuve d'une belle maîtrise. Atrophy ne proposait rien de révolutionnaire mais savait indéniablement s'y prendre. Le groupe splitera malheureusement l'année suivante mais réapparaîtra plus ou moins sous la forme de Head Circus quelques années plus tard. Et moi je lève mon verre à tous ces groupes qui ont vécu dans l'ombre du big Four et ont été aujourd'hui occultés alors qu'ils ne déméritaient pas. Cheers!
7 COMMENTAIRE(S)
05/07/2010 16:23
Mais en attendant, le niveau de la pochette de "Bringer of Blood" de SFU n'a pas encore été atteint
05/07/2010 13:34
Effectivement, ce qui n'est pas du tout incompatible.
05/07/2010 00:29
Ou dessin de maternelle
04/07/2010 09:21
Bah honnêtement je préfère 10 fois celle de "Forec of habit" qui est certes pas très thrash dans l'âme mais est au moins originale. Elle fait très art moderne quoi.
04/07/2010 04:37
Mais c'est pas encore la pochette de Force of Habit d'Exodus
03/07/2010 22:36
01/07/2010 19:39