Ne nous laissons pas berner par cette introduction tout en douceur (« Eidolon »),
ALTAR revient plein de mauvaises intentions et les dix compositions de ce «
Ego Art » vont nous faire mal.
« I Take » se lance et on comprend immédiatement que la formation s’est bonifiée. Enfin un hit, un vrai. Le titre est certes ultra basique mais la mélodie vocale accroche instantanément, rentre dans la tronche, portée par des riffs simples mais puissants, mémorisables en une seule écoute. Un autre défaut gommé sur cet album est celui de la production. Elle est ici loin d’être parfaite mais, au moins, elle n’affaiblit pas le propos des Néerlandais comme ce fut le cas sur leur première sortie. La basse de
Nils Vos est vraiment mise en avant, elle coule une chape de béton sous les riffs de la paire de guitaristes et c’est réellement ce qui manquait sur
« Youth Against Christ », d’autant que le soliste (
Marcel Verdurmen) a lui aussi fait d’importants progrès. C’est du tout bon alors ?
Bah quasiment si je puis dire. En écrivant des morceaux plus courts, le quintette a gagné en intensité, avec une dimension hardcore encore plus marquée au niveau des rythmiques et des ralentissements, ce qui est parfait pour accompagner le chant rageur d’
Edwin Kelder, ce dernier ayant pris autant en coffre qu’en profondeur. Evidemment, les chansons
groovent toujours autant (le cœur pulsatile de « C.C.C. » par exemple, la fessée), la formation ne jurant toujours que par l’épaisseur d’un
death metal écrasant, éminemment démoniaque dans son inspiration mais, surtout, dont la personnalité s’éloigne peu à peu de ses trop évidentes influences américaines. Pour le côté « coup de poing », on s’approcherait davantage de l’esprit d’un
VADER ou d’un
SINISTER et c’est bien tout ce que l’on retiendra de ce deuxième LP : un truc mastoc, conçu pour promouvoir la haine, avec de vraies poutreries belliqueuses en diable (« Pathetic Priest »).
Je ferai pourtant un reproche identique à celui émis pour son prédécesseur : c’est encore un peu trop long. En effet, les compositions s’articulant presque toujours autour d’un schéma peu ou prou identique, il y a forcément une répétitivité qui s’installe et ce même si
ALTAR a définitivement accéléré le tempo, sur « Follow Me » par exemple, qui blaste bien la fin de l’album. Ainsi, «
Ego Art » a plusieurs mérites : d’abord, celui de confirmer le talent de la formation pour en faire un solide
outsider de la scène extrême européenne, ensuite, il apporte vraiment une nouvelle façon de penser le
death grâce à ce riffing très
core hautement efficace, enfin il entre à mon avis dans le cercle restreint des grands disques de metal des années 90, le groupe ayant néanmoins toujours eu davantage un succès d’estime que réellement commercial.
Malgré l’envie qui m’habite, je ne pense cependant pas que je traiterai les albums suivants. En effet, même si «
Provoke » (1998) montre encore de très belles choses, je trouve que le groupe commence déjà à tourner en rond, atteignant les limites de son style il est vrai étriqué. Une nouvelle fois au bord de l’indigeste (presque cinquante minutes), avec une reprise dispensable du « Fast as a Shark » d’
ACCEPT,
ALTAR commence à délaisser son registre basiquement
death pour incorporer des éléments thrashisant trop quelconque pour m’émouvoir. Cette tendance se renforcera sur «
In the Name of the Father » (1999), avec en prime un délitement du niveau textuel (nous pourrons lire les paroles suivantes dans le titre « Walhalla Express » :
I cum all over your face ; Then take you from behind ; Reign in Blood from Slayer ; is blasting through my mind, quelle indignité dirait l’ami Sarkozy). Resterait enfin à parler du «
Red Harvest » de 2001 (aucun rapport avec la formation norvégienne homonyme) mais là les mecs sont définitivement en roue libre. Encore plus de
thrash moderne, encore plus de mélodies, la formation ne fait vraiment plus du tout peur et l’odeur de soufre qui entourait son début de carrière n’est désormais qu’un vague parfum d’encens dans l’arrière-boutique d’une cartomancienne de foire. Aujourd’hui, alors qu’
ALTAR est encore considéré comme actif, rien de nouveau n’a émergé si ce n'est une démo éponyme en 2007 et une box regroupant ses trois premiers LP. Bien entendu, je n’attends plus rien de ces messieurs qui, de toute façon, ne retrouveront jamais leur inspiration première mais je profite quand même de l’occasion pour les remercier car, quoi qu’il en soit, ils font partie de ma culture métallique, pour le meilleur comme pour le moins bon.
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