La dernière fois que nous avions évoqué Relics Of Humanity en ces pages c’était en 2013 pour la sortie l’année précédente du tout premier effort du groupe “Guided By The Soulless Call”. Et mon collègue Keyser n’avait guère goûté le brutal death des Biélorusses à l’époque. Pour être totalement franc, si j’avais bien écouté l’album un nombre de fois pas si éloigné qu’on a de doigts sur une main, je n’ai pas dû le faire retourner jusqu’à me replonger dans le groupe avec la sortie de ce nouveau bébé et je pense même que son successeur « Ominously Reigning Upon The Intangible » n’a même pas eu cet honneur. Bref est-ce à dire que les natifs de Minsk partaient avec une patte dans le sac ? Ce serait bien mal connaître mon intégrité sans faille et mon honnêteté intellectuelle irréprochable (ben quoi ?). Aucun a priori négatif donc de mon côté avant d’aborder ce nouvel effort de Relics Of Humanity, peut-être même un brin de curiosité intéressée puisque derrière le micro se trouve désormais notre Flo Butcher national et que le gus, outre le fait d’assurer les vocaux en live avec Vile, nous a gratifié de quelques excellentes prestations avec Balance Of Terror et Tortured notamment (remettez-vous donc ce « Genetically Engenireed Monstrosity » dans les oreilles et vous m’en direz des nouvelles !). On a donc affaire au troisième chanteur en trois albums et ce n’est d’ailleurs pas le seul remaniement de personnel puisqu’à la basse on trouve aujourd’hui Pavel Lapkowski (également à la guitare chez les feu-Ominous Scriptures dont je vous recommande chaudement le dernier opus « Rituals Of Mass Self-ignition ») et que c’est désormais Vladislav Vorozhtsov (des excellents Dispersed et Paroxysm Unit) qui occupe le poste de marteleur en chef. Finalement le guitariste Sergey Liakh (Ominous Scriptures et Dispersed également) est le seul rescapé des débuts du groupe. Alors qu’en est-il de ce cru 2025 ?
Évidemment la note que vous avez déjà regardée tue dans l’œuf tout suspense, oui ce « Absolute Dismal Domain » est de loin ce que le groupe nous a proposé de mieux à ce jour. On peut même dire que cet album défonce des culs mes amis. Après une réécoute attentive de
« Guided By The Soulless Call » (qui s’est avéré meilleur que dans mes souvenirs) force est de reconnaître que le propos n’a pas fondamentalement changé mais s’est à la fois ‘’simplifié’’ et épaissi. Simplifié car le riffing s’avère moins brouillon, se perdant moins dans des méandres techniques pas toujours pertinents et mettant (comme le reste) l’accent sur ce qui ressortira comme l’aspect principal de la musique de Relics Of Humanity : la lourdeur. Épaissi ensuite de par la prédominance de cette facette du groupe et le travail appuyé sur les ambiances sombres qui colorent ces neuf pistes. En effet si votre truc c’est le brutal death joué pied au plancher, fourmillant de riffs plus tarabiscotés les uns que les autres et enchaînant blasts et gravity à deux-cents à l’heure, il est possible que ce troisième album du groupe vous en touche une sans faire bouger l’autre. Évidemment vous vous mangerez bien quelques blasts dans les ratiches et même quelques gravity blasts (« Summoning Of Those Who Absorbed »), on parle de brutal death quand même et difficile de dire que l’album n’est pas brutal ! Mais de mon point de vue c’est surtout cet aspect incroyablement lourd qui donne tout son intérêt à « Absolute Dismal Domain ». Une fois n’est pas coutume c’est bel et bien tous ces breaks et ralentissement pachydermiques qui me sidèrent littéralement à chaque écoute. Mon collègue Keyser déplorait le foisonnement de slam parts sur
« Guided By The Soulless Call », alors même si différencier un gros ralentissement d’une slam part s’avère parfois difficile car assez subjectif, avouons que cette dernière dénomination revêt parfois une couleur un peu péjorative. Ici les
vraies slam parts sont pour moi réduites à la portion congrue (la fin de « Taking The Shape Of Infinity » par exemple) et sont de toute façon bien souvent sauvées par l’addition de nappes mélodiques qui en font quelque chose de bien différent (et on ne peut plus intéressant) que ce que l’on peut entendre chez le groupe de brutal slam death lambda. Dans le cas présent il s’agit bien plus pour moi de gros breaks pachydermiques qui, en évitant de tomber dans le pataud, confèrent justement à l’album cet aspect ultra massif et sur lesquels vient se poser le chant de Flo.
Et là mes amis il va falloir se poser un instant. En effet comme si le riffing lourd et cette rythmique de mastodonte ne suffisaient pas, vient s’ajouter à cela la performance absolument bluffante de notre frontman. Le growl impressionnant de Florent, d’une profondeur abyssale, rugueux, guttural sans tomber dans l’excès ou le cliché, un peu à la Jordan James de Disentomb (peut-être le plus proche parent musical de Relics Of Humanity), vient mettre une dernière couche à l’ensemble, et quelle couche ! Probablement l’une des prestations les plus convaincantes qu’il m’ait été donné d’entendre dernièrement. Inutile de dire que lorsque tout le monde s’y met le résultat est monumental. Si je ne devais citer qu’un seul passage ce serait sans conteste ce break absolument monstrueux à 1’29 sur « Smoldering Of Seraphim » qui ferait passer n’importe quel groupe de slam death pour
Die Woodys. Tout simplement vertigineux. L’enchaînement « Absolute Dismal Domain » / « Smoldering Of Seraphim » restera pour moi le cœur de l’album, un véritable dyptique, compendium de ce que sont cet album et un groupe qui de surcroît nous gratifie de vraies intro (« Omen Appolyon ») et outro (« Dominion »), parties intégrantes servant un tout, là où aujourd’hui beaucoup se contentent de samples ou pseudo titres inutiles. Nos Biélorusses se démarquent également par une approche visuelle et conceptuelle à des années lumières du sang et des tripes habituels, avec cette jolie pochette sobre et sombre, illustrant les paroles de Sergey traitant de la destruction de la lumière de manière physique (le soleil et les étoiles) et spirituelle (Dieu) pour asseoir la domination de l’obscurité et l’absence de quelque forme de résurrection possible.
Évidemment tout n’est pas rose ici (ça tombe sous le sens), le style avec ce parti pris d’accentuer tout ce qu’il y a de plus imposant en laissera probablement certains sur le côté, ce brutal death à prédominance de mid-tempos et aux nombreux passages écrasants allant un peu à l’inverse d’une scène où beaucoup tendent vers toujours plus de rapidité et de technicité. Enfin certains pourront reprocher des choix de production ou de mix discutables avec un son de caisse claire que l’on aurait préféré un peu moins métallique et un mix globalement un peu plus équilibré. Rein de rédhibitoire cependant de mon point de vue.
Quoiqu’il en soit et même s’il est assez probable que les détracteurs des efforts précédents ne sautent pas au plafond à l’écoute de « Absolute Dismal Domain » ils feraient tout de même bien de lui laisser sa chance car si le fond n’a pas radicalement changé la forme elle s’est considérablement endurcie. Une forme d’une lourdeur écrasante et impitoyable qui impose Relics Of Humanity comme l’un des combos les plus
heavy de la scène, tout en gardant une cohérence de propos qui gardera l’auditeur sous son joug tout au long de ces trente-deux minutes. Un album radical sous bien des aspects, à ne pas mettre entre toutes les oreilles certainement, les miennes en tout cas ont beaucoup apprécié.
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