Bongzilla - Amerijuanican
Chronique
Bongzilla Amerijuanican
Décidemment, Bongzilla n’est vraiment pas un groupe abonné à la finesse, et c’est même tout le contraire. Si Apogee et Gateway ont permis au groupe de s’imposer comme une des références du sludge/stoner, Amerijuanican va à coup sûr poser définitivement le groupe dans les incontournables de la scène. Première chose qui saute aux yeux, la pochette : un titre qui-a-la-classe, un militaire défoncé, et un stars and stripes détourné (même si pour des raisons de censure évidentes, les feuilles de cannabis ont été replacées par des feuilles d’érable… enfin du cannabis il y en a au dos, ne vous inquiétez pas), le ton est donné, Bongzilla n’est pas là pour faire dans la dentelle. Toujours le même leitmotiv : produire une musique qui vous clouera à votre canapé, vous collera un joint dans la bouche, et vous mettra une grande paire de claques. Bongzilla aime l’herbe, mais encule les hippies, qu’on ne se méprenne pas.
On remarquera toutefois que certains aspects jusqu’alors inhérents à l’univers de Bongzilla ont disparus sur ce nouvel album, ainsi point de samples de discours sur la drogue, et plus de gros larsens sludgy dégeulasses. Dommage diront certains, pas trop grave pour ma part, car l’essentiel est toujours là. Le premier titre déboulle ainsi sournoisement, pataud et groovy, pour bien vous attraper… et ne plus vous lacher. Amerijuanican va vous faire taper du pied et vous faire mosher au ralenti pendant presque toute la durée du disque. A l’écoute du disque, on a l’impression de se bastonner avec quelques personnes imaginaires, tout en étant sous Valium… ou d’autre substances qui vous donneront l’impression que le temps a ralenti autour de vous. Des riffs stoner jouissifs, l’album est est plein. De voix criardes (à la limite de la rupture de cordes vocales) et de rythmes crades et lents sludge, il l’est aussi. Du monstrueux Cutdown au très rock n’ roll Weedy Woman, en passant par l’halluciné Stonesphere (qui porte très bien son nom d’ailleurs), il n’y a presque rien à jeter. La production, massive, contribuera à vous coller encore plus à votre siège, en vous laissant l’air hagard et béat.
Insérez le disque dans votre platine, branchez votre lava-lamp, allumez un joint (ou ouvrez quelques bières… ou ne prenez rien, comme vous voudrez, le fait d’être défoncé n’étant pas une condition impérative pour apprécier pleinement la musique), et prenez votre pied.
Si vous aimez les productions proprettes, les ambiances « regarde, je met des mélodies partout », les compos hyper-structurées, que vous n’aimez pas les gros riffs poilus et sales, ou encore que vous n’aimez pas mettre mollement des coups de pieds dans les murs en ayant l’air bête, vous n’aimerez peut-être pas ce disque.
Mais si l’œuvre des américains enfumés vous faire tâcher votre pantalon, si vous n’aimez pas vous laver trop souvent, si vous aimez la bière pas fraîche, si vous aimez conduire en ligne droite le coude à la fenêtre en vous grattant les couilles, alors il y a fort à parier que vous aimerez Amerijuanican.
Ce disque vous foutra un sourire niais en travers de la figure, vous donnera envie de descendre dans la rue donner des coups de pieds dans des hippies, vous fera bouger fortement la tête, et vous fera danser seul au milieu du salon de façon aléatoire et non-rapide.
Bongzilla n’est pas là pour de la barbe à papa, t’entend pute ?
| Jayraw 11 Novembre 2005 - 2473 lectures |
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