Si vous le voulez bien, laissons temporairement de côté les métaphores usuelles des chroniques de sludge : pute, crack, bitume, baston et tout ce qui gravite autour – vous pouvez également mettre à la poubelle définitivement les analogies de chroniqueur apprenti agriculteur-fromager sur le saindoux et la charrue, on ne vous en voudra pas. Sans doute le sludge contient-il tout cela, sans doute en proportions assez conséquentes et faisant partie du plaisir, seulement, j'ai tendance à chercher dans les bons disques qu'il a pu faire naître autre chose, que son folklore amène à sa façon.
Cette chose, qu'on appellera « sincérité » faute de mieux, est bien ce qui transpire sur cet album de Witchden. Ho, je suis comme vous, trouvant le mot polémique. Pourtant
Consulting The Bones fait penser que, oui, elle est bien un sentiment qui se pèse et vaut son pesant, tangible et prenant comme un autre ! Ce groupe de Minneapolis le fait savoir à sa manière avec son sludge/stoner donnant au premier abord l'impression de faire honnêtement son travail, sans dépasser outre-mesure les limites tracées par d'autres (seulement quelques légères incartades à signaler, lors de leads pas loin du hard-rock emporté sur « Words Of Man » par exemple). Un point de départ en vérité, permettant aux Ricains d'accrocher l'amateur de longue date par leurs rappels au sludge de Grief (
And Man Will Become The Hunted, plus précisément), Fistula (
Idiopathic), voire
l'EP sans titre de Seven Sisters Of Sleep dans quelques charges où le hardcore pousse pour sortir (« Sharp Sword »).
Car Witchden a en réalité énormément de caractère propre, à commencer par un chanteur donnant tout à chaque moment au point de laisser éreinté et béat d'admiration à chaque volée. Il faut entendre comme Jason Micah s'époumone, cela avec tant de douleur et d'envie mêlées qu'il mélange les images typiques du genre pour n'en faire qu'une couleur unique où halluciner : le rouge, celui du sang et de la chair brûlée à des degrés dépassant la simple bonne intention pour atteindre la passion en bonne et due forme. Sûr qu'on est loin de l'apathie commune en terre de lourdeur ici ; plutôt dans le camp des êtres dont le cœur bat plus lentement que les autres mais avec une force peu commune, méthode
The Wretch.
Tous les groupes n'ont pas la chance d'avoir un meneur comme celui-là. Mais
Consulting The Bones ne tire pas sa fièvre uniquement de lui : il n'est que le symptôme le plus visible d'une maladie qui a emporté chaque membre, d'un guitariste jamais très loin de la roue libre avec ses riffs à la limite du southern (« Captive Man » et son développement faisant taper du pied de plus en plus furieusement) à un bassiste élimant ses cordes tranquillement, sans forcer mais avec une virulence qui se dévoile au fur et à mesure (surtout quand le monsieur décide d'y aller de ses grognements Dystopiens !). Décidément un disque dont la qualité se révélera aux plus tenaces de ses auditeurs, ne disposant pas d'un morceau définitif à faire écouter pour convaincre mais possédant une constance qui le rend obsédé autant qu'obsédant.
D'une générosité rare pour peu qu'on lui laisse sa chance,
Consulting The Bones n'a comme réel défaut qu'une illustration n'aidant pas à sauter le pas. Une faute de goût minime au regard de ses neufs titres qui, sans jouer sur l'épatement, se sont inscrits progressivement dans ce que j'ai pu entendre de plus touchant dans le sludge ces derniers temps. Oui, touchant, car si toutes les histoires qu'a entraîné cette scène engendreront toujours des imageries déviantes, j'en viens de plus en plus à me dire que le sludge s'adresse avant tout au palpitant. Et Witchden sait lui parler.
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