Après Putrid Cult, Caligari Records, Behind The Mountain et Blood Harvest Records, c’est cette fois-ci sur le label californien Carbonized Records que les Polonais de Clairvoyance ont trouvé refuge. Une collaboration actée comme je l’écrivais récemment par la sortie le 18 juillet dernier d’un premier album intitulé
Chasm Of Immurement.
Comme vous l’avez probablement déjà deviné, c’est bien Paolo Girardi qui a été mandaté afin de réaliser l’illustration de ce premier longue-durée. Une oeuvre tout à fait sympathique (notamment pour l’usage de ce bleu / gris fatigué) mais néanmoins un brin redondante (pour rester poli). En effet, j’ai beau apprécier en règle générale le travail de notre célèbre peintre en slip, il faut bien avouer que cette fameuse spirale, notre Italien l’a utilisée jusqu’à plus soif (Acod, Ageless Summoning, Blasphemophagher, Dalkhu, Glassbone, Hyperdontia, Sulphurous, Temple Of Dread, Warmoon Lord...), faisant aujourd’hui de cet élément un véritable gimmick à même de rendre son travail peut-être pas anecdotique mais en tout cas un brin répétitif…
Enregistré une fois de plus par Kacper Pawluk,
Chasm Of Immurement a cette fois-ci été mixé et masterisé par Piotr Polak, un Polonais qui porte décidément très bien son nom. Sans grande surprise, nos deux hommes ont réalisé ce que l’on attendait d’eux en nous offrant une production moderne mais pas trop qui a le bon goût de rester naturelle et équilibrée tout en contribuant grandement à l’impact de chaque composition. Bref, une production aux petits oignons taillée pour le job. Autre particularité relative à ce premier album, la participation de trois musiciens extérieurs venus contribuer à quelques titres de
Chasm Of Immurement. On retrouve ainsi sur "Hymn Of The Befouled" messieurs Marek Drahota (Sněť) et Derrick Vella (Tomb Mold, Dream Unending) venus poser quelques leads et autres solos mélodiques ainsi que Brenton Weir des excellents Fessus et Molten Chains sollicité pour faire de même sur "Monument To Dread". Des invités de marque qui sans parler d’influer sur la qualité de ce premier album lui apportent malgré tout une petite saveur supplémentaire.
Affiché à près de trente-cinq minutes,
Chasm Of Immurement ne compte que six nouveaux morceaux soit seulement un de plus que sur l’EP
Threshold Of Nothingness bouclé quant à lui en vingt-trois minutes. Vous l’aurez donc probablement déjà compris, les quelques morceaux qui composent ce premier album sont en effet sensiblement plus longs qu’à l’accoutumée, entre quatre et presque sept minutes pour être un petit peu plus précis. Un choix qui ne s’accompagne pas de passages plombés à rallonge ou de baisses de régimes drastiques mais qui traduit de la part de Clairvoyance un désir d’étirer ses compositions, de gagner en profondeur et de varier peut-être davantage les plaisirs sans perdre de vue pour autant le degré particulièrement élevé d’efficacité de son Death Metal.
En effet, si la durée des titres de ce premier album s’est quelque peu allongée, la formule déroulée par les Polonais demeure quant à elle toujours identique. On va donc retrouver pour notre plus grand plaisir ce Death Metal relativement intense mené le plus clair du temps sur les chapeaux de roues mais néanmoins habilement contrasté par des passages et autres moments plus tempérés. Vraisemblablement toujours pas décidé à calmer le jeu, Clairvoyance fait une fois encore preuve d’application dans l’exercice de ses fonctions en faisant se succéder séances de blasts plus ou moins soutenues ("Eternal Blaze" à 0:52, 1:56 et 3:42, "Hymn Of The Befouled" à 2:23 et 4:47, "Fleshmachine" à 3:21 et 4:11, "Reign Of Silence" à 1:33, 2:54 et 6:08...) et accélérations thrashisantes toujours très entrainantes ("Eternal Blaze" à 1:30, "Hymn Of The Befouled" à 0:46, "Reign Of Silence" à 1:44, "Monument To Dread" à 5:37...) pour un rendu particulièrement dynamique et enlevé.
Comme sur
Demo et
Threshold Of Nothingness, ces coups de boutoirs sont régulièrement nuancés par de nombreuses séquences particulièrement chaloupées. Un groove irrésistible tantôt pataud tantôt plus remuant et qui devrait une fois encore faire tanguer et dandiner tous ceux ayant généralement du mal à résister à ce genre de passages forts sympathiques (les premières secondes de "Eternal Blaze" puis plus loin à compter de 2:28, "Hymn Of The Befouled" à 1:40, 2:09, 3:11 et 3:55, "Fleshmachine" à 2:46, "Reign Of Silence" à 2:08 et 5:14, "Blood Divine" à 2:23, "Monument To Dread" à 3:41). On trouve également tout au long de ces trente-quatre minutes d’autres moments plus lents et beaucoup plus pesants ("Eternal Blaze" à 2:53, la première minute de "Fleshmachine" puis de nouveau à compter de 3:49, "Reign Of Silence" et ses premiers instants plombés ou bien encore à partir de 4:18, "Monument To Dread" à 4:27...). Là encore l’idée est très claire, apporter davantage de contraste à ces passages plus rythmés et dynamiques et rendre au passage l’atmosphère plus étouffante et sinistre qu’elle ne l’est déjà.
Attendu au tournant après une première démonstration et un EP tous les deux particulièrement engageants, Clairvoyance a su se monter à la hauteur de nos attentes grâce à un premier album particulièrement efficace. Naturellement, on continue pas mal de penser à Tomb Mold (avant le virage un poil plus progressif et mélodique entamé avec le dernier album) tout au long de cette petite demi-heure mais ce n’est pas moi qui irait crier au plagiat et bouder mon plaisir. Non, ces trente-quatre minutes s’avèrent particulièrement bien troussées avec ce qu’il faut de riffs imparables, d’accélérations et autres démonstrations de force implacables, de groove irrésistible et de passages bien plus lourdingues. Comme beaucoup d’autres, Les Polonais ne chambouleront pas l’histoire du Death Metal mais contribueront par contre à en faire un genre toujours aussi redoutable et pertinent après toutes ces années.
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène