Après la sortie d’une seconde démonstration parue en février 2024 (
...The Piercing Winds Of Mortal Dawn), les Américains de Collier d’Ombre n’ont pas vraiment perdu de temps puisqu’un mois plus tard seulement, ces derniers enchainaient avec cette fois-ci la sortie d’un split en compagnie d’Häxanu. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas encore familier avec cette formation américaine en activité depuis au moins 2020, sachez qu’il s’agit d’un duo composé par Louis Cella (Azelisassath, Ghemhamforash, Kveldstimer, Theurgion...) au chant et Alexander Poole (Ichors Glaive, Krieg, Kveldstimer, Lunar Sorcery, Ringarë…) à la guitare, à la basse ainsi qu’aux synthétiseurs (la batterie étant ici tenue par Jackson Blackburn de Chaos Moon, Martröð et Ringarë). Ensemble, le duo a sorti deux albums sur Amor Fati Productions (
Snare Of All Salvation et
Totenpass) ainsi que deux splits (le dernier en date en compagnie des Suédois de Greve).
Intitulé
Seasons In Haxan Dark, ce split qui s’apparente finalement plus à une réunion de travail entre potes qu’autre chose, propose à ses auditeurs trois nouveaux morceaux par groupe parmi lesquels à chaque fois un interlude assez court ("Mnemon I" pour Häxanu et "Mire’s Glade" pour Collier d’Ombre). Faisant preuve l’un et l’autre d’une certaine générosité, les deux entités américaines vont nous occuper pendant un bon petit moment puisque cette collaboration parue chez Narbentage Produktionen (cassette) et Amor Fati Productions (CD et vinyle) est effectivement affichée à plus de trente-six minutes. Enfin un petit mot concernant l’illustration que je n’ai pas réussi à identifier mais qui par son atmosphère sabbatique (je ne parle pas de congés mais de sorcières hein) donne d’emblée le ton.
C’est Häxanu qui ouvre le bal avec un Black Metal atmosphérique et épique une fois encore d’excellente facture. Aidé par une production moderne (quitte à en faire parfois un petit peu trop sur la batterie qui effectivement manque tout de même un poil de naturel lors des passages les plus appuyés), le groupe nous offre avec "Unto Servants" et "Mnemon II" des compositions particulièrement racées qui évoquent chez moi par ces nappes de synthétiseurs fantomatiques et lointaines, ces mélodies glacées et saisissantes particulièrement mises en avant et ces quelques séquences instrumentales allongées les Suédois de Bekëth Nexëhmü (avec qui Alexander Poole n’est d’ailleurs pas sans fricoter). Les deux entités partagent en effet le même goût pour les longues tirades aux ambiances hivernales oniriques et lumineuses, pour les mélodies épiques qui immédiatement vous transportent et pour les digressions instrumentales et atmosphériques tout aussi immersives. On appréciera également chez Häxanu la nuance et la variété dont le groupe fait preuve puisque malgré deux compositions qui s’étirent ici sur plus de sept minutes chacune, les Américains parviennent toujours à entretenir un semblant de contraste (au moins d’un point de vue dynamique avec ces accélérations marquées et ces passages plus pondérés) et au passage à éviter une certaine redite grâce à des riffs et des mélodies en mouvement qui ne se répètent pas.
Du côté de Collier d’Ombre, on est tout de suite accueilli comme à la maison avec tout d’abord cette production typique des trois précédentes réalisations de l’entité américaine. Un son un brin étouffé au service de compositions atmosphériques mais néanmoins belliqueuses menées encore une fois le couteau entre les dents (enfin pour l’essentiel). En effet, passées les premières secondes étranges servant d’introduction à "Immemorial Blaze Of Triumph (Wolven Eye Of Victory, Askyrikzentof)", le duo devenu trio avec l’arrivée à la batterie de Incubare (Ablazen Winds) va rapidement nous sauter à la gorge à coups de blasts continus, de riffs froids et particulièrement épais et de hurlements déchirants et lointains. Une formule que Collier d’Ombre pratique depuis ses débuts en 2023 et qu’il continue d’appliquer avec toujours autant de réussite. D’autant que, comme à l’accoutumée, "Immemorial Blaze Of Triumph (Wolven Eye Of Victory, Askyrikzentof)" et "Season In Haxan Dance, Swamp Of Witchen Dark" sont habilement relevés par de chouettes mélodies épiques ainsi que de généreuses nappes de synthétiseurs dispensées en arrière-plan pour des ambiances fantomatiques particulièrement saisissantes. On notera cependant un peu plus de variété dynamique sur « Season In Haxan Dance, Swamp Of Witchen Dark » qui à la différence de "Immemorial Blaze Of Triumph (Wolven Eye Of Victory, Askyrikzentof)" offre effectivement davantage de respirations tout au long de ses presque dix minutes.
Enfin juste un petit mot au sujet de "Mnemon I" et "Mire’s Glade" pour vous dire que ces deux interludes, loin de briser la dynamique dans laquelle s’inscrivent les quelques "véritables" compositions de cette collaboration, apportent surtout un petit peu d’air entre ces titres « fleuves » de plusieurs minutes. Deux courtes compositions acoustiques qui ne font certainement pas office de bouche-trou et se révèlent l’une et l’autre particulièrement bien troussées.
Aussi vous l’aurez compris, hormis un son de batterie perfectible pour Häxanu, il n’y a pas grand chose à reprocher à
Seasons In Haxan Dark, un split mettant en avant le travail de deux formations au sommet de leur art noir respectif. Comme toujours ou presque, on repassera évidemment pour ce qui est de l’originalité (même si à vrai dire chacun possède un petit truc qui permet quand même de très vite le distinguer, surtout Collier d’Ombre avec sa production étouffée) mais comme toujours ou presque là n’est évidemment pas le sujet... Bref, tout ça pour dire qu’il serait temps que j’aborde le cas d’Häxanu en évoquant avec vous notamment ses deux très bons albums et que Collier d’Ombre continue (en tout cas en ce qui me concerne) à régaler. Beau travail messieurs les stakhanovistes.
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