Et patatras. J’appuyais dans ma chronique de
Ruins que le sludge est avant tout une histoire de dynamique, quand écraser et quand relâcher ce qu’il faut la pression pour continuer à embarquer avec soi. Un art de la contention que Body Void avait manié avec justesse sur son premier album.
Mais voilà, les histoires d’amour finissent mal en général et celle avec Body Void – du moins en ce qui concerne cet album – aura rapidement tourné court.
I Live Inside a Burning House cherche à appuyer encore plus, alourdit davantage le propos général mais ne parvient pas à rendre hypnotique ses tempos négatifs, le tout tombant dans une redondance et une prévisibilité qui enlèvent tout effet à ses vindictes (qu’il a pourtant particulièrement hargneuses et engagées, dédiant toujours son sludge / doom à la haine des fascistes et autres transphobes).
Il y a pourtant une certaine étrangeté qui ne demande qu’à se développer sur
I Live Inside a Burning House, à commencer par « Haunted » et son riff principal devenant mélodie d’un piano esseulé, frôlant le gothique comme l’a pu faire Laudanum et son
The Coronation (de nouveau une référence à laquelle on pense ici, de même que Indian et Grief). Sur le simple plan stylistique, Body Void coche toutes les bonnes cases, son sludge s’inscrivant dans le respect des canons du genre tout en lui donnant une force contemporaine. Mais le style ne fait pas tout ! C’est quand vient la question de l’envie de plonger dans cette grosse heure – autre signe que le groupe a vu les choses en (trop) grand,
Ruins profitant de son format resserré à trente-neuf minutes – que le bât blesse, à l’écoute de ses accélérations punk que l’on voit arriver comme un train au loin (n’espérez pas vous faire rouler dessus par celles de « Phantom Limb » ou « Trauma Creature », par trop attendues et entendues), ses riffs qui n’obsèdent pas suffisamment pour mériter autant de tour de piste, sa voix qui en perd de son impact malgré la haute estime qu’on lui porte – Willow Ryan restant un conteur très doué pour tout ce qui touche au trauma.
Le constat paraît aussi bête que triste :
I Live Inside a Burning House souhaite faire mieux que son prédécesseur sur tous les plans et ne donne l’impression que de gâcher ses talents à autant chercher l’excès, rappelant d’autres formations (Grime ou encore le pire de Fistula) qui ont été tant obnubilées par pousser les potards à fond qu’elles en ont oublié l’auditeur en cours de route. En soi, il y a là un honnête album de sludge extrême, idéal pour celles et ceux cherchant un pendant plus traditionnel et accessible à Primitive Man, Burning Witch ou Khanate – ce qui revient à enlever tout ce qui fait l’intérêt de ces groupes mais, après tout, peut-être existe-t-il des gens ayant ce type d’envie. Seulement, après une réussite aussi humble et marquante que
Ruins,
I Live Inside a Burning House devient une amère déception où l’on constate que celui qu’on portait aux nues n’est finalement pas plus qu’un rejet de son temps, à mettre rapidement sous terre dans l’espoir que quelque chose en pousse. Ce qui heureusement arrivera avec le bien-nommé
Bury Me Beneath This Rotting Earth.
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