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U.S. Christmas - Cannibals of Unaka
Chronique
U.S. Christmas Cannibals of Unaka
Vieillir peut faire mal, attrister, regretter, alourdir, ennuyer... Et vieillir peut libérer. On se déleste alors de ce qui nous a encombré trop longtemps, on parvient à cet équilibre difficile où se trouve avec la vie un compromis sans se compromettre, armistice avec soi et l'extérieur. Libre, au sein du grand Tout qui finit dans le grand Rien.
U.S. Christmas a vieilli. Cela choque la première fois que l'on écoute Cannibals of Unaka, le souvenir des chemins rocailleux métaphorisant une spiritualité américaine de Run Thick in the Night, les rêveries amères de routes nocturnes, sauvages et infinies de Eat the Low Dogs en tête. La formation revient après quatorze années d'absence et n'en cache aucune ride. Le ton est placide, la voix éteinte, l'énergie contenue. Le flot ne se combat plus, là où autrefois le plaisir se tirait du louvoiement, de la menace et son mystère attenant.
Cannibals of Unaka embrasse sa condition et ce qui la conditionne. Corps vieilli au sein d'une nature sans âge, il mène sa dernière révolte, la fuite du monde moderne qui est le nôtre, une fuite sereine, une retraite choisie. Il est étonnant d'entendre à quel point le chant de Nate Hall s'est adouci, coule comme coule cette musique, enfin en paix avec elle-même. Un psychédélisme doux, non moins cru dans ce qu'il dépeint (comme le titre l’indique, la mort présente au détour d'un synthé inquiétant, d’un rythme global lourd et nocturne ou d’une production opaque), use d'une palette de couleurs délavées et sombres pour figurer cet ailleurs, ensorcelant et étrangement tranquille.
Y a-t-il un bonheur équivalent à se lover dans cette version avancée de U.S. Christmas que celui qui a pu se gagner lors des batailles précédentes ? Cannibals of Unaka demande moins de temps à s‘apprivoiser que Run Thick in the Night mais contient une profondeur aussi difficile à atteindre. Faisant croire au départ qu’il est uniquement une carte postale pastorale telle que The Valley Path pouvait l’être, il montre petit à petit ce qu’il cache de trouble derrière son regard pacifique : une nostalgie brûlante, son lieu choisi étant un rêve aussi bien pour lui que pour nous, pris d’un mal d’un pays que nous ne connaissons pas, possible terre des morts (« A Death Song », funéraire et enveloppante) ou lieu des songes (« Slow Slide Sleep » évident et fondamental comme un besoin de sommeil).
L'envie de grand air est moins prégnante qu'autrefois, celle de se nicher plus forte, possiblement entouré d'êtres proches. Cannibals of Unaka ne s’appuie pas sur le rappel d’une sauvagerie extérieure comme le groupe a pu le faire le temps de son inscription chez Neurot Recordings ; il la considère comme connue de toutes et tous, s’intéressant ici aux sentiments pouvant en naître, du deuil à la nostalgie jusqu’à la sérénité qu’il s’agit de trouver dans l’acceptation. Il n’est pas nécessairement à la hauteur de la tâche, les morceaux « Downside Of The Dark Side Of The Sunshine » et « Hearts Rumble In The Dark » tâtonnant là où il faudrait tenir. US Christmas, comme nous, paraît se préparer pour la catastrophe qui vient, chercher un baume à des maux trop grands. Il parvient à créer un réconfort temporaire, imparfait mais particulièrement touchant (« Slow Slide Sleep »). Même si ce remède atténue plus qu’il guérit, il est à prendre sans modération.
| | Ikea 3 Novembre 2025 - 360 lectures |
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