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Devourment - Molesting The Decapitated

Chronique

Devourment Molesting The Decapitated
Y'a des groupes comme ça, qui en un seul album, deviennent cultes. C'est le cas de Devourment et son Molesting The Decapitated.

1995, Dallas, TX. Brad Fincher et Braxton Henry, respectivement batteur et guitariste de Necrocide, ainsi que Wayne Knupp (chanteur de Me-At-Us), décident de fonder un groupe qui repousserait les limites de tout ce qui a déjà été entendu en matière de musique extrême. Finalement, Braxton Henry fondera DeadIndustry et sera remplacé par Brian "Brain" Wynn. Le groupe sort alors un CD promo contenant deux titres: "Shroud Of Encryption" et "Festering Vomitous Mass". Le trio devient ensuite quintette quand le guitariste Kevin Clark (Sintury) et le bassiste Mike Majewski rejoignent les rangs du groupe. Les Texans enregistrent alors un nouveau morceau, "Choking On Bile", qui ajouté au CD promo, va leur permettre de sortir une démo, Impaled (1997). Malheureusement, Wayne Knupp quitte le groupe peu après. Arrive alors un nouveau chanteur, Ruben Rosas (Detrimental). Avec ce line-up, Devourment signe sur United Guttural Records et sort en 1999 son premier album, Molesting The Decapitated.

Et là c'est la grosse claque. On pensait avoir tout entendu niveau brutalité, et bien non, Devourment va encore plus loin. Jesus-Marie-Joseph, mais comment est-ce possible? C'est "simple": prenez le brutal death de la scène new-yorkaise instigué par Suffocation et poussez le concept jusqu'au bout. Il en résulte un album d'une brutalité sans précédent, créateur d'un nouveau genre souvent baptisé TXDM (Texas Death Metal). Devourment nous entraîne là où personne n'avait osé s'aventurer auparavant, croyant sans doute être arrivé dans un cul-de sac. Mais là-derrière se cachaient des contrées encore inexplorées et Devourment s'est empressé de désintégrer le mur isolant qui les séparait du monde de l'audible, à coups de riffs d'une lourdeur dont il serait un euphémisme de qualifier de pachydermiques. C'est là que réside le secret de Devourment: des riffs pesants extrêmement brutaux et surtout mémorables par leur côté groovy ("Postmortal Coprophagia", "Devour The Damned"...). Disons le carrément, Devourment, c'est dansant (écoutez "Molesting The Decapitated", un tube pour boîtes de nuit!)! Mais le combo ne s'arrête pas là. Il joue avec les tempi, comme si le rythme était une pâte malléable que les Texans s'amuseraient à tendre puis à compacter, puis à retendre et à recompacter. De blasts ultra-rapides (gravity blasts inside même!), on passe d'un coup à un tempo d'une lenteur aussi pesante que jouissive ("Choking On Bile", "Self Disembowelment", "Fucked To Death"...). L'effet est garanti ! Inutile de chercher quelconque concession dans cette démonstration des plus viriles, il n'y en a pas. Pas la moindre petite mélodie ou le moindre petit solo, même le plus chaotique qui soit.

La production sied à merveille à la brutale lourdeur de Devourment mais la vitesse, combinée au son massif des guitares, est parfois telle qu'on ne finit par plus rien discerner de ce joyeux bordel. La batterie, très sèche, manque quant à elle un peu de puissance je trouve. Les nombreuses mosh-parts finissent également par se ressembler quelque peu. Voilà les seuls reproches que l'on pourrait faire à cet album.

Pour le reste, on ne peut que s'incliner devant l'efficacité du contraste entre accélérations supersoniques et décélérations écrasantes. En ce qui concerne le chant, on suit également la direction jusqu'au boutiste prise par la formation texane. Les vocaux sont ainsi ultra gutturaux, gores à souhait et complètement incompréhensibles, même avec les paroles sous les yeux! La comparaison avec le bruit que fait un évier qui se débouche me semble la plus proche de la réalité. Certaines vocalises m'ont éalement fait penser à des sortes de gargouillis de grenouilles ("Festering Vomitous Mass")! On en vient à se demander si c'est réellement un humain derrière le micro! J'ai fait allusion aux paroles, parlons-en brièvement donc. Trois mots: gore, gore, et gore, on est toujours dans la branche extrême de l'extrêmisme le plus extrême. J'ai personellement un petit penchant pour "Postmortal Coprophagia".

Mais pour gagner le statut de culte, le fait d'avoir redéfini les frontières musicales ne suffit pas. Il faut une belle histoire derrière. C'est ainsi que le jour même de la sortie de Molesting The Decapitated, le chanteur Ruben Rosas se fait arrêter par la police à la sortie d'un concert. Décidant dans un premier temps d'arrêter là l'aventure, Devourment se reforme peu après avec le chanteur originel Wayne Knupp mais sans le guitariste Brian "Brain" Wynn, remplacé par...Braxton Henry. Devourment va ainsi composer un nouveau morceau, "Babykiller" et sortir 1.3.8 (2000), compilation qui regroupe la démo Impaled et ce Molesting The Decapitated, ainsi que "Babykiller". Puis le groupe finit par réellement splitter en 2002.

La sortie de Molesting The Decapitated a donc vu la naissance d'un nouveau sous-genre underground, ce fameux TXDM, auquel vont se rattacher tout un tas de groupes du sud des Etats-Unis. A la fois brutal comme jamais et étonnamment groovy et accrocheur, Devourment s'est imposé tout de suite comme une nouvelle référence. Un peu comme Terrorizer et son World Downfall, Devourment a tapé très fort du premier coup, coup qui sera longtemps le seul (condition qui en fait encore plus un groupe culte). Mais voilà que sorti de prison après 2 ans et demi passés derrière les barreaux, Ruben Rosas décide de redonner vie au monstre Texan. Viendra alors en 2005 un deuxième album tant attendu, Butcher The Weak.

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Février 2008
  

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Devourment
Ultra Guttural Brutal Moshing Death Metal
1999 - United Guttural Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (14)  8/10
Webzines : (4)  8.08/10

plus d'infos sur
Devourment
Devourment
Brutal Slam Death Metal - 1995 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Festering Vomitous Mass
02.   Posmortal Coprophagia
03.   Choking On Bile
04.   Molesting The Decapitated
05.   Self Disembowelment
06.   Fucked To Death
07.   Devour The Damned
08.   Shroud Of Encryption

Durée totale: 35'38

line up
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