Un nouvel album de Devourment, c'est un petit événement dans le landernau brutal death. Surtout depuis la reformation des Texans en 2005 qui a déclenché une nouvelle vague de groupes de slam, la plupart hilarants de médiocrité d'ailleurs. Après un
Butcher The Weak fort sympathique qui n'égalait cependant pas l'intouchable
Molesting The Decapitated, la bande de Mike Majewski revient donc avec le même line-up, toujours chez Brutal Bands et toujours depuis le même studio de Braxton Henry, ex-membre du combo. L'artwork, réalisé par deux des artistes les plus importants de la scène à savoir Dan Seagrave (le "maggot" mascotte de Devourment) et Pär Olofsson (le reste), donne déjà bien envie alors que la belle tribute à Wayne Knupp, premier chanteur de la formation décédé il y a deux ans, nous ferait presque tirer quelques larmes. Le souvenir de l'ultra puissant "Deflesh The Abducted" achèvera de nous mettre la bave aux lèvres...qu'on essuiera rapidement.
Même line-up, même studio et également même musique bête et méchante aux paroles ultra gores. Pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent en effet,
Unleash The Carnivore (quel titre à la con!) n'est qu'une suite moins inspirée de
Butcher The Weak. La recette est archi-connue, remâchée depuis des années et c'est sans réelle surprise que s'enchaînent les huit titres de ce nouveau full-length. Seul le riff plus aéré d'"Abomination Unseen" (à 0'58) fait figure de nouveauté. Ca et le sample de serial killer non plus placé en intro mais au début de la deuxième piste, wow! Un retour en arrière s'est par contre opéré au niveau du chant. On a ainsi le plaisir d'entendre Ruben Rosas vomir quelques vers ("Abomination Unseen", "Crucify The Impure", "Over Her Dead Body"), Chris "Captain Piss" Andrews s'adonnant lui à quelques backing vocals sur "Incitement To Mass Murder" (
Souuuuul). Le bassiste a d'ailleurs pris du galon puisqu'il a composé deux titres, le très brutal "Unleash The Carnivores" et "Incitement To Mass Murder".
Toutefois, les apparitions de l'ancien frontman s'avèrent plutôt décevantes et on peinerait à les déceler si le groupe n'avait pas eu la bonne idée de mettre ses paroles en rouge sur le beau livret dépliable. Heureusement, Mike Majewski a fait de gros progrès derrière le micro. Même s'il a abandonné les growls classiques qu'on pouvait entendre par moment sur
Butcher The Weak version 2006 et qui apportaient un peu de diversité, son chant se fait désormais plus putride, légèrement plus glaireux et un peu moins linéaire.
Bah oui, il y a quand même des bons trucs sur ce
Unleash The Carnivore certes décevant mais pas non plus bon à mettre à la poubelle. Le niveau de brutalité reste satisfaisant avec pas mal de passages blastés et même des gravity blasts ("Incitement To Mass Murder", "Deflesh The Abducted", "Field Of The Impaled") en dépit du son trop plastique/synthétique de la batterie du talentueux Eric Park. La production est dodue mais puissante et même si elle n'a plus ce grain crade typiquement underground de
Molesting The Decapitated elle fait quand même son petit effet. La basse se retrouve bien mise en valeur dans le mix et s'accorde même quelques échappées vrombissantes ("Fed To The Pigs", "Crucify The Impure", "Field Of The Impaled"). Et bien sûr, certaines slam parts bien lourdes et groovy s'avèrent assez jouissives pour qu'on esquisse quelques pas de danse ("Unleash The Carnivores", "Abomination Unseen", "Crucify The Impure", "Field Of The Impaled"). Après la bataille, quatre titres sortent du lot: "Incitement To Mass Murder", "Crucify The Impure", "Deflesh The Abducted" et "Over Her Dead Body" à l'intro rapide et brutale.
Le problème, c'est que le niveau de jouissance n'atteint jamais des sommets. Si
Unleash The Carnivore n'est pas dénué de séquences appréciables comme on vient de le voir, il n'en reste pas moins chiant dans l'ensemble. Riffs simplistes peu inspirés et pas assez variés, structures ultra classiques, morceaux qui traînent parfois en longueur: la sauce ne prend que trop rarement et l'opus ne décolle jamais vraiment. Ca me fait de la peine de le dire, les Américains, Mike Majewski en tête, étant très proches de leurs fans (je vous invite d'ailleurs à venir sur leur forum officiel, l'un des meilleurs boards brutal death du Net) mais
Unleash The Carnivore manque de génie, de ce qui faisait tout le charme de
Molesting The Decapitated.
Butcher The Weak souffrait du même mal mais s'avérait malgré tout très efficace. C'est confirmé pour ma part, Devourment est bien le groupe d'un seul album. D'où ma curiosité envers Meshiha, le tout nouveau projet de Brain, principal compositeur de l'album au gros tout nu sans tête, qui comprend également deux autres membres du gang de l'époque, Kevin Clark et Brad Fincher, et ce malgré la thématique chrétienne regrettable. Concernant Devourment, on espère que les bouchers texans seront un peu plus inspirés pour leur prochaine réalisation. Gardons espoir!
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