Vingt ans. Il y a vingt ans sortait
Molesting the Decapitated, premier album de Devourment et monument du metal extrême qui allait changer la face de l'underground. Pour le meilleur mais aussi souvent pour le pire. La scène voyait là la naissance, ou plutôt la "démocratisation", du slam death. Héritiers du son new-yorkais/East coast core sur les bords de la première moitié des années 1990, en particulier Internal Bleeding, Suffocation, Pyrexia, Scattered Remnants et Repudilation, les Texans allaient pousser le vice encore plus loin, repoussant davantage les frontières de l'ignominie mise en musique à grands coups de rythmiques lipidiques au groove putride et de borborygmes intestinaux vomissant les paroles les plus abjectes possibles. Si le reste de la carrière du combo de Dallas sera jonché d'embûches et que la formation n'a pas enthousiasmé grand monde sur ses deux dernières sorties
Unleash the Carnivore (2009) et
Conceived in Sewage (2013) plus typées brutal death générique, une chose reste certaine : Devourment a marqué à tout jamais le death metal.
Et il se pourrait bien que le gros ver texan parasite à nouveau bon nombre d'oreilles avides de brutalité sonore avec ce nouvel album
Obscene Majesty. Cela faisait bien longtemps que l'on n'avait pas été aussi hypé par un nouveau disque des Américains qui n'avaient rien produit depuis six ans. Pour tout un tas de raisons. En premier lieu le line-up qui a subi de profonds remaniements. Exit le chanteur Mike Majewski parti rejoindre l'ex-Devourment Brian Wynn chez Kill Everything, c'est Ruben Rosas qui lâche sa guitare et revient derrière le micro. Comme sur
Molesting the Decapitated. Au revoir aussi le batteur Erik Park et welcome back le cogneur d'origine Brad Fincher qui officie dans Meshiha, sorte de old-Devourment bis. Comme sur
Molesting the Decapitated. Chris Andrews passe lui de la basse à une guitare huit-cordes, laissant son instrument à Dave Spencer (Meshiha). Vous l'avez compris, on revient un peu à une configuration en mode
Molesting the Decapitated. Forcément alléchant, d'autant que d'autres éléments viendront nous mettre l'eau à la bouche comme le nom du producteur D. Braxton Henry, guitariste d'origine du combo, ou cette pochette superbe assez classe plutôt étonnante pour du Devourment et réalisée par le Serbe Stefan Todorović (chanteur de Gorgoroth).
Une seule écoute suffira pour comprendre que le bestiau est à la hauteur de toutes ces promesses. Bordel de couilles à putes que ce
Obscene Majesty est bonard ! Effectivement, Devourment n'a jamais été aussi proche de ce qu'il proposait sur son premier opus légendaire. Même si en termes de moyens et de maîtrise technique, on passe un peu de
Cannibal Holocaust à
Godzilla ! Ce qui marque au premier coup d'oreille, c'est le son. Ultra massif ! La guitare huit-cordes, la distorsion, les sans doute multiples couches de gratte, la basse imposante, sans parler de la batterie en mode bombe atomique, la production s'avère absolument gargantuesque. Les slam parts écrasent tout sur leur passage et les blast-beats sonnent du feu de Satan. Rien qu'avec ça, c'est l'orgasme assuré ! Bien sûr, le son ne fait pas tout. Pas de problème, Devourment a sorti l'artillerie lourde niveau compos et a clairement élevé son niveau de jeu. Les choses se révèlent en effet bien plus maîtrisées que sur
Molesting the Decapitated, en particulier en ce qui concerne la batterie qui sonne beaucoup moins chaotique avec des blast-beats tonitruants et quelques gravity-blasts frénétiques.
Obscene Majesty est moins extrême dans le son mais plus brutal, plus percutant, plus "mature" (regardez les titres de morceaux un peu plus "subtils" et moins ouvertement gores/misogynes). Notez bien les guillemets car malgré les progrès techniques, on reste dans un style de death metal ultra neuneu qui fera toujours vomir les fans de prog. Aucune véritable mélodie ici, on a affaire à de la pure rythmique. Une sorte d'alternance entre des blasts musclés et des slam parts aux riffs à deux notes souvent introduits par des bass drops qui font trembler les murs, avec par-dessus la voix ultra gutturale du très en forme Ruben Rosas, moins générique que celle de Mike Majewski, qui signe là un retour convaincant derrière le micro.
Obscene Majesty ? Ni plus ni moins qu'un mélange néandertalien entre brutalité primaire et groove de porc, celui qui fait bouger la tête lentement comme si tu écoutais du rap US ou qui te donne envie d'éclater tout un wagon. Les bas instincts, quoi ! On perd clairement vingt points de QI à chaque écoute. Et vu le nombre de fois que ce nouveau disque des Texans a tourné chez moi, j'ai dû tomber dans le négatif (déjà que je partais pas de bien haut) !
Alors oui, ce nouveau Devourment a plein de défauts. Style trop limité, pauvre et répétitif, longueur excessive pour le genre (plus de trois quarts d'heure !), impression d'entendre toujours le même riff sur les blasts, bass drops abusés, absence totale de mélodie, riffs puériles, chant de Rosas pas très varié et moins gloubi-boulga que par le passé.
Obscene Majesty perd aussi un peu de son impact au fil des écoutes alors que les premières collent l'auditeur en PLS. Mais ce sont peut-être bien ces malformations qui rendent l'œuvre aussi monstrueusement jouissive. Gros, gros kiff que ce
Obscene Majesty. Si l'opus s'avère en effet un poil longuet, chacun des dix morceaux a sa place et tape tellement fort que l'on ne s'ennuie jamais vraiment. De "A Virulent Strain of Retaliation" à "Truculent Antipathy" (malgré un final qui manque d'éclat), en passant par "Cognitive Sedation Butchery", "Arterial Spray Patterns", "Profane Contagion", "Sculpted in Tyranny" ou encore "Xenoglossia" en dépit d'un placement vocal assez bancal sur les blasts au démarrage, ce n'est que du bonheur pour les amateurs de brutalité mongoloïde et les cerveaux qui ont besoin de déconnecter. C'est bête et méchant et c'est ça qui est bon. Ces slam parts débilisantes au groove contagieux qui nous ramènent à l'état de larve, ces blasts maousse costauds qui donnent envie de se rouler par terre en agitant les pieds et cette production titanesque over-the-top, nom d'un foutre que c'est orgasmique ! Tu sais que c'est complètement con mais rien à faire tu tombes dedans. On n'avait pas vu Devourment à pareille fête depuis
Butcher the Weak (re-release).
Obscene Majesty fait encore mieux et se permet même de titiller l'indétrônable
Molesting the Decapitated. Si 95% de la scène slam death est à euthanasier, Devourment redore son blason en rappelant qui est le patron. Papa est rentré les enfants et il n'est pas du tout content !
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