Hour Of Penance - Pageantry For Martyrs
Chronique
Hour Of Penance Pageantry For Martyrs
Quand on pense à l’Italie et à ses groupes de métal, on ne peut pas dire que sa scène death soit la plus importante d’Europe. Les groupes de métal de la mort ne sont pas légion chez nos amis italiens pourtant il existe quelques groupes qui sont pour le moins extrêmes tels que Nefas (groupe assez underground et malheureusement méconnu), Bestial Devastation, Necrodeath (plus thrash et existant depuis longtemps) et certainement d’autres (vous excuserez mon manque de connaissance s’il en manque). Bref, autant dire que question brutalité, ce n’est pas avec du death italien qu’il y a de quoi être rassasié. Mais il se pourrait que les choses changent petit à petit avec un groupe au logo difficilement déchiffrable nommé Hour Of Penance.
Hour Of Penance s’est formé en 1999 comme un groupe de reprise de black-death. Mais à l’époque ce qui intéresse les 5 membres du groupes, c’est le brutal death US dans la veine de Nile, Suffocation et autre Hate Eternal. Le groupe écrit donc dans cette nouvelle optique et décroche un contrat avec Xtreem Music et sort son premier album, Disturbance en février 2003. Après une critique positive et les sempiternels changements de line-up, sort cette année, leur deuxième méfait intitulé Pageantry For Martyrs.
Il est clair que pour en arriver là, nos 5 furieux italiens ont beaucoup écouté leurs modèles. D’une part on sent la grande influence Hate Eternal dans la manière de distribuer les blasts. Le batteur a dû eclater une paire de peau de caisse claire à force de cogner de la sorte. Le son est très sec, moins acoustique que celui d’un Derek Roddy mais tout aussi efficace. On retrouve quelques éléments chers à Nile, surtout dans le chant, un growl très grave sans être trop guttural et surtout à des années lumières du « gruik gruik » de beaucoup de groupes de brutal death US. Et on sent que nos 2 guitaristes se sont shootés au Suffocation à haute dose. Les riffs sont alambiqués, ça tricote beaucoup, il suffit de tendre l’oreille pour se rendre compte que les riffs sont loins d’être banals.
Mais réduire Hour Of Penance à une pâle copie de ses influences serait une erreur qu’il serait tentant de commettre. Beaucoup d’éléments des groupes précités se retrouvent dans la musique du groupe mais on est loin d’un collage bête et méchant. Cet album se savoure dans la durée, au bout de plusieurs écoutes attentives. Je précise tout de même qu’il ne faut pas un doctorat en mathématique pour comprendre la musique jouée sur ce Pageantry For Martyrs mais ce n’est pas aussi facile d’accès que cela pourrait y paraître. En effet elle aussi peu avenante que son logo le laisse imaginer. La production pourrait être qualifiée de lourde : les guitares sont grésillantes, massives et dissonantes, la caisse claire fait très marteau-piqueur, et la basse assure une bonne cohésion.
Tout semble donc très compact mais aussi assez dense, alors que cet album fourmille de petits éléments qui lui donne toute sa saveur. Les riffs sont bien trouvés quoique parfois trop proches des groupes floridiens mais cela reste minime. Hour Of Penance fait partie de ce genre de groupe qui n’aime pas rester sur le même rythme trop longtemps un peu à la manière d’un Cryptopsy mais sans les passages tarabiscotés. On ne peut pas dire que les structures soient linéaires, on alterne entre breaks, contre-temps et autres accélérations foudroyantes d’où des compos parfois longues (pas trop non plus, on dépasse rarement les 4 minutes) mais absolument pas ennuyeuses. Une fois la chape de plomb formé par les guitaristes percées, on découvre une musique très agressive, ce qui est en partie dû à cette caisse claire qui est aussi sèche qu’un coup de trique, mais aussi d’une richesse et d’une densité intéressante.
Quelques breaks sont là pour varier les plaisirs mais aussi pour placer quelques solos intéressants même s’ils ne sont pas en très grand nombre et pas véritablement mis en avant, ce qui ne casse pas le morceau en lui-même. Le groupe sait aussi se faire imposant et d’une majesté morbidangelienne. Un morceau tel que « End Of Relief » et son intro fait penser à certains riffs que l’on peut retrouver sur Gateways To Annihilation. Le morceau est aussi lourd et sombre mais comme Hour Of Penance n’aime pas rester lent trop longtemps, s’en suit une accélération de derrière les fagots qui ne manquera pas de faire quelques dommages collatéraux et une fin jouissive, ni plus ni moins. Une autre excellente trouvaille est la rythmique thrash de « Naked Knife Absolution ». Un morceau très galopant, où la caisse claire mitraille telle une vieille kalachnikov rouillée mais qui fait toujours aussi mal et un break qui n’aura pas fait tache sur un album d’Hate Eternal.
Au final Pageantry For Martyrs est un cd défouloir à qui il faut laisser une chance car le death brutal et agressif d’Hour Of Penance se décortique et s’apprécie pleinement après quelques écoutes. Les ombres des fantômes nommés Suffocation & Hate Eternal planent autour de ce death bouillonnant et sauvage. Le seul reproche que l’on pourrait émettre et que par moment le groupe ressemble à s’y méprendre à ces aînés mais dans l’ensemble on ne tombe pas dans un plagiat de plus comme on pourrait s’y attendre, Hour Of Penance prend soin de propager sa vision de la brutalité à travers des riffs tranchants très fouillés et des compos variées et limpides. Avec un album aussi prometteur, on peut leur souhaiter de s’affirmer encore un peu plus et se détacher des influences états-uniennes, car si on continue sur cette voie, ce groupe peut aller loin. En tout cas, une excellente découverte pour cette année 2005.
| Scum 20 Décembre 2005 - 2381 lectures |
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