Tous les chroniqueurs vous le diront, ça fait un bien fou de chroniquer des merdes de temps en temps. C'est plus facile et plus rapide à écrire et on prend un plaisir même pas coupable à descendre des groupes sans talent. C'est dans cette idée que j'ai accepté de m'occuper du nouvel album de Hour Of Penance. Pour moi, les Italiens ne valent plus grand chose depuis deux albums et je ne voyais aucune raison que cela change avec ce
Regicide, deuxième disque pour Prosthetic Records. J'étais toutefois resté courtois envers
Paradogma et
Sedition en n'allant pas en-dessous de la moyenne. Mais les nouveaux extraits dans la lignée des sorties précédentes et les éternels changements de line-up (exit le bassiste Silvano Leone et le batteur Simone Piras, remplacés respectivement par Marco Mastrobuono et James Payne) m'avaient donné envie de démonter Hour Of Penance une bonne fois pour toute.
Finalement, l'exécution n'aura pas lieu. Non pas que je me dégonfle, j'aurais au contraire été heureux de dégommer une formation qui incarne tous les défauts du brutal death moderne.
Regicide s'avère en fait meilleur que ce à quoi je m'attendais. Ce, grâce à trois points principaux. Habitués à une production synthétique over-the-top avec batterie mécanique, les Italiens n'ont pour une fois pas choisi la démesure. Si le son propre et puissant reste très ancré dans ce qui se fait aujourd'hui, le fait que la caisse claire claque de façon à peu près naturelle me ravit. C'est le premier point qui m'a frappé. En résulte des blast-beats toujours nombreux mais plus savoureux et qui ont davantage d'impact. Autre bon point salvateur pour le combo, les riffs. Certains riffs du moins. On note dans l'ensemble une plus grande attention portée à ce secteur que sur un
Sedition bien pauvre en la matière. L'exemple le plus frappant, "The Sun Worship", renferme même quelques petites perles rapides et sombres. Le meilleur morceau de l'opus si on écarte les saccades finales tout sauf obligatoires. "Reforging The Crown", "Desecrated Souls", "Redeemer Of Atrocity" ou encore "Regicide" ne font pas tâche non plus. Troisième et dernier motif de satisfaction, une des rares qualités de
Sedition, à savoir le travail sur les mélodies, n'a pas été oubliée. Elle a même été développée. Mélodies de riffs, solos et autres leads, Hour Of Penance montre ici que quand il veut, il sait dégager du feeling. Quelques sweeps agiles prouveront aussi que les Romains ne sont pas manchots.
Hour Of Penance aurait-il donc enfin sorti un album intéressant en souvenir du bon vieux temps? Je n'irai pas jusque là. Car si les Transalpins ont rectifié le tir dans certains domaines, la plupart des défauts de
Sedition et
Paradogma gâchent encore l'écoute de
Regicide. Après tout, il suit la direction prise par le quatuor depuis 2010. On a ainsi toujours affaire à du arena death metal (l'intro samplée "Through The Triumphal Arch" l'annonce dès le début) qui sent très fort Behemoth. C'est à dire du death metal moderne qui joue davantage sur les artifices que le vice. Ça joue vite, ça blaste souvent, c'est propre, c'est carré mais ça manque encore trop souvent de substance, d'atmosphère et de passages vraiment marquants. Certains titres s'en sortent pas trop mal quand d'autres retombent dans les travers de la formation romaine,
Regicide faisant trop souvent le yoyo. Le sixième full-length des Italiens commençait d'ailleurs plutôt bien avec une intro courte qui donne le ton et deux morceaux efficaces avec des riffs corrects, des mélodies sympathiques et ce qu'il faut de blasts. La suite se fera malheureusement plus anecdotique jusqu'au septième titre, enchaîné par deux autres compositions satisfaisantes avant de finir sur une note négative par deux dernières pistes très moyennes. Le flow rapide du chanteur, autrefois source de jubilation intense, et la superposition sur-utilisée de vocaux moins growlés, ont tendance à vite me gonfler désormais. Trop linéaire, trop monocorde, trop convenu. Pareil pour ces rafales saccadées de grosse caisse. Aucun intérêt musical, juste une exhibition de muscles. Et Hour Of Penance, même sur les morceaux convenables, a tendance à répéter tout le temps le même schéma à base d'intro relativement calme sur laquelle la batterie s'échauffe à coups de descentes de toms et autres démonstrations (le nouveau batteur n'est pas mauvais cela dit et propose quelques plans intéressants), avant de balancer les blast-beats. Ça manque de surprise et ça devient vite redondant.
Au final, ce
Regicide aurait presque pu être une bonne surprise, surtout par rapport à ce qu'on pouvait attendre de ce groupe en perdition. J'avais d'ailleurs la main sur le flingue, prêt à dégainer. Hour Of Penance s'est un peu repris, a décidé de travailler davantage ses riffs, d'approfondir son côté mélodique et de mettre la pédale douce sur la production avec en particulier cette caisse claire qui claque et résonne. Son death metal sonne du coup un peu moins m'as-tu-vu et plus musical, à l'inverse de leurs compatriotes de Fleshgod Apocalypse qui s'enfoncent dans le brutal death hollywoodien grand-guignolesque. Un léger retour en arrière appréciable, faisant de
Regicide le meilleur album des Italiens depuis
The Vile Conception. Enfin plutôt le moins mauvais. Car malgré ces efforts louables, on reste encore loin du niveau de
Pageantry For Martyrs.
Regicide est donc un petit pas dans la bonne direction mais Hour Of Penance a encore beaucoup de travail pour retrouver grâce à mes oreilles. La preuve, la pochette reste encore la meilleure partie de l'album.
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