December Flower n’étant malheureusement plus, Fragments Of Unbecoming reste à mon sens l’un des derniers survivants du death mélodique « Deutsche Qualität » au côté des inépuisables Night In Gales. Estampillés eux aussi « second couteau » malgré des débuts chez Metal Blade et des galettes plus qu’honorables. Un style à part venant de cette contrée où le terme « death metal » prend tout son sens, un socle accrocheur suédois certes mais à la (très) grosse paire de « bälles». Cinq ans et demi ont passé depuis
The Art Of Coming Apart pour les discrets teutons, en cette année 2018 feu Cyclone Empire laisse place à Apostasy Records, label de plus en plus spécialisé en melodeath à l’ancienne (Ablaze My Sorrow, Night In Gales, This Ending). Comme une envie soudaine de mélo velu ? Je vous prescris une bonne dose de
Perdition Portal.
Fragments Of Unbecoming avait mis un pied plus prononcé sur le terrain death metal « testostéroné » après
Sterling Black Icon, louable mais perdant parfois en saveur et en intérêt pour ses premiers adorateurs. Sur ce
Perdition Portal c’est un retour à leurs prémices mélodiques sans fioriture, à savoir un death mélodique « nineties » brut de chez brut qui tend à agripper le tympan dès la première note, du « Crimson Melodic Death Metal Art » selon leurs dires. Poignées de tremoli aiguisés et mélodies death/black glaciales à la fibre d’antan (« Towards The Leaden Sky », le At The Gates burné « Shadowfathers » et son break à 2:50 ou l’imparable « All Light Swallowed » à 2:45) pour nous faire chavirer. Une efficience qui ne serait rien sans la violence dégagée à côté. L’atout principal, son grogneur. Le gaillard Sam mettra encore la fessée aux vils détracteurs se moquant du style de Göteborg. Des vocaux d’ogre (toujours épaulés des cris du guitariste et bassiste) qui à chaque album gagnent en grave, une mise en bouche savoureuse dès « Dismal » (ce break à 2:37 pour déboucher le siphon de l’évier).
Pour décupler ce « coup de pied au cul », des frappes de sourd et des blasts intenses qui tiennent désormais sur la durée (deux mesures et puis s’en va, défaut des premiers opus). Couplé aux vociférations gutturales et derrière un mixage sans faute de Kristian Kohlmannslehner (Aborted, Benighted), l’effet est immédiat… Mais non sans quelques baisses de régime. Les Allemands excellent dans le up-tempo « uppercut », les morceaux plus « modérés » « Golgotha », le titre éponyme ou « Treacherous Grounds » subiront quelques à-coups, redorés par une mélodie ou une montée en puissance. Des compositions binaires un peu trop « scolaires » après écoutes plus fines, cela manque de variations et de breaks impromptus. Cinq ans d’attente et presque vingt années de bouteille, on aurait apprécié un peu plus d’agréments comme sur l’intro sombre de « All Light Swallowed » ou le morceau final doomy « Calamity Choir », un peu bancal et maigre mais plutôt osé avec ses chœurs (assez inhabituel pour le genre). Dommage,
Sterling Black Icon aurait pu être égalé voire surpassé.
Perdition Portal remet Fragments Of Unbecoming sur les rails « death mélodique 90’s» et délivre surtout des morceaux plus mémorables. Vagues de riffs accrocheurs, grognements « gros paquet » et frappes de bûcheron, une recette rudimentaire mais imparable aux réminiscences d’un
Skywards et même de mon préféré (et découverte)
Sterling Black Icon. Mélodique donc mais toujours ancré dans un metal brutal « straight in your face » qui plaquera au sol les détracteurs du genre. On regrettera des morceaux mid-tempo peinant à capter notre attention et des compositions trop conventionnelles au regard de leur expérience. Mais le résultat escompté est là, merci encore pour ce moment « nostalgie velue ».
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