C’est fou comme un blind-test peut être révélateur. Vous savez, cet exercice auquel certaines publications (je pense notamment à Hard’n Heavy) soumettent les musiciens de diverses formations. Récemment Cristina et Andrea de Lacuna Coil ont été invités par le magazine précité à participer à ce petit jeu. Interrogés sur un morceau de Korn, les deux protagonistes avaient avoué adorer la formation de Backersfield. Déjà sollicitée il y a quelques années pour le même exercice, Cristina avait également concédé adorer le premier album de Linkin Park, mettant en avant la très bonne construction de leurs morceaux. Ca, c’était bien avant que les italiens ne voient leur album
« Comalies » se vendre comme des petits pains aux Etats-Unis en bénéficiant du succès inespéré d’Evanescence (groupe au répertoire assez similaire) dans cette contrée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet engouement a donné des idées à la formation transalpine. Car si
« Comalies » pouvait faire office d’album transition (toujours un peu Gothic-Mélodique, pas encore tout à fait Néo), « Karmacode », leur dernier album en date, franchit lui allégrement le fossé qui les séparait encore jusque là de ce qu’on appelle aussi le « Big Rock US ».
En effet, « Karmacode » se veut clairement formaté pour le marché US, lorgnant sans vergogne du côté de Korn et de Linkin Park (ça y est, vous voyez enfin où je voulais en venir). D’avis que le groupe y gagnera certainement en notoriété ce qu’il y a (grandement) perdu en personnalité. Car de ce qui faisait le charme du groupe à ses débuts (les excellents
« In a reverie » et
« Unleashed Memories ») il ne reste aujourd’hui, pour tout dire, plus grand chose hormis peut-être cette complémentarité vocale - une marque de fabrique du groupe - entre Andrea et Cristina qui perdure malgré tout (et encore ...). Car avouez quand même que Lacuna Coil, bien que taxé de suiveur de The Gathering à ses débuts, avait un style bien à lui et facilement identifiable. Aujourd'hui, où sont passés les arpèges en son clair poignants de
Falling Again? Quid des soli mélodiques qui collaient parfaitement aux compos comme sur
Cold? Et ces fines touches electro qui embellissaient des morceaux tels que
Cold Heritage? Disparus, volatilisés, éparpillés par petits morceaux façon puzzle comme aurait dit Bernard Blier. Tout ça pour laisser la place à des nappes de synthé baveuses (le vomitif
Closer et des riffs simplistes qu’on croirait issus de chutes studio du « Untouchables » de Korn (
To the edge,
Our truth). Ah ça, des arrangements à la Korn, on en bouffe. Entre la basse claquante bien présente dans le mix à la mode Fieldy, les riffs groovy estampillés Munky et le jeu de batterie calqué sur celui-ci de Silveria, rien ne nous est épargné. Quant aux couplets et refrains, et bien, c’est du Linkin Park tout chié, ni plus ni moins.
Franchement quelle frustration de voir un groupe qui fut si précocement talentueux renier ses racines au profit de ce Néo-Metal putassier et sans aucune personnalité. La tentation de tordre le cou à ce « Karmacode » est donc grande. Pourtant, je vais freiner un peu mes ardeurs. Pour moi qui suit le groupe et en suis fan depuis
« In a reverie », c’est album est assez indigeste et relève de la faute de parcours (ce qui, malheureusement, n’est certainement pas l’avis du groupe). Mais pour celui qui découvrirait le groupe et s’intéresse à la scène Néo-Metal, « Karmacode » ne peut être qu’un bon album. Logique. Tout y est tellement calibré pour que ça fonctionne que, forcément, au final, ça attire l’oreille : les compos sont énergiques et groovy, parfaites pour se défouler en live (j’en ai eu la preuve tout récemment) et les refrains s’imprègnent dans ton cerveau des la première écoute. En cela, l’album est très homogène et donc de bonne tenue.
Néanmoins, je ne pense pas qu’on puisse dire que l’approche de la composition sur « Karmacode » relève véritablement d’une démarche artistique. La notion de démarche commerciale serait à mon avis bien plus adaptée. De telles compositions sont, selon moi, à la portée de n’importe quel compositeur novice. Par contre, je ne pense pas qu’atteindre la richesse mélodique de la majeure partie des morceaux de
« In a reverie » ou
« Unleashed Memories » eut été permis à tout le monde. Lacuna Coil a fait son choix. Tant pis …
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