Peut-on vraiment en vouloir à Lacuna Coil pour son évolution ? Après tout, les Italiens n'ont fait que chercher un futur pour leur musique, probablement étouffés par le reflet que leur renvoyait leurs débuts. Certes, cette bouffée d'air pour eux n'a pas forcément reçu l'accueil escompté (et à juste titre) mais leur persévérance aura finalement payé. Il a donc fallu sacrifier deux albums dont l'indigeste
"Shallow Life" pour arriver à "Dark Adrenaline", un sixième effort à l'artwork néo/indus qui pourtant ne présageait rien de bon, la symbiose parfaite entre les différentes étapes de leur carrière.
Pour moi, Lacuna Coil n'a jamais cherché à être un groupe *profond* ou *recherché* et leur progression jusqu'à
"Comalies" témoigne indéniablement de cette volonté de proposer une musique directe et efficace qui accroche dès les premières écoutes.
"Karmacode" et
"Shallow Life" ne sont en fin de compte que des étapes plus ou moins réussies dans leur recherche du tube parfait ; le seul véritable changement intervient au niveau de l'atmosphère, moins dépressivo-nombriliste, plus mélancolico-teenager US. Si je comprends que l'on puisse être déçu par ce dernier point, c'est surtout la qualité du groove qui laissait à désirer depuis quelques années selon moi. Heureusement, le cauchemar s'arrête là, du moins pour le moment.
Histoire de ne pas faillir à une tradition discographique ancestrale, "Dark Adrenaline" s'ouvre sur le gros tube "Trip the Darkness", sorte de condensé de savoir-faire à l'italienne en matière de dualité vocale et de mélodies accrocheuses. Aucune surprise jusque là, Lacuna Coil a toujours su ouvrir ses albums ; malgré tout, on retrouve ici un groupe déjà plus hargneux et plus percutant que sur le premier titre de
"Shallow Life". Là où les choses se compliquent souvent, c'est l'enchainement avec la suite. On se souvient encore du très moyen "To The Edge
" ("Karmacode") et de l'affreux "I Won't Tell You
" ("Shallow Life") qui les avaient trahi par le passé... Mais il n'y aura pas de genou à terre, le rassurant "Against You" donne finalement le ton du programme à venir : le retour à un metal gothique plus sombre, plus mature, mieux dosé en tous points et notamment au niveau de l'électronique. Terminé la recherche et les expérimentations hasardeuses, le combo revient à ce qu'il sait faire de mieux et étonne par sa capacité à produire une musique sincère et touchante, capacité que l'on croyait définitivement perdu. L'ensemble se redensifie considérablement par la réapparition des guitares au centre de leur style, s'offrant même quelques solos par moments ; ce regain de puissance profite tout particulièrement à l'infatigable duo vocal Cristina / Andrea qui retrouve sa verve et sa connivence, même sur les morceaux les moins évidents tels que le mielleux "End of Time", un vrai petit couple.
Si l'on ne peut pas dire que "Dark Adrenaline" brille par son originalité, aucun réel faux pas ou faute de goût ne sont à déplorer, ce qui vu le contexte n'est pas si anodin. Excepté peut-être une petite baisse de régime en toute fin ("Fire", "My Spirit"), le groupe enchaîne des compositions parfaitement équilibrées entre puissance et émotions avec au passage quelques clins d'oeil à son passé (l'intro de "Give Me Something More") et propose des titres parmi les meilleurs de leur discographie tels que "Upsidedown" et "Trip the Darkness" ou encore "Intoxicated" dans lequel Cristina est méconnaissable. Les Italiens se sont fait également un petit trip en reprenant l'incontournable single de REM "Losing my Religion". L'appréciation du résultat variera sans doute en fonction de votre attachement à ce monument de la pop ; personnellement, j'ai adoré mais je suis assez friand des reprises metal en général. A l'exception de quelques riffs hachés qu'il conserve comme des cicatrices de ces dix dernières années, ce sixième album aurait donc presque pu prétendre à la succession de
"Comalies", une soudaine prise de conscience salutaire qui replace Lacuna Coil sur les rails. Il leur faudra maintenant trouver une nouvelle voie pour s'épanouir, ce qui vu l'album qui suivra, n'est pas forcément gagné.
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