Norma Jean - Redeemer
Chronique
Norma Jean Redeemer
A l’instar de mes chouchous de Between The Buried And Me (qui sont d’ailleurs potes avec le groupe en question), Norma Jean qui joue une musique (hardcore ici) riche, bien technique et déstructuré (Mathcore comme on dit), fait aussi parti de ces jeunes groupes prodiges qui en un seul album (Bless The Martyr, Kiss The Child) ont su se tailler un nom dans la scène. Lâché par leur bassiste et leur chanteur originel (parti formé The Chariot), le groupe chrétien (label oblige) orphelin recrutera pendant 2 ans de multiples chanteurs intérimaires pour leurs innombrables tournées. Ce n’est qu’en 2005 peu avant l’enregistrement de leur deuxième opus, qu’un dénommé Cory Brandan deviendra hurleur officiel et divisera complètement les fans (la faute aux hurlements faiblards et au chant clair). Avec un nouvel album produit par l’unique et cultissime Ross Robinson (inutile de le présenter ?), autant dire que ce Redeemer, malgré une sortie très proche du précèdent, était attendu par de nombreux fans (des deux camps).
Comme à l’accoutumé, Norma Jean livre un album copieux synonyme de « supplice » à décrire : une aubaine à chroniquer ! Place encore une fois à des influences multiples, des poignées de riffs ultra techniques, des structures de titres d’une complexité sans équivoque et ne suivant absolument aucun schéma assimilable. Effectivement compter un nombre incalculable d’écoutes avant de pouvoir imprégné ne serait-ce qu’une petite partie de Redeemer, c’est la chaîne hi-fi offerte par mamie qui va servir ! Le groupe de Géorgie continue dans le sens de O' God, The Aftermath : Norma Jean lève le pied et propose un hardcore beaucoup plus accessible… Préparez-vous à un chant clair limite « emo » très présent et à des passages mélodiques bien accrocheurs. Mis à part les très easy-listening « Blueprints For Future Homes » (premier clip de l’album sonnant très From Autumn To Ashes, pas très représentatif donc) et « Songs Sound Much Sadder », je rassure tout de même les auditeurs pris de convulsions : çà reste très sombre (il suffit d’écouter les paroles) et violent tout en gardant une lueur d’espoir. Traduction : passages hardcore torturés excessivement physiques pour les oreilles, suivis de passages atmosphériques et mélodiques mettant parfois bien avant le chant clair de Cory.
Vous remarquerez d’ailleurs les progrès assez frappant de Cory, que ce soit niveau hurlement ou au chant clair (« Songs Sound Much Sadder » est quand même bien osé !). On sent que mister Robinson qui en plus d’offrir une production magistrale (désolé mais ce son de basse me fait mouiller) a aussi tiré les musiciens vers le haut (comme à son habitude), chanteur compris. Difficile cependant d’imaginer un niveau de complexité et de technicité encore plus élevé que les précédents opus et pourtant… Norma Jean ajoute cette fois à sa musique un côté progressif qui offre un gain d’intérêt à leur style qui commençait à stagner. Ainsi c’est avec un réel bonheur qu’on se passera en boucle des titres comme « A Small Spark Vs. A Great Forest » (absolument splendide !), les breaks savoureux de « Like Simming Circles » et « Cemetery Like A Stage » ou encore le magnifique final Deftonien « No Passenger : No Parasite » ! Pour le reste hormis quelques jolies mélodies (et toujours le chant clair), on demeure dans une musique relativement extrême : Cory hurle à en cracher du sang par terre, des musiciens toujours aussi épileptiques, impossible à suivre et balançant des riffs et une rythmique à tout va !
On remarquera une fois de plus que groupe prouve son attachement pour les années 50-60 (Norma Jean ou le vrai prénom de Marylin Monroe), avec un artwork tape-à-l’oeil rappelant fortement un chef-d’œuvre d’Hitchcock. Certains adulateurs de Bless the Martyr, Kiss the Child devraient définitivement rayer de leur liste le nouveau Norma Jean (pleurant Josh Scogin), c’est vrai que l’ambiance unique « fin du monde » (à la Scarlet) et la prod modeste font assez contraste avec Redeemer…
Reste que le groupe nous livre un album qui rattraperait presque leur premier opus malgré quelques passages trop indigestes. Une très bonne galette donc, vivement conseillée aux auditeurs adeptes de musique extrême et progressive (ouverts au chant clair).
| Mitch 8 Novembre 2006 - 2508 lectures |
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