Cela fait quelques années déjà que, histoire de se démarquer de leurs voisins de caverne, certains groupes s'adonnant à la musique extrême se la jouent « orientale » pour épicer un peu le croque-monsieur métallique quotidien. A l'époque du « Athenian Echoes » de
Nightfall ou du « Sahara » de
Orphaned Land, on mettait les pieds dans un monde tout nouveau, la bave aux lèvres (amis du cunnilingus hardcore bonsoir) et l'oreille frétillante (dur à faire, mais possible avec de l'entraînement). Par la suite,
Nile a élevé le gimmick à un niveau « Master en Marketing Décibellique International », et les
Tristwood,
Burgul Torkhain, Nefas, voire
Behemoth se sont alors vautrés avec délectation (et plus ou moins de succès) dans ce presque nouveau genre à part entière qu'est l'ethno-metal extrême.
Melechesh, vous l'aurez deviné au vu de ce préambule longuet et du genre indiqué en haut à droite de la chro – ou alors vous êtes un peu longs à l'allumage les copains -, s'inscrit dans cette lignée qui mêle vocaux éraillés, trémolos arabisants, guitares qui taillent dans la bidoche et mélopées camphrées, le tout autour de thématiques mystico-mythologico-exotiques. Ce n'est d'ailleurs pas leur coup d'essai puisque « Emissaries » est déjà le 4e album du groupe – et ne me demandez pas de me livrer à des comparaisons, je ne connais pas ses prédécesseurs, Boouuuuh la honte oui je sais … Qu'est-ce qui distingue donc Melechesh de ses confrères brasseurs de gènes musicaux ? Et bien :
* ce n'est point une variante de death qui se voit ici couvrir d'arabesques chamarrées sorties des 1001 nuits, mais un black plutôt facile d'accès, avec une bonne prod' et une approche mélodique plutôt heavy metal (en ce qui concerne certains leads et rythmes en tout cas) qui le rapproche d'un Bewitched moins hargneux ou d'un
Diabolical Masquerade plus organique.
* la touche orientale n'est pas ici un vernis décoratif ou un prétexte à des intermèdes reposants, mais un élément structurant que même que si tu l'enlèves, t'as tout le château de cartes qui se casse la gueule
* niveau thématique, Melechesh se positionne sur le créneau suméro-mésopotamien (quoique ça devait aussi être le cas de Nefas si ma mémoire n'Alzheimerise pas trop), et nuance son propos d'influences musicales issues de la culture israëlique. Bon, refermons ici cette page culturelle un rien prétentieuse (non non, la page culturelle de Maison & Bimbo, vous pouvez la laisser ouverte bande de cyber-masturbateurs !!)
Le point à retenir de cette présentation du groupe, c'est que Melechesh ne se contente pas de faire des soli de Buzuk ou de Surbahar et de mettre des samples de muezzin au milieu d'une musique venant des fjords. Non, la musique du groupe suinte l'orient par tous les pores, rythmes et mélodies. C'est assez affolant d'ailleurs de constater comment, sur certains passages, le groupe se contente de moduler légèrement un riff heavy/black relativement classique ou de rendre une rythmique un brin chaloupée pour que l'on sente souffler le Sirocco malgré les froids coassements black et le mur de grattes qui bouillonne en fond sonore. Ces gars sont très forts à ce petit jeu, le secret semblant être qu'ils font ça naturellement, sans se forcer, ce qui donne au final une musique très aboutie, fluide, voire évidente.
L'ensemble des membres du groupe est très carré (oui je sais on tourne en rond avec ce genre de remarque !), les guitares leads et la batterie – toujours prête à varier le tempo – étant les éléments les plus évidemment brillants du lot. Je ne sais d'ailleurs si c'est cette dernière (la batterie) et sa savante bougeotte, ou bien la chaleur moyen-orientale qui en sont la cause, mais la musique délivrée par le groupe est en général très entraînante, voire dansante (écoutez-moi « Gyroscope » : c'est quasiment de la dance ethno-black !! J'a-dooooore, comme dirait l'autre !). Côté ambiances, Melechesh fait preuve d'une force évocatrice particulièrement efficace, aussi bien à travers ses mélopées enivrantes que par l'aspect épique de certaines compos (sur « Rebirth of the Nemesis », « Deluge of Delusional Dreams » et l' hymne « Emissaries and the mysterium magnum » …
Cross, Emissaries cross !!!!), l'utilisation de chœurs à la
Orphaned Land et d'instruments à la saveur locale prononcée. On baigne donc tout le long d' « Emissaries » dans une délicieuse ambiance mystico-exotique tendance evil.
Je ne vois pas grand-chose à redire à cet album qui allie mélodie, force évocatrice, entrain et originalité ainsi qu'un très bon son et une technique sans faille (à mes oreilles de néophyte du moins). Tout juste peut-on imaginer que les blasés des métissages musicaux et ceux qui n'apprécient le black que dans son expression la plus pure (« black » et « pure » ?? :) ) feront éventuellement la fine bouche. Les autres allez-y, c'est du tout bon.
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